Bien-être des animaux

Les conditions d'hébergement

Les animaux utilisés par la recherche sont maintenus dans des conditions répondant à leurs besoins physiologiques et comportementaux, en leur apportant un maximum de confort. Les conditions d’hébergements requises sont strictement définies dans la loi fédérale sur la protection des animaux et ses ordonnances. Des gardiennes et gardiens d’animaux spécialement formés, ainsi que des vétérinaires spécialisé-es, sont présents 365 jours par an dans les animaleries. Les expérimentateurs et expérimentatrices ainsi que les responsables d’expérience sont tenus de suivre une formation spécifique complétée par des cours de formation continue obligatoires par période de 4 ans.

A l’UNIGE, les animaux sont hébergés dans différentes animalerie, ayant chacun un statut sanitaire défini. On distingue ainsi les animaleries dites conventionnelles, SPF (Specific Pathogen Free) ou SOPF (Specific and Opportunistic Pathogen Free). L’hébergement des animaux dans l’une ou l’autre de ces conditions dépend la plupart du temps des expériences qui seront menées, certaines nécessitant des conditions sanitaires très strictes. Le flux de personnel (animalier-ères, scientifiques) d’une zone sanitaire à une autre, ainsi que l’équipement et les procédures d’entrées requises, sont strictement régulés et contrôlés.

Une animalerie dite conventionnelle est un environnement où les animaux ne sont pas exempts de micro-organisme spécifiques. Il n’y a pas de dépistage systématique des ceux-ci, les animaux peuvent donc être porteurs de bactéries, virus, parasites divers, sans qu’ils soient nécessairement identifiés ou maîtrisés. Il s’agit de conditions sanitaires standards, sans mesures de barrière strictes.

Le statut SPF signifie que les animaux sont exempts d’un certain nombre d’agents pathogènes spécifiques. Les animaux SPF sont donc moins exposés aux micro-organismes, mais pas complètement stériles : ils peuvent héberger des microbes non pathogènes ou opportunistes. Les animaux sont hébergés dans des cages ventilées, avec une surveillance microbiologique régulière. Etablir la liste de micro-organismes présents dans l’animalerie permet de connaitre avec exactitude les conditions expérimentales et interpréter ainsi correctement les résultats des expériences.

Finalement, les conditions SOPF sont encore plus strictes : en plus des pathogènes spécifiques les animaux sont également exempts de germes opportunistes (qui peuvent devenir pathogènes dans certaines conditions) ou de flore commensale indésirable. Les conditions SOPF sont souvent nécessaires pour les études très sensibles, comme l’immunologie ou les modèles animaux « gnotobiotiques » (où la flore microbienne est strictement contrôlée). Les animaux sont alors également hébergés dans des cages ventilées et de manière très contrôlée ; et tout l’équipement nécessaire à l’hébergement et aux expériences (cages, nourriture, eau…) doit être stérilisé. 

A noter que les micro-organismes sont présents dans l’environnement naturel : une animalerie conventionnelle s’approche plus des conditions dans lesquelles vivent des animaux sauvages, alors que dans les animaleries SPF et SOPF les exigences expérimentales exigent que l’on connaisse exactement le statut sanitaire des animaux afin de pouvoir interpréter correctement les résultats et reproduire les expériences dans d’autres laboratoires.

L’état de santé des animaux est surveillé de la même manière dans toutes les animaleries : les mesures nécessaires sont prises en cas de symptômes cliniques par les gardien-nes d’animaux et les vétérinaires.

 

 

Les conditions d’expériences

Les conditions dans lesquelles les expériences sont réalisées sont strictement définies par les autorisations d’expérience délivrées par les autorités. Dans le respect du principe des 3R, le bien être des animaux doit être garanti autant que possible et ce même durant l’exécution des procédures expérimentales. Par exemple, toutes les procédures douloureuses ou invasives doivent être effectuées sous anesthésie et analgésie.

