Commentaire d'image

L'ancienne Ecole de Chimie

ecole

Bourrit et Simmler architectes

1879

Genève, Boulevard des Philosophes 22

Actuel Bâtiment des Philosophes

C’est en grande pompe que fut inauguré en 1879 le bâtiment voué à la Chimie à Genève dans la grande tradition helvétique des palais de l’enseignement. Henri Bourrit et Jacques Simmler, deux architectes élèves de Gottfried Semper adonnés à l’architecture scolaire, puisqu’ils venaient d’essuyer les plâtres de l’Ecole des arts industriels ou décoratifs (1877), étaient dans ce cas allés chercher leur modèle du côté de l’Allemagne. Un Rapport au Conseil d’Etat de la République et Canton de Genève concernant les édifices affectés à l’enseignement de Chimie en Allemagne compare les établissements de Bonn, Munich, Berlin, Leipzig, Aix-la-Chapelle, Heidelberg, Dresde, mais aussi Vienne, Graz et Pest.
Le palais de la chimie genevois, déroulant sa belle façade néo-florentine à bossages de roche, parements de molasse verte et tondi polychromes, frappa les esprits des contemporains. La haute cheminée de brique rouge devait signaler alentour l’activité du bâtiment et permettre l’échappement des fumées ainsi que l’«aspiration atmosphérique». Des discours célébrèrent ce nouveau bâtiment universitaire, situé à un jet de pierre de l’Université des Bastions, joyau d’un quartier alors en pleine mutation à l’emplacement des anciennes fortifications.
L’auguste bâtiment du siècle précédent fut durant les Trente Glorieuses menacé de démolition par un impérieux projet de voies rapides, des autoroutes jusqu’au cœur de Genève. Le rapport de Jean-Louis Biermann, ingénieur (SIA) conseil en circulation prévoyait dès 1959 un croisement de vastes artères en lieu et place de l’Ecole de chimie. Dans les années 1980, la chimie quitta son palais jugé obsolète pour gagner de nouveaux locaux. Le désormais encombrant bâtiment universitaire fut alors affecté à la Faculté des Lettres, notamment à son département d'histoire de l'art et de musicologie.
Un incendie survenu en juin 2008 nécessita le déménagement de l'unité d'histoire de l'art et de sa bibliothèque à Uni-Dufour.

Ce texte est extrait d'un article publié dans Alerte, numéro 106, septembre 2008.

Leïla El-Wakil


Cette oeuvre fait partie d'une série d'images choisies et commentées spécialement pour ce site par les enseignants de l'Unité d'histoire de l'art. Elles ont en commun d'avoir un lien avec Genève, que leur auteur y ait vécu, qu'il y fasse allusion dans son oeuvre ou que celle-ci y soit conservée.