L’agriculture intelligente : solution miracle ou bulle technologique ?

L’agriculture suisse se tourne de plus en plus vers le smart farming, présenté comme la clé pour concilier productivité accrue et durabilité environnementale. Des sondes mesurant le stress hydrique des cultures aux robots désherbeurs guidés par l’intelligence artificielle, ces technologies promettent de réduire les intrants (eau, engrais, pesticides) tout en optimisant les rendements. La Confédération, via sa Politique agricole 2022+, mise sur ces innovations pour atteindre une hausse de 50 % de la productivité d’ici 2050, tout en respectant les objectifs de développement durable.
Pourtant, cette vision ne fait pas l’unanimité. Nicolas Baya-Laffite, sociologue des sciences à l’Université de Genève et membre du GEDT, tempère l’enthousiasme ambiant. « On assiste à un renouvellement du discours techno-solutionniste, comme hier avec les OGM ou les tracteurs. Mais l’histoire montre que ces promesses ne se réalisent pas toujours », souligne-t-il. Les coûts énergétiques et environnementaux de ces technologies (fabrication, data centers, dépendance aux infrastructures numériques) restent mal évalués, tandis que leur efficacité réelle demande encore à être prouvée sur le long terme.
Vers une agriculture plus autonome ou plus dépendante ? Pour des organisations comme Uniterre, le smart farming risque de renforcer un modèle productiviste, au détriment d’une agriculture diversifiée et résiliente. « Ces outils favorisent les grandes exploitations et standardisent les pratiques, alors qu’il faudrait repenser le système dans son ensemble », critique Rudi Berli, responsable politique agricole. À l’inverse, les partisans de ces technologies, comme Fenaco ou Syngenta, y voient une opportunité pour moderniser le secteur et répondre aux défis climatiques.
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15 septembre 2025Actualités 2025