Le projet

Lire les Lumières

1. État de la recherche

Inactualité des Lumières ? Ou plutôt actualité des Lumières ? Mais enfin, « qu’est que les Lumières ? ». Dépuis la réponse de Kant par les mots d’Horace « sapere aude », cette question n’a cessé de convoquer les interprètes.

Philosophie d’un siècle qui se désigne par l’image de la lumière et se déclare en sa signification globale à partir de son lexique, la philosophie des Lumières s’impose à la réflexion contemporaine comme une référence incontournable, s’articulant à plusieurs perspectives d’étude – l’histoire, la, philosophie, la littérature, les arts, l’herméneutique - qui en mobilisent l’image et en pluralisent les lectures.

Recherche historique, réflexion théorique, critique et anthropologie philosophique, discours sur la méthode : toute la philosophie des Lumières est impliquée en ces analyses. En raison de la polysémie du terme qui, dans l’histoire, désigne les Lumières comme une époque déterminée, mais qui, dans la sociologie et la philosophie, indique aussi une gamme bien plus vaste de changements spirituels, les études sur l’actualité des Lumières se révèlent complexes et transversales : les Lumières caractérisant à la fois en nom propre - Lumières - la pensée d’une époque déterminée - les Lumières du XVIIIe siècle -, et en nom commun - lumières - les transformations générales de la conscience qui affectent la vie humaine et entraînent tous les individus dans la dynamique de la raison.

En assumant avec Ernst Cassirer (15) et Hans Blumenberg (8) la spécificité, la consistance et l’originalité de la culture philosophique des Lumières contre le jugement négatif de Hegel, les interprétations plus récentes (v. note bibliographique) ont investi la philosophie - ou plutôt les philosophies - des Philosophes par un double intérêt historique et théorique : par la définition d’une philosophie par figures et par une enquête sur les diverses idées – la nature, l’homme, la raison, le droit, les arts, … - qui émergent dans les ouvrages des Philosophes et soutiennent leurs réflexions, sans oublier cette histoire de la culture et de la civilisation qui traverse les différents champs disciplinaires (17).

Les études contemporaines sur les Lumières ont ainsi opéré selon une stratégie de recherche et une instance de méthode inspirées de la philosophie même des Philosophes qui est une philosophie plurielle, à la fois lumière de l’esprit et lutte philosophique : qui se pose comme force de la raison et savoirs de choses et s’impose comme critique de la superstition et de l’ignorance ; qui agit les diverses attitudes de « l’amour de l’humanité », de l’action éclairée et de la conversation savante, et se réalise comme engagement militant pour la raison.

Ainsi, les interprétations plus récentes ont fait émerger une nouvelle image de la philosophie et de la culture des Lumières, bien plus complexe que dans le réfus hégelien ou dans l’emphase révolutionnaire ou dans la stérilisation de la part de cette tradition qui va de Weber à Horkheimer à MacIntyre : qui ne se solidifie en aucun corps systématique de théories, ne se réduit nullement à l’idéologie du progrès ou de la raison abstraite (62, 63), mais s’appelle à une théorie de la vérité pour l’homme (11, 33), s’écrit dans les programmes d’une raison éclairée au service de l’humanité (36, 47), développe et protège l’esprit critique (80, 28) : dans un équilibre difficile entre rhétorique et philosophie, défense de la tradition et affirmation des nouvelles responsabilités, nostalgie du passée et projets pour le futur.

L'activité du groupe Lire les Lumières s’inscrit alors dans cette double perspective herméneutique et philosophique:

  • d’analyse des interprétations contemporaines principales de la philosophie et de la culture des Lumières ;  
  • d’étude des figures de Philosophes, par rapport à la lettre de leurs textes et au programme de leurs actions.

Interprétations des Lumières

A partir de la « réévaluation » de la philosophie des Lumières opérée par W. Dilthey (21), qui retrouvait dans les textes de Voltaire et de Hume un nouveau concept de l’histoire, on lira dans l’œuvre de E. Cassirer (14) cette interprétation des doctrines des Philosophes comme la version d’une idée de philosophie qui « représente l’esprit comme un tout dans sa pure fonction de sa méthode et de ses procédures de connaissance », sans négliger la lecture de la « crise de la conscience européenne » décrite par Paul Hazard (42).

