Campus n°115

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Recherche | ARCHEOLOGIE

Un formidable trésor mis au jour à Saint-Antoine

Les fouilles entreprises sur l’esplanade Saint-Antoine depuis mai 2012 ont livré une impressionnante moisson de découvertes qui permettent de mieux comprendre le passé de genève depuis l’époque romaine. Visite guidée

«Découverte du siècle» pour les uns, trouvailles « exceptionnelles », « fabuleuses » ou « inespérées » pour les autres, les recherches archéologiques menées depuis mai 2012 sur l’Esplanade Saint-Antoine, à deux pas du Collège Calvin, suscitent l’enthousiasme tant auprès des scientifiques que des journalistes ou des hommes politiques. La raison de cet engouement général tient non seulement à la nature et à la quantité des vestiges mis au jour par l’équipe de Jean Terrier, archéologue cantonal et professeur titulaire au sein de la Faculté des lettres, mais également à leur remarquable état de conservation. Dès les premiers sondages, les fouilles ont ainsi révélé les murs des fortifications qui protégeaient le côté est de la ville au XVIe siècle (le Mottet de Saint-Laurent). Les archéologues ont ensuite mis au jour une casemate de la même époque, puis une série de tombes. Dans les couches inférieures sont apparues d’autres sépultures, nettement plus anciennes, ainsi que les fondations d’une église du V-VIe siècle et les soubassements d’un bâtiment romain érigé au Ier siècle de notre ère. Enfin, que ce soit dans le matériel utilisé pour les remblais ou dans les tombes, de très nombreux objets de la vie quotidienne ont également été exhumés. Extrêmement rare en milieu urbain, cette abondante moisson doit moins au hasard qu’au zèle que les Genevois ont mis à défendre leur cité après la Réforme. C’est en effet grâce à la construction du Mottet de Saint-Laurent en 1537 que la zone a pu échapper aux chamboulements qu’a connus le sous-sol du reste de la ville avec la progression inexorable de ses fortifications qui, au XVIIIe siècle, formaient une immense ceinture de 800 mètres de largeur avant d’être définitivement rasées vers 1850. Ici, heureusement, rien n’a bougé depuis le milieu du XVIe siècle. La zone étant par ailleurs toute proche de l’axe principal autour duquel s’est développée l’urbanisation de la ville depuis l’époque antique, les chercheurs ont pu remonter jusqu’à l’époque romaine, en attendant de retrouver trace d’une possible occupation celtique, avérée sur les sites tout proches de la cathédrale Saint-Pierre et du Temple de Saint-Gervais. Visite guidée à l’heure où l’Université célèbre les 125 ans de l’enseignement de l’archéologie en ses murs.