Projets de recherche & FNS

Bureau international d'éducation

Le Bureau international d'Education (BIE) : un laboratoire de l'internationalisme éducatif (1919-1952) 

Subside FNS : https://data.snf.ch/grants/grant/169747

Présentation

Ce projet de recherche a pour but d’analyser les configurations que revêt l’internationalisme éducatif à l’époque de sa première institutionnalisation à une échelle mondiale. Nous examinerons pour ce faire les chantiers investis par ses acteurs et cartographierons les réseaux ayant contribué à sa construction.Fort des travaux préliminaires à cette requête, nous avançons en effet la thèse que la genèse de l’institutionnalisation de l’international dans le champ éducatif peut être rapportée au premier 20e siècle, et plus particulièrement encore à l’entre-deux-guerres : entendant combler une brèche de la Société des Nations (SDN, 1919-1946), le Bureau International d’Education (BIE) en constitue un exemple emblématique. Fondé en 1925 à l’initiative de l’Institut Rousseau pour promouvoir la paix par la science et l’éducation et fédérer les autres agences internationales qui s’y emploient, le BIE devient, dès 1929, la première organisation intergouvernementale permanente en éducation. Les bornes temporelles de ce projet sont ainsi 1919-1952, pour inclure, en amont, les prémisses du BIE, en aval, sa redéfinition lorsque le BIE devient une agence technique de l’UNESCO, dont il constitue un organisme précurseur. Nous appréhendons le BIE comme « laboratoire de l’internationalisme éducatif » - expression justifiée dans notre projet -, menant l’enquête en couplant deux perspectives complémentaires. Axe 1.En centrant l’attention sur la manière dont l’internationalisme éducatif s’opérationnalise à partir du BIE, nous étudierons les chantiers dans lesquels s’investissent ses promoteurs, les savoirs produits pour ce faire et la manière dont ils sont discutés, systématisés, diffusés et transformés durant le premier 20e siècle.Axe 2.A partir de ce centre névralgique qu’est le BIE, nous cartographierons les réseaux œuvrant à l’internationalisation de l’éducation, en suivant les acteurs individuels et collectifs qui en sont les bâtisseurs, les saisissant dans l’évolution de leurs trajectoires, de leurs positionnements et de leurs interactions. Cette double perspective s’impose car nous postulons que la nature des actions menées et des savoirs produits par le BIE est indissociable des régimes circulatoires dans lesquels il évolue : l’existence du BIE dépend de ces connexions, s’en enrichit pour justifier et concrétiser ses objectifs, tout en contribuant à les façonner et les pérenniser. La mission que ses responsables confèrent au BIE se situe d’ailleurs sur un double registre : promouvoir l’éducation internationale en transposant au monde éducatif les méthodes de la coopération internationale, prétendant être ainsi à même d’élaborer une « charte des aspirations mondiales en matière éducative ». Nous examinerons comment se justifient, se conceptualisent et s’institutionnalisent l’éducation internationale et comparée ; cela en particulier à l’heure où les directeurs du BIE (Jean Piaget et Pedro Rosselló) profilent le BIE comme Centre mondial d’éducation comparée, une éducation comparée conçue progressivement comme mode de travail et de gouvernance entre Etats et comme nouvelle discipline scientifique.S’appuyant sur l’outillage conceptuel et méthodologique du transnational turn, cette recherche mise sur les effets de connaissances d’une variation des échelles spatio-temporelles d’observation, articulant des niveaux micro, méso et macro d’analyse (local-global) pour saisir, à partir d’une institution genevoise à vocation internationale, certains aspects essentiels des configurations de l’éducation internationale. Elle enrichira les connaissances sur les phénomènes de globalisation, les acteurs qui y interagissent, les causes qu’ils investissent et leurs modes opératoires, à partir d’un terrain, l’éducation, actuellement un des champs les plus investi de la mondialisation, mais dont la sociogenèse à l’ère de sa première institutionnalisation reste largement méconnue. Ce projet tire parti des riches archives (publiées et manuscrites) disponibles au BIE, aux Archives Jean Piaget (AJP) et de l’Institut J.-J. Rousseau (AIJJR), de la SDN, de l’Institut international de Coopération intellectuelle (IICI) et de l’UNESCO comme dans d’autres institutions significatives, avec lesquelles le BIE a été en contact. Des archives privées seront aussi exploitées, en particulier celles des premiers protagonistes de cette entreprise, à l’exemple de Piaget, directeur 40 ans durant du BIE. La recherche débouchera sur deux thèses, des symposiums et publications réunissant les membres permanents et associés d’ERHISE, spécialistes du domaine, et les partenaires internationaux du projet.