Bulletins

Bulletin de la séance du 28 septembre 2016

L'Assemblée a élu son nouveau président en la personne de M. Dominique Belin, professeur à la Faculté de médecine.

M. Romain Boillat, étudiant au GSI, a été élu vice-président.

La Loi prévoit que tous les quatre ans l’Etat et l’Université négocient les objectifs assignés à celle-ci et les modalités qu'elle entend mettre en œuvre pour les atteindre.
Ces éléments sont consignés dans une convention d’objectifs quadriennale qui comprend les indemnités, les subventions d'investissements et les autres engagements à charge de l’Etat.
Le Rectorat a présenté l'état actuel de la troisième convention en cours d'élaboration ; l'Assemblée s'est particulièrement intéressée aux objectifs et indicateurs, estimant que la pertinence de ceux-ci laisse souvent à désirer.
Elle a apporté un préavis favorable à la convention en l'état.

Le Rectorat a également présenté son projet visant à augmenter les émoluments versés par les personnes désirant s'immatriculer à l'Université, et à ne plus les rembourser même si les dossiers soumis sont corrects.
Ce projet a été critiqué : les conditions matérielles des étudiant-e-s seront rendues plus difficiles alors que beaucoup rencontrent des difficultés grandissantes, en matière de logement notamment.

M. Romain Gauthier, étudiant à la Faculté des sciences de la société, a été désigné comme représentant des étudiant-e-s au conseil de fondation de la Cité universitaire.


Allocution de M. Gregory Meyer, ancien président de l'Assemblée, au Dies academicus 2016

Mesdames, Messieurs,

J’ai eu le privilège et le plaisir de présider l’Assemblée de l’Université durant deux mandats jusqu’en septembre dernier ; assemblée de 45 membres élus représentant les professeurs, les collaborateurs de la recherche et de l’enseignement, les étudiants, le personnel administratif et technique issus de l’ensemble des facultés de notre institution.

Privilège que de participer au fonctionnement et à la politique de notre université avec les représentants engagés de celles et ceux qui la font et la vivent ; plaisir également de constater grâce à nos débats et nos réflexions sa diversité, la richesse de ses formations, de la recherche, ses liens avec notre cité, bref ses réussites.

Bien sûr, les difficultés et les défis ne manquent pas, particulièrement en ces temps d’austérité.

La tentation est d’autant plus grande de comprendre notre institution uniquement en terme comptable et de l’enfermer dans des logiques technocratiques, puisqu’après tout, notre jargon a bien intégré et reproduit les notions de marché académique, de production scientifique, d’impact de la recherche ou d’impact des publications.
Pensons aux rankings, ces classements internationaux des universités, largement critiqués pourtant beaucoup cités, désormais systématiquement relayés dans la presse. Nous-mêmes, enseignants et chercheurs, sans être dupes, sommes friands de voir combien de places nous avons gagné pour nous satisfaire un peu trop vite de notre sacre annuel.

Pourquoi bouder notre plaisir ? L’Université de Genève caracole parmi les meilleures universités mondiales.

Hélas, des pans entiers de nos activités scientifiques et pédagogiques n’y sont pas ou trop peu intégrés. A commencer par l’enseignement, notre première mission essentielle. Nombreuses sont les disciplines, si importantes pour notre université humaniste et polyvalente, qui ne s’y retrouvent pas : les humanités en général et une partie des sciences humaines et sociales. Fait accentué par le recours de plus en plus systématique et exclusif, parfois biaisé, à la bibliométrie qui se réfère aux citations d’articles dans les revues cotées, au détriment de disciplines dont le modèle reste celui du livre et de l’usage varié des langues face à l’anglais académique.

Ces classements partiels et partiaux n’auront que la place que l’on veut bien leur donner.

Enfin, la relation de notre université avec l’État, dans le cadre de l’autonomie voulue par la loi, liée par une convention d’objectifs négociée, plan pluriannuel qui définit des objectifs évalués par des indicateurs quantifiables, m’a toujours laissé perplexe.

Si l’Assemblée a toujours voté et appuyé ces conventions (nous en sommes à la troisième), ses membres ont par ailleurs débattu de la pertinence des indicateurs dans lesquels nous ne reconnaissons pas vraiment et qui nous semblent très souvent abscons.

Les objectifs inscrits dans ces conventions sont louables et l’université, elle, entend les respecter et les suivre sincèrement et scrupuleusement. Cependant je m’interroge encore de la volonté du législateur et des experts de cette loi de mettre entre nous et notre république cet exercice à bien des égards très formel, bureaucratique et qui donne à notre beau travail un visage si gestionnaire.

Le risque est grand, en effet, que les critères quantifiables ne servent plus à vérifier si des objectifs sont atteints ou si quelques places sont gagnées dans quelques rankings, mais que les objectifs ne soient eux-mêmes plus à la mesure de vraies ambitions, autrement dit que nos seules ambitions soient de performer dans des classements et de contenter au mieux des critères imposés.

Selon notre nouvelle constitution et la loi sur l’université, notre institution contribue au développement de la vie scientifique, culturelle, économique et sociale de la collectivité. Comment le mesurer ?

Car à trop vouloir quantifier la richesse d’une institution comme la nôtre, on finira par l’appauvrir.

La seule mesure qui vaille est celle de l’investissement de tout un chacun et chacune dans notre institution qui concourent à l’édification d’une université libre, démocratique, critique, experte et ambitieuse au sein de sa cité, ouverte sur le monde et pour le bien de nos sociétés.