Stages en responsabilité

Coformations 2023-2024

Comment les stagiaires apprennent et qu’apprennent-ils ? 
Accéder à l’expérience subjective des stagiaires en situation d’enseignement pour construire leur accompagnement

Comme vous le savez, la coformation des stages en responsabilité cherche chaque année à renforcer la cohérence du domaine III du programme de formation des enseignant-es primaires, consacré à l’intégration et au développement professionnel des étudiantes et étudiants. Elle cherche aussi à nous aider conjointement, formatrices et formateurs de terrain et universitaires, à affiner et partager nos regards ainsi qu’à accompagner et outiller les stagiaires dans leur cheminement.

Lors de la coformation du 24 novembre, nous souhaitons prendre le temps d’une journée afin de discuter et réfléchir autour de l’accès à l’expérience subjective des stagiaires en situation d’enseignement. En effet, la démarche d’accompagnement nécessite de saisir la personne en formation telle qu’elle est, avec ses connaissances, ses habitudes de travail, ses préoccupations au temps T. Sans cela le risque est grand que les feedbacks réalisés post-leçon ne correspondent pas à la manière dont la situation de stage a été vécue par les stagiaires. Dès lors, il ne s’agit plus de combler les « manques » d’un-e apprenant-e vis-à-vis des compétences visées et expertes, mais bien de partir de ce qui est « déjà-là » ; de façon non-déficitaire pourrait-on dire. Se posent alors des questions suivantes : qu’entend-on par le « vécu » des stagiaires ? Comment faire émerger ce vécu subjectif des stagiaires ? En tant que formateur/trice, comment « utiliser » au mieux ce vécu pour accompagner les stagiaires sans tomber dans une injonction normative d’un côté, ou, de l’autre, en les laissant simplement s’exprimer, sans que cela ne soit réellement utile à leur accompagnement? En quoi ce vécu nous aide à calibrer les feedbacks et les interventions formatives ? Que nous dit la recherche à ce propos ? Quelles sont les trajectoires de développement que suivent les stagiaires en formation ? 

Nous investiguerons ces questions avec l’aide de Marc Blondeau. Ancien instituteur, directeur d'école fondamentale et maître de formation pratique, Marc Blondeau est formateur d'enseignant-es à la Haute École Galilée (bientôt EPHEC Éducation) et chargé de cours invité à l'UCLouvain. Ses travaux s'inscrivent dans la suite de sa recherche doctorale et concernent la formation des enseignant-es, l'analyse de l'activité, la vidéoformation, les apprentissages issus de l'expérience et l'accompagnement. Il est le porteur du projet Néopass Stages, la déclinaison belge du programme de recherche Néopass@ction.

 

 Programme détaillé de la journée : ici

▶️ Plateforme—Néopass Stages : « des vidéos ramenant du réel dans la formation des futurs enseignants ».  Le portail de l’enseignemet en Fédération Wallonie-Bruxelles. http://www.enseignement.be/index.php?page=28692. Entretien avec Marc Blondeau, professeur à la Haute École Galilée et initiateur du projet, mise en ligne le 3 octobre 2023.

La présentation : ici

Implication des stagiaires dans le processus évaluatif :

Quelle autoévaluation pour quelle autorégulation ?

 

Un des enjeux de la formation en enseignement primaire est de préparer les futur-es enseignant-es à devenir des praticiens capables d’analyser leur action et de l’infléchir au gré de l’expérience. Le référentiel de compétences précise ainsi que les étudiant-es doivent pouvoir identifier leurs besoins de formation en termes de développement professionnel afin de réguler leur pratique.

Lors de cette journée de coformation, il s’agira de se pencher sur les démarches autoévaluatives proposées aux étudiant-es du CCEP afin de favoriser l’analyse de leur expérience, puis d’en estimer les effets lors du stage en cours ou des stages ultérieurs. Plus précisément. nous tenterons d’identifier les modalités d’autoévaluation, d’évaluation mutuelle et de coévaluation favorisant les processus d’anticipation, de contrôle et d’ajustement caractéristiques de l’autorégulation. Nous analyserons les outils proposés lors des stages en responsabilité et ceux mis en œuvre lors des séminaires d’analyse et de régulation de la pratique (SARP). Dans les premiers, ce sont notamment l’analyse de la pratique lors des tripartites et la coévaluation à l’aide d’une grille formative qui favorisent l’implication de l’étudiant-e. Dans les derniers, l’autoquestionnement, porteur de réflexions sur le sens du processus de formation, est mis en oeuvre dans un contexte d’interaction sociale. Outre une autoévaluation formelle, les stagiaires prennent distance sur eux-mêmes de manière plus informelle.