Le bien-être et l’état de santé des animaux doit être contrôlés tout au long de l’expérience, la plupart du temps à l’aide d’une feuille de suivi (« score sheet »). Ces documents sont établis dès la préparation de l’expérience et sont soumis aux autorités pour approbation avec la demande d’expérience. Les paramètre observés (p.ex. poids, aspect du pelage, comportement…) ainsi que la fréquence de surveillance y sont clairement définis, de même que les points limite à partir desquels des mesures doivent être prises (p.ex. administration d’antidouleur, surveillance plus fréquente…). Les chercheurs-euses doivent également définir les critères d’interruption de l’expérience, c’est-à-dire la limite à partir de laquelle la souffrance de l’animale est considérée comme trop importante et ne doit pas être tolérée ; l’animal est alors immédiatement euthanasié.

Le cas des souris

Les cages des souris de laboratoire sont en plastique ouvertes ou ventilées selon les besoins sanitaires. Elles sont préparées avec de la sciure dans le fond, une maison en carton ou en plastique ou des tubes en carton dans lesquels elles peuvent se cacher. Elles disposent aussi de coton qu’elles utilisent pour faire leur nid. De l’eau et de la nourriture sont constamment à leur disposition.

 

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Les souris doivent obligatoirement être maintenues en groupe. Les seules exceptions concernent des souris trop agressives, par exemple une souris mâle ayant déjà été en contact avec des femelles, ou certaines expériences qui requièrent que la souris soit seule. Cette exception doit être justifiée et dûment autorisée par l’autorité cantonale.

Les animaleries sont éclairées 12 heures par jour afin de respecter le cycle des souris dont l’activité nocturne est plus importante. En dehors des expériences, les souris sont manipulées une à deux fois par semaine, lorsque les cages sont changées et nettoyées. Les soigneurs les examinent à cette occasion, afin de vérifier leur bon état de santé.

Les souris, ainsi que tous les animaux d’expérience, doivent être également être manipulées, tant en élevage qu’en expérience, de la manière la plus douce possible. Jusqu’à récemment, les souris étaient traditionnellement manipulées par la queue, cependant il a été progressivement démontré que cette méthode de manipulation était stressante pour les animaux et que ce stress pouvait même avoir une influence sur certains résultats expérimentaux. Depuis plusieurs années, des techniques de « gentle handling » (manipulation douce), telle que le « tunnel handling » ou « cup handling » ont été développées et ont été démontrées comme moins stressantes pour les souris. Ces nouvelles techniques ont été rapidement adoptées par la plupart de la communauté scientifique et sont devenues obligatoire en Suisse via la dernière révision de l’OPAn début 2025. Elles sont désormais systématiquement appliquées par les animalier-ères et les chercheur-euses, sauf dans des cas exceptionnels qui doivent être dûment justifiés et autorisés par les autorités cantonales.

L’animalerie de la Faculté de médecine de l’UNIGE a récemment fait l’acquisition de cages équipées du système DVC (Digital Ventilated Cages), une technologie innovante à base de capteurs placés sous les cages permettant un suivi automatisé en temps réel du comportement et des conditions environnementales des souris. Cette technologie offre de nombreux avantages, tant pour le bien-être des animaux que pour la collecte de données scientifiques :

  • Monitoring continu des ressources : surveillance permanente de la nourriture, de l’eau, de l’état de la litière (humidité), aidant ainsi à optimiser la fréquence de changement des cages, réduire les coûts et éviter des manipulations inutiles des animaux.
  • Prévention des incidents : repérage en temps réel des fuites d’eau ou tout autre problème pouvant mettre en danger les souris.
  • Gestion optimisée du flux de travail : automatisation du suivi des cages, traçabilité.
  • Collecte permanente, non-stressante et non-invasive de données comportementales : enregistrement en temps réel de l’activité spontanée, détection de changements dans les cycles d’éveil et de sommeil ou perturbation de l’activité locomotrice
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