Introduction

« Mon regard a changé et je constate que les gens ont besoin de changer de regard sur l’égalité pour faire comprendre qu’il y a encore beaucoup à faire, que les critères ne sont par exemple pas les mêmes pour les unes et les autres. »


■ Bientôt 15 ans de présence dans les commissions de nomination valent bien un arrêt sur papier.
■ Pour expliquer la mission de cette entité, mission pas toujours bien comprise et qui évolue au fil du temps. Quoi de mieux que de donner la parole à celles et ceux qui sont engagés dans ce travail passionnant et se sont forgés un regard transversal sur la marche de notre institution (pp. 17-63).
■ Pour marquer la nécessité de poursuivre une action ciblée pour la promotion des carrières féminines. On peut certes relever une prise de conscience réelle des unes et des autres et des progrès notables : le nombre de professeures assistantes (35% PAST) et de professeures associées (35% PAS) a augmenté ces vingt dernières années. On constate cependant que malgré les efforts les hommes demeurent très largement majoritaires parmi les professeur-e-s ordinaires (83%), alors que les femmes sont majoritaires parmi les étudiant-e-s (62%) et les doctorant-e-s (53%).
■ Pour servir de guide à toute personne soucieuse de connaître les lois, règlements, directives et autres outils permettant d’appliquer les principes d’égalité requis par notre institution et par les Constitutions suisse et cantonale. Ne pas respecter ces principes, équivaudrait tout bonnement à être hors la loi (pp. 75-82).
■ Pour rappeler aux président-e-s et membres de commissions de nomination professorale appelés à détecter les préjugés, stéréotypes et autres biais de genre qui, trop souvent encore, empêchent une approche « neutre » et objective des candidatures.
■ Et in fine, pour inspirer d’autres institutions universitaires suisses et étrangères souhaitant mettre en place une délégation, dont le modèle est encore unique et plébiscité.

Maintenant, lorsque l’on se préoccupe de la question de la présence des femmes dans des structures traditionnellement masculines, on s’aperçoit qu’il y a d’abord des personnes, que l’on pourrait qualifier d’indignées, qui à un moment de leur vie ou de leur carrière se disent que non, trop c’est trop, il faut agir.
Paroles de pionnières
Martine Chaponnière, docteure en science de l’éducation, est l’une de ces personnes. Chercheuse indépendante et auteure, elle arrive au café Le Dorian avec une grande enveloppe en papier kraft et un large sourire, ravie de partager ce moment d’histoire avec nous. Sa complice à l’époque est Patricia Schulz, membre du Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et longtemps directrice du Bureau fédéral de l’égalité.
Nous sommes dans les années 80. Elles font toutes deux partie du corps intermédiaire, la première est assistante à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, la seconde à celle de droit. « Tout est parti du corps intermédiaire et des militantes avec l’appui de membres du corps professoral, administratif et technique et du monde politique. Quant au recteur, il a fini par se rallier à la cause. Cela a été un gros travail d’information, de collaboration, de pourparlers, mais c’est quand même un peu grâce à nous si l’article de loi, la Délégation, le Service égalité ainsi que les Etudes genre existent. Nous nous sommes vraiment battues pour que la déléguée soit une administrative avec un service digne de ce nom ».
Création de la Délégation
Les années passent, rectorats, président-e-s, membres de la Délégation ainsi que déléguées à l’égalité se succèdent apportant leur lot d’innovations, de directives et autres outils utiles à la cause. Une évolution qui permet d’aboutir à la structure actuelle : une délégation composée de cinq professeur-e-s expérimenté-e-s, de la directrice du Service égalité, de la chargée de projet et présidée par un-e membre du Rectorat. Gestion, suivi et bonne marche de la Délégation sont assurés par le Service égalité. Et, bonne nouvelle, cette structure sera pérenne dès 2016. En effet, les décharges jusqu’alors financées par des fonds fédéraux (Programme fédéral égalité des chances de la CUS), seront intégrées dans le budget de l’institution comme demandé dans le Plan d’actions@UNIGE 2013-2016.

Justement, comment fonctionne une telle entité au coeur du pouvoir facultaire ? Il a bien sûr fallu que la Délégation fasse ses preuves, soit crédible, soit un plus et habitue les facultés à l’intégrer dans leur planification serrée et complexe, bref, toutes caractéristiques qui nécessitent temps et ténacité. Juliette Labarthe, chargée de projet au
Service égalité raconte : « J’ai commencé avec le vice-recteur Peter Suter, une époque dynamique avec des débats très riches, beaucoup d’idées et de prises de position, c’était le temps de la mise en place de la Délégation. Actuellement, le Service égalité est plus proche du Rectorat et certains problèmes sont réglés en direct, puis discutés lors d’une séance de la Délégation. »