Le groupe d’étude ne négligera pas portant la célèbre « querelle des Lumières », avec la critique radicale de Max Horkheimer et Theodor Adorno (42) et les observations de Lucien Goldmann (36) sur les Lumières comme étape décisive dans l’histoire de la pensée bourgeoise. Mais seront aussi objets d’études les amples tableaux historiques tracés par Franco Venturi dans ses ouvrages désormais classiques (86), les analyses disciplinaires des savoirs du XVIIIe siècle (1, 6, 17, 21, 41, 56, 63, 85, etc.), jusqu’au discours sur l’épistème de l’âge classique proposé par Michel Foucault (30). Jusqu’à cette définition de l’ « esprit des Lumières » que donne Tzvetan Todorov (84). Jusqu’à l’interprétation par Hans Blumenberg (8) qui lit la philosophie des Lumières comme un ensemble organique de concepts et d’images plurielles et comme un processus intellectuel ouvert à des changements divers, mais organique au programme philosophique de légitimation et de défense de la raison moderne.

Figures de Philosophes

Si tous les commentateurs s'accordent à admettre que Voltaire et Rousseau constituent les deux principales figures des Lumières, nul ne s'est encore vraiment attardé sur la béance constituée par la rareté des études de réception synthétiques qui leur sont consacrées. Nous entendons par ce terme de réception les différentes lectures qui peuvent être faites des textes de ces deux écrivains : études qui peuvent se disperser dans le temps et s'organiser selon un axe chronologique, véritable révélateur d'idéologies intéressées à exploiter cette forme particulière de patrimoine intellectuel, mais qui concernent également la manière dont Rousseau et Voltaire sont lus en dehors du contexte culturel qui les a produits : pourquoi Rousseau est-il lu avec avidité au Japon et Voltaire en Chine ? Ce sont ces deux orientations (lecture verticale située dans la droite ligne du temps et lecture horizontale appelée à toucher d'autres horizons géographiques) qu'il s'agit, dans cet état des lieux préliminaire, d'examiner tour à tour.

Rousseau est apparemment le mieux servi des deux écrivains. Raymond Trousson a ainsi réédité sous forme d'anthologies de nombreux textes relatifs à la lecture du philosophe (Défenseurs et adversaires de Jean-Jacques Rousseau. D’Isabelle de Charrière à Charles Maurras, Paris, Champion, 1995, 326 p. ; Jean-Jacques Rousseau jugé par ses contemporains. Du Discours sur les sciences et les arts aux Confessions, Paris, Champion, 2000, 640 p. ; Jean-Jacques Rousseau. Miroir de la critique. Textes réunis par R. Trousson, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2001, 632 p.) et produit de nombreux articles relatifs à plusieurs personnalités d'envergure, toutes lectrices, quelquefois en mauvaise part, de Rousseau: Adolphe Franck (« Rousseau et l’Université sous le Second Empire : Adolphe Franck critique de Jean-Jacques Rousseau » dans Jean-Jacques Rousseau, politique et nation éd. par R. Pomeau, T. L’Aminot, A. Stroev, R. Thiéry. Paris, Champion, 2001, p. 451-459), Mme de Genlis (« Mme de Genlis et la propagande antiphilosophique », dans Robespierre & Co. Atti della ricerca sulla Letteratura francese della Rivoluzione diritta da Ruggero Campagnoli (Bologne, 5-7 nov. 1987), Bologna, CLUEB, 1988, t. 1, p. 209-243), le musicien Grétry (« Grétry, admirateur de Rousseau », dans Livres et Lumières au pays de Liège (1730-1830), éd. par D. Droixhe, P.-P. Gossiaux, H. Hasquin et M.-Mat-Hasquin. Liège, Desoer, 1980, p. 349-363 et dans Défenseurs et adversaires de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Honoré Champion, 1995, p. 107-120) ou encore Lamartine (« Lamartine et Jean-Jacques Rousseau », Revue d’histoire littéraire de la France, septembre-octobre 1976, p. 744-767 et dans Défenseurs et adversaires de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Champion, 1995, p. 121-148). La liste serait longue des cas individuels brièvement traités par un chercheur certes éminent mais qui n'est jamais parvenu, tant le chantier était vaste, à esquisser les lignes de force d'une réception éminemment problématique.

