De la régulation des cellules-souches - Des scientifiques de l'UNIGE mettent le doigt sur le role-clé des cellules souches dans le développement de cancers
Une équipe de chercheurs dirigée par le prof. Ariel Ruiz i Altaba, de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE), vient révéler un nouveau mécanisme complexe de régulation du nombre de cellules souches du cerveau et des tumeurs. La maîtrise d’un tel mécanisme pourrait, à terme, bénéficier à la médecine régénérative en général et au développement de nouveaux traitements oncologiques en particulier. Cette découverte vient de faire l’objet d’une publication scientifique dans The EMBO Journal (European Molecular Biology Organisation).
De combien de cellules souches dispose-t-on? Combien y en a-t-il dans un cancer et quel est leur rôle dans l’évolution de ce dernier? Les cellules souches contrôlent la maintenance des tissus normaux en prévenant le vieillissement et en favorisant la régénération. Réciproquement, les cellules souches cancéreuses influent sur la croissance des tumeurs. Aussi est-il essentiel pour la médecine régénérative et, à plus forte raison, pour l’oncologie et la lutte qu’elle mène contre le cancer de parvenir à contrôler le nombre de bonnes et de mauvaises cellules souches. Or, pour l’heure, les chercheurs manquent encore des connaissances qui leur permettraient d’atteindre une telle maîtrise.
Mieux comprendre les mécanismes régulateurs
C’est dans ce contexte que le prof. Ariel Ruiz i Altaba et Barabara Stecca, du Département de médecine génétique et développement, viennent de franchir une importante étape vers une meilleure compréhension des mécanismes qui régulent la prolifération des cellules souches.
Deux protéines sont impliquées dans le mécanisme de régulation du nombre de cellules souches et de cellules tumorales chez la personne humaine: GLI1, une protéine médiatrice des signaux extracellulaires ‘Hedgehog’, impliqués dans la prolifération des cellules souches, et p53, une protéine qui joue un rôle clé pour la suppression des tumeurs.
Les travaux de Barbara Stecca et d’Ariel Ruiz i Altaba montrent aujourd’hui que c’est le dosage de p53 et GLI1 qui détermine le nombre de cellules souches normales du cerveau et le nombre de cellules souches cancéreuses dans les tumeurs cérébrales. Il s’agit d’un mécanisme complexe de contrôle, puisque p53 neutralise l‘activité de GLI1 tandis que GLI1 réprime p53. Appelé «boucle inhibitrice», ce double mécanisme joue ainsi un rôle déterminant dans la régulation du nombre de cellules souches normales et cancéreuses.
De la mutation à la prolifération
Si de précédents travaux de ce laboratoire genevois ont mis en évidence le fait que GLI1 était indispensable à la prolifération de cellules souches, mais aussi à la croissance et à la survie des tumeurs, les derniers résultats obtenus par les scientifiques montrent que l’activité de p53 joue un rôle encore plus important en régulant GLI1. Il apparaît en effet que, dans la plupart des tumeurs humaines, p53 est muté – ce qui empêche son action de contrôle sur GLI1. L’équilibre se brise dès lors en faveur de GLI1, donnant libre cours au développement de la tumeur.
Une meilleure analyse de ces mécanismes par la mesure de l’évolution du nombre de cellules souches pourrait donc favoriser le développement de nouveaux traitements. Une thérapie aiguë, ciblant GLI1 serait alors bénéfique, raison pour laquelle l’identification de modulateurs de GLI1 est désormais un objectif prioritaire pour les chercheurs du laboratoire d’Ariel Ruiz i Altaba.
Contacts:
le prof. Ariel Ruiz i Altaba, au tél. 022 379 54 48
27 avr. 2009