2002

Programmes de collaborations IRIS? - Interview d'Antoine Bailly

Les collaborations entre universités de Genève et de Lausanne donnent un coup d'accélérateur à l'approche pluridisciplinaire

Près d'une année après la signature des accords de collaboration entre les universités de Genève et de Lausanne, le programme commun aux deux hautes écoles en sciences humaines et sociales, intitulé projet IRIS, est entré en phase de réalisation. Le point de la situation avec Antoine Bailly, président de la section des sciences sociales et représentant de l'Université de Genève au Comité de pilotage du Pôle des sciences humaines et sociales du programme de collaboration.

Une année bientôt après la signature des accords de collaboration avec l'Université de Lausanne, y a-t-il déjà des groupes de recherche constitués?
Antoine Bailly: Le programme IRIS a effectivement démarré. Après nous être mis d'accord sur un programme scientifique, approuvé en décembre dernier par les recteurs des universités de Genève et de Lausanne et le Président de l'EPFL, nous avons défini 10 projets et nommé leurs responsables. D'autres nominations sont en cours ce printemps. L'ensemble des projets devraient donc trouver leur rythme de croisière à partir de la rentrée académique 2002-2003.

Quels ont été vos critères pour le choix du contenu des projets?
Nous avions d'emblée décidé de mettre l'accent sur une thématique actuelle: intégration, innovation et régulation dans les société moderne. Dans notre esprit, il s'agit d'appréhender les nouveaux modes de vie liés aux bouleversements que vivent nos sociétés et d'en étudier les différents aspects. Une partie des projets se concentre sur les questions éthiques et juridiques liées au développement des sciences sociales, l'autre partie se penche sur les phénomènes d'exclusion, en matière de santé par exemple, ou aborde la question du développement durable en milieu urbain. A chaque fois, nous avons cherché à maximiser l'interaction entre les universités de Genève et de Lausanne. Nous envisageons de créer à terme des centres de recherche pluridisciplinaires, sur l'exclusion par exemple.

Pourquoi avoir retenu une approche pluridisciplinaire?
Les disciplines héritées du XIXe siècle, et la géographie en est un bel exemple, ne sont plus adaptées aux problématiques contemporaines, car elles ne peuvent y apporter que des réponses fragmentaires. Le projet axé sur la santé, par exemple, réunit des ethnologues, géographes, économistes, psychologues, médecins et sociologues. Pourquoi? Parce que les problèmes de santé touchent au social, à l'économie, au culturel, pour ne citer que quelques enjeux majeurs de nos sociétés.

Comment se passent les négociations avec l'Université de Lausanne?
Je mentirais en disant que tout est bien dans le meilleur des mondes. Il faut comprendre qu'il y a derrière chaque institution un contexte historique parfois difficile à dépasser. On peut déplorer certaines inerties et regretter notamment que la gestion financière des projets reste séparée entre institutions, alors que les décisions quant au contenu sont prises en commun. Cela dit, les projets sont bien avancés, ce qui signifie que nous trouvons des terrains d'entente.

On entend dire que les sciences humaines sont systématiquement prétéritées par rapport aux sciences dites "dures". Les projets IRIS sont-ils susceptibles d'apporter un rééquilibrage?
Nous l'espérons, même si les responsables politiques sont souvent plus sensibles aux demandes venant des sciences "dures". Nous sommes conscients que si ces disciplines exigent par nature des moyens supérieurs aux sciences humaines, celles-ci doivent trouver une place importante dans le monde scientifique, tant les enjeux de société sont importants.

A titre personnel, qu'est-ce qui vous a motivé à vous engager dans l'élaboration des projets IRIS?
En tant que géographe, j'ai toujours privilégié l'approche pluridisciplinaire. Mon domaine de recherche est le développement régional, une thématique que l'on peut aborder par le biais de l'économie mais aussi de l'aménagement du territoire, de la sociologie, de la vie culturelle... Lorsque le Recteur Maurice Bourquin m'a fait la demande pour devenir Délégué du Rectorat, j'ai donc accepté par devoir mais aussi par plaisir. Je trouve passionnant de participer à l'élaboration de ces projets, car je suis convaincu que c'est l'avenir des sciences humaines lémaniques qui se joue là.

20 mai 2002
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