Tuer des bactéries par simple contact
Pour protéger le corps humain des infections bactériennes, les cellules immunitaires doivent être capables d’éliminer les agents pathogènes. Le mécanisme prédominant implique l’ingestion des bactéries. Cependant, certaines cellules immunitaires, les neutrophiles, semblent avoir la capacité de tuer les bactéries sans les ingérer.
Un simple contact peut suffire à tuer une bactérie
Afin de mieux comprendre ce mécanisme encore en partie mystérieux, les scientifiques du laboratoire du Pr. Pierre Cosson se sont penchés sur les mécanismes de destruction de la bactérie Pseudomonas aeruginosa, connue pour provoquer des infections respiratoires graves. Leurs travaux, publiés dans la revue Molecular Microbiology, leur ont permis de confirmer l’existence de mécanismes de destruction bactérienne sans ingestion. Les expériences menées avec le modèle de cellule immunitaire Dictyostelium discoideum ont révélé que lorsque Dictyostelium discoideum (silhouette blanche dans les vidéos ci-dessous) détecte une bactérie dans son environnement, il peut établir un simple contact qui suffit dans la majorité des cas à la tuer, soit durant le contact (vidéo de gauche), soit quelques minutes après (vidéo de droite).
Lorsque le modèle de cellule immunitaire Dictyostelium discoideum (silhouette blanche) détecte une bactérie (en vert) dans son environnement, il peut établir un contact avec elle qui suffit dans la majorité des cas à la tuer, soit durant le contact (vidéo de gauche), soit quelques minutes après (vidéo de droite). Adapté de la Figure 4 d’Ayadi et al. 2023.
Pour découvrir les gènes impliqués dans ce mécanisme, les scientifiques ont testé des mutants de leur modèle de cellule immunitaire. Cette approche a révélé que la protéine AplA joue un rôle crucial dans l'élimination des bactéries en dehors de la cellule. Une fois secrétée par la cellule, AplA semble capable de perforer la membrane des bactéries, entraînant ainsi leur mort.
Et la suite ?
Ces résultats confirment l’existence de mécanismes de destruction des bactéries, indépendamment de leur ingestion. L’équipe de recherche s’attèle désormais à comprendre comment certaines bactéries arrivent à survivre malgré un contact étroit avec des cellules immunitaires. Ces travaux devraient ouvrir de nouvelles pistes dans la lutte contre les infections bactériennes.