Journal n°78

La pauvreté, principale cause du noma

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Des chercheurs de l’UNIGE et des HUG révèlent que cette infection buccale frappant surtout des enfants est liée au mode de vie et non à un virus ou à une bactérie

Après une étude de sept ans menée au Niger, une équipe de chercheurs de l’UNIGE (Faculté de médecine) et des HUG (GESNOMA - Geneva Study Group on Noma) a publié, dans la revue médicale The Lancet Global Health, ses recherches sur les origines du noma, une affection gangréneuse détruisant la bouche et le visage.

Recherche de terrain
Bien que le noma existe depuis des siècles, sa cause était jusqu’à présent inexpliquée. La présence de certains virus avait été évoquée comme éléments susceptibles de préparer le terrain à des bactéries très agressives. Or, les recherches, menées par les scientifiques genevois, écartent désormais la piste bactérienne et virale. Elles montrent que le noma est dû à la malnutrition, au déséquilibre de la diversité de la flore buccale ainsi qu’à une baisse des défenses immunitaires liée aux naissances rapprochées. Autant de facteurs qui caractérisent la pauvreté.

Les scientifiques ont eu recours à des techniques microbiologiques de pointe, utilisées pour la première fois dans un pays en développement, et à une enquête épidémiologique approfondie sur le terrain pour obtenir ces résultats. Quatre cents enfants nigériens âgés de moins de 12 ans, dont 85 atteints du noma, ont subi des tests. Aucune des bactéries jusqu’alors incriminées dans le noma, ni aucun virus pathogène n’a été retrouvé dans la bouche de ces enfants. Les tests ont, en revanche, révélé un déséquilibre de la flore buccale.

Meilleure prévention
Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives en matière de prévention. Les causes du noma étant désormais clairement identifiées, la priorité est à la prévention auprès des populations à risque. L’objectif est de dépister l’infection dès les premiers symptômes, c’est-à-dire dès l’apparition d’une gingivite, afin d’assurer des soins immédiats. La prévention passe aussi par une alimentation équilibrée et une bonne hygiène buccale.

Ces conclusions sont en adéquation avec les missions du Millénaire pour le développement (OMD), prévues par les Nations unies, à savoir la lutte contre la pauvreté, la faim et la maladie.