2022

Les camps de vacances favorisent l’altruisme chez l’enfant

Une équipe de l’UNIGE démontre que participer à des camps permet de développer de précieuses compétences socio-émotionnelles.

 

Après deux semaines de camp, le niveau d’altruisme des participant-es avait sensiblement augmenté alors que celui des autres enfants avait, lui, diminué. © DR


Être capable de se maîtriser, de coopérer ou d’aider les autres: les compétences socio-émotionnelles sont essentielles pour celui ou celle qui souhaite interagir positivement avec ses pairs. Ces savoir-être s’acquièrent en grande partie durant l’enfance et s’entraînent dans différents contextes, comme l’école, la famille ou les loisirs. Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) montre que les camps de vacances sont également des espaces propices à leur développement. Elle met en évidence une augmentation du niveau d’altruisme chez les enfants revenant de camps, contrairement à celles et ceux qui n’ont pas participé à ce type de séjour au cours de leurs vacances. Ces résultats sont à découvrir dans la revue PLOS ONE.


Savoir reconnaître et gérer ses émotions, mais aussi celles des autres, et adapter son comportement en conséquence: les compétences socio-émotionnelles jouent un rôle primordial dans notre vie quotidienne. Elles nous permettent de prendre des décisions favorables à notre bien-être, comme à celui de nos pairs, et de nouer des relations de qualité avec eux/elles. Favoriser leur développement chez l’enfant, dès le plus jeune âge, est par conséquent essentiel.


Ces compétences peuvent être acquises et entraînées de manière directe ou indirecte. Elles peuvent également s’acquérir dans divers contextes comme l’école, la famille ou les loisirs. En stimulant des actes prosociaux comme les comportements altruistes, elles constituent une cible de choix pour la prévention des comportements antisociaux, c’est-à-dire conflictuels envers les autres et la société. Une équipe de l’UNIGE s’est intéressée au développement de ces compétences dans un contexte spécifique: les camps de vacances.


«Ces camps avec nuitées sont des espaces de sociabilisation et d’expérimentation, hors de la famille, qui se déroulent sur la durée et intègrent toute la vie quotidienne. Ils impliquent des interactions permanentes avec des adultes et d’autres enfants, riches en apprentissages informels. Nous avons voulu montrer qu’un tel contexte est favorable au développement des compétences socio-émotionnelles», explique Edouard Gentaz, professeur ordinaire à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UNIGE et au Centre suisse des sciences affectives.


Pic d’altruisme

L’équipe de l’UNIGE a cherché plus précisément à savoir dans quelle mesure la participation à ces camps pouvait augmenter le niveau d’altruisme et d’estime de soi des enfants. Les chercheurs/euses souhaitaient également identifier les éléments pouvant rendre cette participation plus ou moins bénéfique, comme le fait de s’y rendre avec des ami-es. Pour le savoir, ils/elles se sont appuyé-es sur un échantillon de 256 enfants âgé-es de 6 à 16 ans, participant ou non à un camp.  Il leur a été demandé de répondre à un questionnaire standardisé.


«Parmi les questions posées, on trouvait par exemple ‘‘dans quelle mesure aiderais-tu un inconnu à trouver son chemin?’’ ou ‘‘dans quelle mesure aiderais-tu un camarade à faire ses devoirs?’’. Les possibilités de réponse allaient de ‘‘jamais’’ à ‘‘très souvent’’ sur une échelle en cinq points», détaille Yves Gerber, assistant-doctorant à la Section des sciences de l’éducation de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UNIGE, et premier auteur de l’étude. Les enfants ont dû répondre à ces questions à deux reprises: au début de la période de camp et à la fin de celle-ci. 


«Les réponses des 145 enfants parti-es en camps ont été comparées à celles des 111 enfants du groupe ‘‘contrôle’’ qui n’ont pas participé à ce type d’activité. Celles-ci ont révélé une augmentation du niveau d’altruisme chez les premiers/ères et une diminution de celui-ci chez les second-es», indique Jennifer Malsert, chargée de cours et collaboratrice scientifique à la Section de psychologie de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UNIGE, chargée d’enseignement au sein de l’Unité d’enseignement et de recherche Pédagogie spécialisée de la HEP Vaud, et coauteure de l’étude.


Estime de soi stable

Ces réponses semblent également démontrer que le fait d’avoir déjà vécu une expérience de camp positive par le passé, ou de participer à ce type d’activité avec des ami-es, favorise le développement de l’altruisme dans ce contexte. «Quant au niveau d’estime de soi, nous observons qu’il est resté stable dans les deux groupes d’enfants. Il est possible que cet élément soit plus stable que l’altruisme et que ses modulations soient par conséquent moins apparentes. L’échelle de réponse que nous avons utilisée n’est peut-être pas assez spécifique pour évaluer cette donnée», explique Yves Gerber.


Les résultats de cette étude exploratoire démontrent l’utilité des camps de vacances en tant qu’outil de développement de compétences socio-émotionnelles. Ils indiquent que le contexte de ces camps, même sur des séjours de 10 à 15 jours, a une influence sur ces compétences en augmentant les intentions altruistes. «La prochaine étape consistera à étudier la durée des bénéfices obtenus. Il s’agira aussi d’évaluer s’il existe une corrélation entre la durée du séjour et le niveau de ces bénéfices», conclut Edouard Gentaz.
 

7 nov. 2022

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