2009

Maladie du sommeil - Une découverte scientifique pourrait améliorer le diagnostic de la maladie

Des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE), en collaboration avec plusieurs équipes européennes et africaines, viennent d’identifier trois bio-marqueurs que l’on ne trouve que chez des personnes souffrant de la maladie du sommeil (trypanosomias africaine humaine – TAH). Ces résultats font l’objet d’une publication dans le dernier numéro de PLoS Neglected Tropical Diseases, un journal électronique en libre accès.

La maladie du sommeil ou TAH est transmise par la mouche tsé tsé, porteuse du parasite (trypanosome) qui l’engendre. Cette maladie, dont les symptômes sont un dérèglement du rythme de sommeil et de fortes poussées de fièvre, touche les régions rurales les plus pauvres d’Afrique sub-saharienne, ce qui pose de nombreux défis en termes de diagnostic et de traitement.

Alors qu’on estime à quelque 60 millions le nombre de personnes actuellement à risque d’être contaminées, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte un meilleur contrôle de l’état d’évolution de la maladie. Il n’en demeure pas moins que le nombre de cas annuels est actuellement estimé entre 50'000 et 70'000 individus.

Un diagnostic souvent difficile
L’évolution d’une TAH se fait en deux temps. Elle atteint d’abord le système lymphatique, puis s’en prend au système nerveux. Il faut à cet égard indiquer qu’il est beaucoup plus facile et moins nocif de traiter un patient en phase I qu’en phase II, notamment parce que les médicaments utilisés à ce dernier stade ont des effets secondaires toxiques considérables. Il est dès lors d’autant plus crucial de pouvoir effectuer un diagnostic précoce de la maladie. Or, pour Jean-Charles Sanchez, directeur du groupe de recherche de protéomique biomédicale de l’UNIGE, le diagnostique de la TAH constitue depuis longtemps un défi important à relever.

Il faut savoir que le diagnostic actuel se fait, suite à une ponction lombaire, par le comptage des globules blancs présents dans le liquide céphalorachidien (LCR). Or, le nombre de parasites est souvent peu élevé dans ce liquide, même chez les patients se trouvant en phase II de l’infection. De ce diagnostic parfois biaisé résultent des soins inadaptés pour des patients qui reçoivent un traitement de phase I, alors qu’ils sont déjà en phase II de la maladie. Sans parler des problèmes induits par la distance d’avec les centres de santé, le manque d’informations sur la maladie ou les obstacles générés par certaines croyances locales.

D’autre part, le diagnostic est souvent erroné, du fait qu’un patient en phase I sera considéré en phase II suite à un nombre anormalement élevé de cellules blanches dans le LCR, qui peut découler d’autres facteurs, indépendants de la TAH. Ces patients reçoivent alors un traitement inutilement risqué de phase II.

Aller-retour entre l’Europe et l’Afrique
C’est dans ce contexte que le Dr. Jean-Charles Sanchez, en collaboration avec plusieurs équipes de chercheurs, notamment l’Institut de médecine tropicale belge, l’Université ougandaise de Makerere et l’Institut national de recherche biomédicale de la République démocratique du Congo, a entrepris la recherche de nouveaux moyens de dépistage de la TAH. Soutenu par la fondation FIND (Foundation for Innovative New Diagnostics), une organisation à but non-lucratif, le Dr. Sanchez et ses collègues sont parvenus à découvrir trois bio-marqueurs, présents dans le liquide céphalorachidien, qui, par leur quantité variable, permettent d’établir un diagnostic différencié sur les deux stades de la maladie.

«Il y a une vraie urgence à affiner ces diagnostics», explique Jean-Charles Sanchez, «et la découverte de ces bio-marqueurs représente une étape décisive dans l’appréhension des différents stades de la maladie. Qui plus est, notre partenariat avec FIND et nos collègues en Ouganda et en Belgique assure que les progrès que nous accomplissons ici, à l’Université de Genève, ont un impact direct sur le terrain, pour une des maladies les plus négligées de notre temps.»

Alors que ces résultats débouchent actuellement sur le lancement d’une importante étude, touchant plus de 1000 patients dans quatre pays, le recours à ces bio-marqueurs aura pour effet d’affiner le diagnostic différentiel entre la phase I et la phase II de la maladie du sommeil, donnant lieu à des traitements plus appropriés.

Contacts: Dr Jean-Charles Sanchez  au +41 (0)22.379 54 86

25 août 2009

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