Événements scientifiques passés

"L'oeil ému: regarder, penser, vivre les oeuvres d'art" (23.04.10)

Diderot définissait la peinture comme l’art qui, « par des lignes et des couleurs », représente « tous les objets visibles ». Fidèle à la tradition, il concevait la peinture comme le plaisir de l’œil. Mais, dès le XVIIIe siècle, on a envisagé des conceptions modernes de l’œuvre d’art qui dépassent le simple plaisir, le sens de la vue et les sens en général, en attribuant à l’œil la faculté de penser, rêver, conjecturer par-delà le visible. Au XIXe siècle, Baudelaire prit le relais des Salons de Diderot en affirmant que la peinture est un art de la pensée et parle au souvenir, et, plus tard, Proust soutint que les tableaux sont des idées.

L’art travaille l’esprit, enseigne, déclare, proteste, accuse, se fait discours. Il est organisé en institutions, comme le musée, qui proposent un apprentissage de l’œil, une élaboration du goût, et organisent des rencontres entre les sphères de l’esthétique, de l’éthique et de l’économie. Quels ponts jeter entre les expositions, le marché de l’art – tels les Salons –, et la contemplation intime, la remémoration de ce qui a été vu, les retentissements d’un effet qui touche les sentiments et l’intelligence ? Quels liens complexes et essentiels se tissent entre le regard de l’artiste et celui du spectateur ? Quel est le rôle de la critique et des rapports de plus en plus vertigineux entre la littérature et la peinture, ou encore la sculpture et la photographie ?

Les participants de ce colloque réfléchiront sur ces problèmes, en s’appuyant sur des exemples précis d’œuvres d’art et de textes critiques ou littéraires.