Différentes strates chronologiques ont de même été explorées, s'agissant des lectures de Rousseau, mais avec à chaque fois un a-priori critique ou méthodologique qui limitait nécessairement la perspective. Les trois ouvrages de référence restent à ce titre la thèse de Jean Roussel, Jean-Jacques Rousseau en France après la Révolution : 1795-1830 (Publications de la Sorbonne, Paris, Armand Colin, 1972, 589 p.), l'ouvrage de Jacques Mounier, La fortune des écrits de J.-J. Rousseau dans les pays de langue allemande de 1782 à 1813 (Publications de la Sorbonne, Paris, Presses Universitaires de France, 1980, 342 p.) et la volumineuse thèse de Tanguy L'Aminot, Images de Jean-Jacques Rousseau de 1912 à 1978, The Voltaire Foundation, Oxford, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century n°300, 1992, 798 p. Jean Roussel, qui choisit comme limites chronologiques ce qu'il nomme « deux failles de l'histoire générale » (p. 7), à savoir les lendemains de la chute de Robespierre et l'avènement des Trois Glorieuses, place d'emblée son étude dans la lignée des travaux déjà anciens de Daniel Mornet (Les origines intellectuelles de la Révolution française, Paris, Armand Colin, 1933), André Monglond (Histoire intérieure du préromantisme français de l'abbé Prévost à Joubert, Paris, Corti, 1968) et Auguste Viatte (Les sources occultes du romantisme, Paris, Champion, 1928) et concentre son propos sur la dynamique anti-révolutionnaire des nouveaux « lecteurs » de Rousseau ou son lien à la vague romantique. Tanguy L'Aminot choisit de son côté de s'intéresser aux commémorations du vingtième siècle susceptibles, selon lui, de révéler, à un moment donné de l'histoire et dans un contexte historique et politique particulier, la part « rousseauiste » de notre inconscient collectif.

C'est encore Tanguy L'Aminot qui a développé, ces trente dernières années, une importante recherche sur les lectures faites de l'œuvre de Rousseau en terres lointaines, avec une prédilection pour l'Extrême-Orient (« Jean-Jacques Rousseau chez les samouraïs : Nakae Chômin », Études Jean-Jacques Rousseau, 1, 1987, p. 37-69 ; « La crue d’automne : Kôtoku Shûsui », Études Jean-Jacques Rousseau, 2, 1988, p. 177-182 ; « Rousseau au Viêt Nam. Tố Tâm et La Nouvelle Héloïse », Études Jean-Jacques Rousseau, 17, 2007-2009, p. 167-189). On peut dire avec une quasi certitude que c'est de la naissance de la revue Études Jean-Jacques Rousseau que date la prise de conscience de l'importance des études de réception, lesquelles, au même moment, se sont développées de manière significative en Italie : c'est qu'il s'agissait d'évaluer les mouvements politiques qui ont égrené l'histoire de ce pays à la lumière des théories contractualistes et, plus précisément, de l'œuvre de Rousseau (voir à ce sujet Gilles Bertrand et Enzo Neppi, I Lumi e la Rivoluzione francese nel dibattito italiano del XX secolo [Les Lumières et la Révolution française dans le débat italien du XXe siècle], Atti del convegno internazionale di studi, Musée de Révolution française, Vizille (Isère), 27-28 settembre 2007).

On citera enfin, pour en finir avec le citoyen de Genève, les trois événements qu'ont récemment constitué la publication des ouvrages de François Jacob (La Cité interdite : Jean-Jacques Rousseau et Genève, éditions Slatkine, 2009) et Guillaume Chenevière (Rousseau, une histoire genevoise, éditions Labor et Fides, 2012), celle, par Gauthier Ambrus et Alain Grosrichard, du catalogue de l'exposition consacrée à la réception de Rousseau et présentée conjointement à la Bibliothèque de Genève, à la Fondation Martin Bodmer et à l'Institut Voltaire (« Vivant ou mort il les inquiètera toujours. » Amis et ennemis de Rousseau (XVIIIe-XXIe siècles), éditions inFolio, 2012) et enfin le colloque organisé en juin 2012 par la Société Jean-Jacques Rousseau et lui aussi intitulé Amis et ennemis de Jean-Jacques Rousseau : deux volumes (LII et LIII) des Annales Jean-Jacques Rousseau seront prochainement consacrés à la publication des actes.

