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L’État (national), la démocratie et la sécurité en Europe centrale (XXe-XXIe siècles) (MAREM)

Présentation du cours de M. Paul Gradvohl, Université de Lorraine

L’Europe centrale, marquée par le rêve d’un État national moderne absent jusqu’à 1918, semble être caractérisée, dès avant l’installation des États locaux après le pre­mier conflit mondial, par des relations très complexes, entre processus démocrati­ques et affirmation du pouvoir des États. Cette complexité résulte en partie du fait que les États nationaux de la région (Pologne, Tchéco­slo­vaquie — mais    aussi Slovaquie en 1939-1945 et à partir de 1993 République Tchè­que et Slo­va­quie —, Hongrie) n’ont jamais été en position de garantir leur propre sécu­ri­té, alors qu’ils se sentaient le plus souvent menacés. Dès lors, la souveraineté, si cen­tra­le dans l’histoire helvéti­que ou française, a été un horizon évanescent dans cette région. Et elle est au cœur des peurs sécuritaires qui alimentent en grande partie la vie politique de ces pays de nos jours et qui pè­sent sur le rapport à la démocratie. Pour faire face aux processus politiques incertains et aux gouvernances changeantes qui se sont mis en place en Europe centrale, mais aussi pour rela­ti­vi­ser la singularité de cette région, ce cours insistera sur la récurrence de la reconstruction du pas­sé, au ni­veau national notamment.

Il passera en revue successivement :

  • La lente et difficile émergence d’États nationaux qui donnent la primauté aux Polonais, Tchè­ques (Slovaques), et Hongrois sur fond de dénégation de divers pas­sés au profit d’autres et de dis­cours sur le peuple plus que sur la démocratie / Une région produite par des processus largement ex­té­rieurs à la fois absorbés et niés. Des États nouveaux concurrents et pris en tenaille qui visent une forte légitimation par l’histoire /
  • Les faiblesses stratégiques dès 1918/1923, le renforcement des administrations, les oc­cupations et le laminage de la démocratie jusqu’à 1944 / Déficit sécuritaire, renfor­ce­ment des peurs, domination des grandes puissance et réécritures de l’histoire /
  • La démocratie populaire avant 1948 en tant que rejet des élites et des autorités pas­sées, asso­ciée au partage des influences en Europe / Faire l’histoire du bon peuple face à ses ennemis pour fonder une démocratie nouvelle /
  • Des États non souverains de Staline à Gorbatchev et les aspirations démocra­ti­ques en régime autoritaire / Démocratie et/ou nation comme horizon dans les trois États com­mu­nistes européens où le système a été confronté à des phases de déstabilisation profonde /   
  • La construction d’États souverains et respectant l’état de droit, la course vers l’OTAN et l’UE / Contradiction du processus démocratique et mobilisations contradictoires du passé /
  • Le renoncement à la souveraineté en tant que membre de l’UE et les fragi­li­sa­tions de la dé­mo­cratie / Intensification et diversification des mobilisations du passé, souve­rai­nis­me contre logique libérale de l’UE, impact des faiblesses de la « démocratie occidentale » et no­tam­ment en francophonie /  

Pour conclure le cours, l’apport spécifique des visions francophones sur l’évolution de la gou­ver­nance et des processus démocratiques dans la région, en particulier de­puis 1989, sera mis en perspective.

Mode d'évaluation

Dossier individuel (5 pages) autour d'une lecture dont le sujet précis sera fixé entre l'étudiant et le Professeur, et qui sera remis par écrit au Professeur après la fin du séminaire (le délai sera communiqué par le Professeur en classe).