Public-privé : nouvelles frontières - Cycle de conférences
Depuis les analyses d’Hannah Arendt sur l’émergence du « social » dans les conceptions modernes de la société, en passant par le slogan des féministes des années 70 : « le personnel est politique », les frontières entre le public et le privé ont toujours fait l’objet de débats. Certes, nos démocraties libérales, soucieuses de protéger la liberté des individus, continuent d’être articulées sur la distinction entre ces deux sphères. Mais les études genre notamment ont interrogé cette séparation, tant du point de vue moral que politique. Par ailleurs, si la modernité a inventé l’intimité, les nouvelles technologies de l’information et de la communication menacent aujourd’hui la protection de notre sphère privée. Elles autorisent aussi une exhibition de l’intime qui transforme le rapport à soi. Cette inflation du discours de l’intimité correspond pour certains à un effacement du politique ; le privé, dans le monde contemporain, prendrait progressivement le pas sur le public. Qu’en est-il alors aujourd’hui de l’espace commun : espace au sens géographique – la ville, le monde naturel que nous partageons– mais aussi espace au sens politique ? Ne devrions-nous pas nous soucier davantage du bien commun et de ce lieu où, de Kant à Rawls et Habermas, les individus sont invités à transcender leurs singularités en vue d’un exercice public de la raison ?
5 oct. 2015