Les choses se présentent en apparence beaucoup moins bien pour Voltaire. Il dispose certes de la même anthologie de textes critiques signée Raymond Trousson (Voltaire, Mémoire de la critique, 1778-1878, Paris, Presses Universitaires de Paris Sorbonne, 2008) mais n'est généralement étudié qu'en lien avec d'autres philosophes des Lumières, qu'il s'agisse de Rousseau, encore une fois (R. Trousson, « Voltaire et Rousseau chez les Goncourt », Studia Universatis “Babes-Bolyai”, XLII, 1, 1997, p. 139-148 ; Michel Delon, « 1878 : un centenaire ou deux ? », Annales historiques de la Révolution française, 234, octobre-décembre 1978, p. 641-663) ou de Montesquieu (V. Otto, « Le siècle de Voltaire et de Montesquieu : aspects du canon littéraire des Lumières françaises dans les manuels scolaires allemands du XIXe siècle (1789-1917) », dans L'Allemagne et la France des Lumières, Paris, Champion, 2003, p. 149-164). La seule tentative de synthèse émane encore de Raymond Trousson (Visages de Voltaire, XVIIIe-XIXe siècles, Paris, Champion, 2001, 460 p.) mais se compose d'études ponctuelles dont la succession ne fait pas forcément sens : sont ainsi tour à tour abordés l'abbé Barruel, Stendhal, Lamartine, Michelet, Delacroix, Auguste Comte ou encore Louis Blanc, sans qu'un lien organique s'établisse ou que le choix même de ces auteurs soit réellement justifié.

Les lectures « étrangères » de Voltaire semblent se concentrer dans deux directions : la Chine et la Russie, ce qui n'est guère étonnant, compte tenu d'une part de l'intérêt que Voltaire avait toujours manifesté pour l'Empire du Milieu et d'autre part du transfert de sa bibliothèque à Saint-Pétersbourg où elle a nourri, deux cent cinquante ans durant, et y compris sous l'ère soviétique, de nombreuses études. On consultera pour la Chine l'article de Jin Lu, « La réception de Voltaire en Chine avant 1949 », dans Revue Voltaire n°8, 2008, p. 391-411, et pour la Russie l'important ouvrage de Piotr Zaborov, Voltaire dans la culture russe, avec les soins de Georges Dulac, traduction de Marina Réverseau, revue par Jacques Prébet, Ferney-Voltaire, collection Archives de l'Est, Centre International d'étude du XVIIIe siècle, 2011. On trouve enfin de nombreux articles relatifs à la lecture de Candide ou du théâtre de Voltaire à une époque ou dans un lieu donnés (Arzu Etensel Ildem, « Traductions et réception de Candide dans l'Empire ottoman et en Turquie », dans Cahiers Voltaire n°9, 2010, p. 71-82 ; Tomoko Takase, « Voltaire au Japon, ou Candide en Extrême-Orient au XXIe siècle », Cahiers Voltaire n°9, 2010, p. 83-90).

Si l'activité du groupe Lire les Lumières est appelée à se concentrer sur les deux figures majeures de Voltaire et Rousseau, il n'en faut pas moins considérer la vitalité de ce que plusieurs critiques s'obstinent à nommer « l'esprit des Lumières » et qui participe davantage d'un questionnement idéologique sur le phénomène des Lumières que d'une véritable interrogation philosophique ou d'une prise herméneutique pertinente. Il convient donc de ne pas négliger certaines publications telles celle qu'a dirigée Nicolas Weill, L'esprit des Lumières est-il perdu ?, 18e forum Le Monde, Le Mans, 17 au 19 novembre 2006, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, ou les écrits récents de Jean-Claude Michéa (L'enseignement de l'ignorance, Climats, 1999, rééd. 2006 ; La double pensée : retours sur la question libérale, Champs Essais, Flammarion, 2008). On s'interrogera par ailleurs sur la présence accrue d'études relatives aux anti-Lumières ou à la contestation de leur héritage : outre l'ouvrage fondamental de Zeev Sternhell, Les anti-Lumières : une tradition du XVIIIe siècle à la guerre froide récemment réédité (Paris, Gallimard, 2010), on consultera Les phiosophes des Lumières dans la France des années noires : Voltaire, Montesquieu, Rousseau et Diderot : 1940-1944 de Pascale Pellerin (Paris, L'Harmattan, 2010).

2. Plan de recherche

La recherche proposée par les requérants dans le cadre de leur Doctorat ou de leurs activités ultérieures ne peut en premier lieu qu'aider à une meilleure compréhension de la manière dont l'enseignement des Lumières a été reçu, compris, propagé.

