Guerre en Ukraine: une centaine d’universitaires accueilli-es
Un an après le début du conflit, de nombreux/euses étudiant-es mais aussi des chercheurs/euses ont intégré l’UNIGE grâce au dispositif Horizon Académique.
Les premières demandes d'étudiant-es et de chercheurs/euses ukrainien-nes sont parvenues à l'UNIGE quelques jours seulement après le début du conflit. © Adobestock
Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine, signant du même coup l’arrêt brutal des études ou des recherches de très nombreuses personnes actives dans les universités ukrainiennes. Grâce au programme Horizon Académique lancé en 2016 par l’Université de Genève (UNIGE), plus d’une centaine d’entre elles, relevant du domaine de l’asile, ont aujourd’hui pu reprendre leur parcours à Genève. L’important afflux de demandes a été absorbé grâce à une collaboration étroite avec le Rectorat et les différents services de l’université. Le programme a également pu compter sur un important élan de solidarité au sein de l’institution. En 2023, Horizon Académique poursuivra sa mission et développera de nouveaux projets, dont une crèche destinée aux enfants de ses bénéficiaires, toutes nationalités confondues.
Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Un an après, alors que la guerre fait toujours rage, l’UNIGE tire un premier bilan: grâce à son dispositif Horizon Académique, elle a accueilli plus de 140 étudiant-es et 11 chercheurs/euses ukrainien-nes impacté-es par le conflit et détenteurs/trices d’un permis S. Ils/elles ont pu bénéficier des quatre dimensions de ce programme d’intégration unique en Suisse: un statut d’auditeur/rice pour l’ensemble des cours dispensés dans les différentes facultés de l’UNIGE et Hautes écoles genevoises; la possibilité d’obtenir des crédits ECTS; des leçons de français adaptées au niveau universitaire; un suivi individuel et un mentorat étudiant. Ce cursus, d’une durée moyenne de deux ans, leur ouvrira des possibilités d’études à l’UNIGE, à la HES-SO Genève et à l’IHEID. Il pourra également déboucher sur une autre orientation professionnelle adaptée.
«Les premières demandes d’étudiant-es et de chercheurs/euses ukrainien-nes nous sont parvenues fin février 2022, quelques jours seulement après le début de la guerre. Il a donc fallu réagir très rapidement», se souvient Mathieu Crettenand, délégué à l’intégration et directeur d’Horizon Académique. «Les demandes ont ensuite été constantes jusqu’au mois de septembre. Aujourd’hui, même si leur nombre a diminué, elles continuent d’affluer». Au début de l’été, plus de 300 demandes étaient parvenues à l’UNIGE, 140 ont été retenues. Des cours de français intensifs ont alors été proposés aux personnes sélectionnées. Puis, au terme d’un processus d’évaluation, une centaine d’entre elles ont rejoint Horizon Académique à la rentrée de septembre.
Au maximum de la capacité
«Il aurait été possible d’accueillir le double d’étudiant-es provenant de ces territoires mais une capacité de 100 places constituait le bon équilibre entre les besoins académiques de cette population et les capacités logistiques de l’UNIGE», poursuit Mathieu Crettenand. Une certaine volatilité a été constatée car plusieurs bénéficiaires sont rentré-es en Ukraine en cours d’année. «Ces personnes ont très vite été remplacées par d’autres. Notre capacité d’accueil est par conséquent restée tout au long de l’année sous pression.»
Du côté des chercheurs/euses, la majorité des onze scientifiques accueilli-es ont rejoint la Faculté des sciences, formant des binômes avec des chercheurs/euses déjà en activité à l’UNIGE. Sept d’entre eux/elles ont bénéficié de bourses créées en 2022 pour soutenir leurs activités. Dotées de 50 000 francs chacune, elles ont été financées par des fondations privées et le Fonds général de l’université. Des renouvellements avec une mise au concours sont prévus en 2023. «Chaque candidature est traitée de manière séparée, afin de définir la meilleure solution d’accueil. Les dossiers sont soumis pour approbation à une délégation spéciale du comité stratégique en charge de la question des chercheurs/euses en exil. Une participation financière est demandée à l’entité d’accueil».
La communauté universitaire solidaire
L’équipe d’Horizon Académique (20 personnes) a pu absorber cet afflux de demandes avec le soutien du Rectorat, des Facultés et des services de l’université. Ces échanges ont débouché sur l’assouplissement de certaines démarches administratives, comme la suppression de l’émolument d’inscription pour les candidat-es à une immatriculation et le rallongement des délais d’inscription. Horizon Académique a également pu compter sur un important mouvement de solidarité au sein de l’université. «Qu’il s’agisse des professeur-es qui se sont mobilisé-es pour mettre à disposition des logements, des étudiant-es qui se sont engagé-es dans le mentorat, ou encore des collaborateurs/rices qui nous ont prêté main forte pour différentes tâches, je tiens à remercier sincèrement l’ensemble de la communauté universitaire pour sa mobilisation exemplaire», déclare Yves Flückiger, recteur de l’UNIGE.
Horizon Académique poursuivra son développement en 2023. Un espace de vie enfantine destiné aux enfants des étudiant-es et chercheurs/euses du programme sera ouvert au mois d’août. L’équipe œuvrera également à la pérennisation du financement des bourses de recherche et à l’ouverture de celles-ci à d’autres nationalités. Elle partira en quête de nouveaux partenaires et soutiens financiers. «Nous allons nous efforcer de continuer de développer l’ensemble de nos activités afin d’être en mesure de répondre aux besoins, en accord avec notre mission de service public», conclut Mathieu Crettenand.
En 2022, toutes nationalités confondues, le programme Horizon Académique a accueilli 435 participant-es (277 en 2021) provenant de 53 pays différents, dont une majorité de femmes (55%). L’âge médian était de 34 ans. Pour 2023, le nombre de bénéficiaires est estimé à 460.
À propos d’Horizon Académique
Le programme Horizon Académique a été mis sur pied par l’UNIGE en partenariat avec le Bureau d’intégration des étrangers du canton de Genève (BIE), plusieurs fondations privées et la faîtière des associations d’étudiant-es de l’UNIGE, la CUAE. Il repose sur une collaboration interinstitutionnelle avec la HES-SO Genève et l’IHEID, ainsi qu’avec les institutions en charge de l’asile et de la migration dans le canton de Genève. Il s’adresse aux personnes relevant du domaine de l’asile (permis S, N, F, F-réfugié-e ou B-réfugié-e) et aux permis B regroupement familial. Il est également ouvert aux Suisse-sses de retour de l’étranger. Le programme a reçu la Médaille de l’innovation de l’UNIGE en 2022.