Tout au long de cette journée, il s’agira de répondre notamment à ces quelques questions : quels outils et quelles modalités favorisent et soutiennent l’implication des stagiaires dans leur processus évaluatif ? Comment les stages contribuent-ils à cette visée ? Quelle cohérence, voire continuité, peut-on identifier entre les outils proposés ? Quelles postures des formateurs-trices sont attendues pour favoriser l’autoévaluation des étudiant-es, notamment lors des tripartites ? Dans quelle mesure les compétences attendues sont-elles caractéristiques des formations en alternance visant la construction de savoirs articulant expériences professionnelles et apports théoriques ?

Nous réfléchirons ensemble à ces questions à l’aide de plusieurs dispositifs proposés lors de cette journée de coformation : une table ronde avec des professionnels et formateurs d’autres métiers dans lesquels la compétence d’autoévaluation est identifiée comme un outil de développement professionnel ; l’analyse de vidéos d’entretiens tripartites en groupes ; une présentation d’un intervenant externe complétée par un dialogue.

Nous pourrons bénéficier des apports de Pierre-François Coen, professeur à l’Université de Fribourg. Après avoir enseigné à l’école primaire, il a  dirigé le Service Recherche & Développement de la Haute école pédagogique de Fribourg ainsi que l’Unité de recherche EVIDENS (évaluation – identité – enseignement), et partagé la responsabilité du CRE/ATE (centre de recherche sur l’enseignement – apprentissage avec les technologies numériques. Parmi ses domaines d’expertise, dont l’éducation musicale, figure l’évaluation et la régulation des apprentissages. Il a organisé un colloque de l’ADMEE-Europe sur la thématique de l’évaluation et de l’autoévaluation et participé à plusieurs publications traitant des pratiques réflexives des futur-es enseignant-es.

 Programme détaillé de la journée :  coformation du 8 mars 2024 .pdf

Présentation de Pierre-François Coen : 240308-Conférence IUFE GE.pdf

Des outils "innovants" pour un compagnonnage réflexif réussi :

propositions et co-réflexions

Il est communément admis que les stages constituent de puissantes occasions de développement professionnel pour les étudiant-es. Composante essentielle de la formation, les stages ne remplissent pleinement cet objectif qu’à deux conditions fondamentales : en assurant la réussite de l’action et en permettant la compréhension de celle-ci et des conditions de sa réussite. Dans ce but, les stages se doivent d’être clairement encadrés et étayés par les formateurs/trices de terrain (FT), à la mesure des besoins de formation des étudiant-es .

Si, actuellement, les FT sont généralement bien outillé-es et formé-es pour remplir la première condition, il n’en est pas toujours de même pour la seconde. Ainsi, sur le terrain, une majorité d’entre eux/elles tente d’accompagner la réussite de l’action du stagiaire en dispensant de nombreux conseils directement puisés dans leur propre expérience. Cette forme de supervision vise principalement la réussite de l’action mais ne favorise pas toujours sa compréhension par un réel retour réflexif. Dans ce cas, même les meilleurs conseils d’un-e enseignant-e chevronné-e pourraient dès lors apparaitre contre-productifs, si ceux-ci ne sont pas accompagnés d’une analyse réflexive de l’action ou travail du stagiaire dans un environnement inédit et singulier de la classe. Autrement dit, en mettant trop l’accent sur le partage de son propre vécu professionnel, le/la formateur/trice de terrain, pourrait empêcher le/la stagiaire de trouver suffisamment d’opportunités d’élaborer sa propre compréhension de son expérience au travail.

Dans une logique de « compagnonnage réflexif », l’objectif de cette journée sera d’ouvrir la réflexion sur la manière d’accompagner les stagiaires en remplissant conjointement ces deux conditions. Plusieurs outils seront présentés (schéma photographique, miroir verbal, adaptation des grilles formatives en fonction des degrés, pense-bête pour accueil de qualité, entretiens feed-back) et discutés quant à leurs contributions pour aider les stagiaires à mieux analyser et comprendre leur activité

Pour nous éclairer sur ces outils d’accompagnement et leurs implications potentielles, nous aurons le plaisir d’accueillir les formateurs/trices de terrain qui en sont les concepteurs/trices dans la cadre du CAS O2A (CAS Observation, analyse et accompagnement des pratiques des enseignant-es en formation), ainsi que Charlotte Dejaegher, Maître de conférences à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l'Université de Liège, dont une partie des recherches et enseignements porte sur la formation et l'accompagnement des enseignant-es et futur-es formateurs/trices d'enseignant-es en utilisant les principes de la supervision réflexive.

Programme détaillé de la journée (PDF)