Cette recherche s’organise sur deux axes : interprétations des Lumières ; figures de Philosophes

Interprétations des Lumières

Les participants se proposent d’étudier les interprétations contemporaines des Lumières dans le cadre d’une historiographie philosophique qui sache détecter la complexité des savoirs du XVIIIe siècle (la doctrine du droit, la philosophie et la théologie, la médecine), en en valorisant les efforts de constitution dans le cadre d’une nouvelle encyclopédie tout anthropologique, mais en en soulignant aussi les transgressions disciplinaires, les réseaux des renvois, les échecs et les incertitudes de la philosophie des Lumières, impliquée en ses propres difficultés et articulée aux éléments de sa crise : alors que la découverte de l’histoire de la raison, qui permet de célébrer le primat du « siècle philosophique », arrive en même temps à dessiner sur les excès de la science une forme nouvelle de la scepsis qui n’investit pas tellement l’idée d’une vérité à atteindre, mais, plutôt, le sens même de la prétention au domaine de la vérité.

Figures de Philosophes

Les recherches ciblées, s'agissant des différents groupes de travail, sur Voltaire et Rousseau, ne doivent évidemment pas faire perdre de vue la lecture faite, deux cents ans durant, des « Lumières » conçues comme un bloc organique. Comment cette lecture s'inscrit-elle dans l'Histoire ? N'est-il pas temps de relire, dans une optique critique, les travaux de Cassirer ? Comment comprendre le lien des Lumières au libéralisme -celui de Constant tout d'abord, celui des penseurs du marché global par la suite ? Quelle part réserver au prisme idéologique dans lequel s'est forgée, pour une bonne part, l'interprétation des Lumières ?

Autant de points de vue différents, d'angles d'attaque dont il s'agira d'abord d'offrir une vue synoptique. Trois séries de journées d'étude permettront dans un premier temps de faire le point, avec les meilleurs spécialistes, sur les réceptions combinées de Voltaire, Rousseau, et des autres penseurs des Lumières. La première d'entre elles, organisée en collaboration avec l'Institut Voltaire et appelée à se dérouler aux Délices, couvrira une période ou une thématique spécifiques de l'héritage voltairien. La deuxième, consacrée à la réception de Rousseau, sera organisée en partenariat avec la Société Jean-Jacques Rousseau et se situera dans le prolongement direct des travaux déjà engagés à l'occasion des fêtes du tricentenaire de la naissance du philosophe, en 2012. La troisième enfin, qui prendra place à l'Université de Genève, s'attardera sur les grandes figures des Lumières avant se d'interroger, en lien avec le groupe A (« Interpréter »), sur ce qu'ont produit non les Lumières elles-mêmes, mais ceux qui les ont lues : cette dernière série fera corps avec les activités du Groupe d'Étude du Dix-Huitième Siècle fondé, on s'en souvient, par Jean Starobinski, Alain Grosrichard et Bronislaw Baczkó.

Le travail de fond consistera à établir une banque de données destinée à nourrir les investigations en cours : traductions, études lointaines, synthèses, textes sources, recensement de tous les groupes de recherche intéressés, de par le monde, par la réception des Lumières, qu'elle concerne un auteur particulier (on songe ici aux travaux de Luis Britto Garcia et de son équipe) ou leur héritage pris dans son ensemble (en quoi et pourquoi certaines conclusions des partisans de l'Action Française et autres lecteurs de Maurras se rapprochent-elles ainsi de certaines constatations émises, voici vingt-cinq ans , par les situationnistes ?) Cette banque de données est appelée à évoluer pour devenir, une fois qu'auront été clairement identifiés ses objectifs et ses modes de fonctionnement, une plateforme interactive susceptible d'aider à la réalisation des travaux des autres groupes avant d'être, en fin de parcours, proposée au public.

Nous proposons enfin l'organisation de plusieurs colloques internationaux à Bologne et Genève. Le colloque de Bologne sera consacré à la réception italienne des Lumières aux dix-neuvième et vingtième siècles, depuis l’opposition aux idées pédagogiques, sociales et politiques de Rousseau qui s’est répandue en Italie à la fin du XVIIIe siècle, surtout dans les milieux ecclésiastiques, donnant naissance à l’image d’un Rousseau « révolutionnaire, ennemi du trône, de l’autel et des bonnes mœurs » (Francesco Alberti) jusqu'à la lecture « républicaine » des Lumières au moment de la construction de l'identité nationale italienne. Le colloque de Genève, intitulé Herméneutique des Lumières, se veut une conclusion des travaux des quatre équipes engagées dans le processus : il s'ouvrira à des problématiques appelées à prolonger les études initiées durant ces trois premières années.

3. Bibliographie

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