9 avril 2020

 

Lu dans la presse

Médecins et biologistes sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Mais des universitaires d’autres horizons s’emparent également du sujet dans les médias

 

Dans le contexte de la crise sanitaire, les entreprises multiplient les initiatives pour apporter leur soutien à la collectivité. Une aide bienvenue, mais dont les intentions réelles suscitent parfois le doute. «Doit-on craindre un coronawashing», demandait Le Temps dans son édition du 1er avril. Pour Dorothée Baumann-Pauly, directrice du Geneva Center for Business and Human Rights de l'UNIGE, «le réflexe d’aider est juste. Mais pour que ces initiatives prennent tout leur sens, elles devraient aller au-delà de la philanthropie et être en lien avec le cœur d’activité de l’entreprise. Lorsque des chaînes de grands magasins ou des enseignes d’ameublement fournissent les hôpitaux en draps de lit, c’est cohérent.» La spécialiste de l'éthique des affaires cite aussi l’exemple de constructeurs automobiles mis à contribution pour produire des ventilateurs entrant dans la fabrication des respirateurs nécessaires à la prise en charge des malades. «Cette crise est l’occasion pour les entreprises de montrer de quoi elles sont capables en termes de responsabilité sociétale», affirme la chercheuse. Saisir une opportunité ne signifie pas que l’opportunisme soit la seule motivation. «Afin de dissiper le doute, il faudrait formuler clairement l’aide requise pour lutter contre la pandémie et coordonner sa gestion à l’instar de la lutte contre le réchauffement climatique qui bénéficie d’objectifs et d’un agenda», suggère Dorothée Baumann-Pauly.

 

Le temps et la manière dont il s'écoule faisaient l'objet d'un sujet de l'émission AntiVirus du 6 avril sur RTS UN (à 13h20). Collaboratrice scientifique au Centre interfacultaire en sciences affectives (CISA), Nathalie Mella explique la dilatation du temps dans le contexte particulier du confinement: «La recherche montre qu'il y a un lien entre la façon dont le temps est perçu et les émotions ressenties. Les émotions fortes sont associées à un ralentissement du temps. Dans la situation actuelle, le sentiment d'anxiété qu'on peut ressentir va participer au fait d'avoir l'impression que le présent s'éternise. L'incertitude de la durée du confinement accentue encore plus ce caractère anxiogène.» Quant aux conséquences du confinement sur notre santé mentale, la spécialiste prévient: «C'est important de garder des repères temporels quotidiens – l'heure du lever ou du coucher, un partage entre temps de travail et temps familial, etc. – et des repères hebdomadaires – en marquant le week-end par exemple. Même si on n'est pas sûr de sa date, le déconfinement aura lieu et il faudra alors raccrocher avec les repères habituels de la société.»

 

Dans son édition du 6 avril, Le Temps s'intéressait à «La tentative désespérée des partis pour exister malgré le virus». Alors que tout un chacun est suspendu aux lèvres des conseillers fédéraux, des ministres cantonaux ou du désormais célèbre Daniel Koch de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), les propositions des partis apparaissent dérisoires. Ce qui pousse la journaliste Laure Lugon à se demander si le coronavirus a rendu la politique inopérante et s'il est encore possible de faire de la politique comme à l’accoutumée. Pour le politologue Pascal Sciarini, professeur au Département de science politique et relations internationales (sciences de la société), «les partis se rendent compte que ce serait déplacé, voire même risqué pour eux, de se profiler en temps de crise majeure. Mieux vaut se faire petit derrière la cause commune, une attitude que la Suisse connaît bien, étant fondée sur ce principe.» Le professeur note aussi que, dans les périodes perturbées, les électeurs et les électrices ont tendance à se rallier aux positions centristes, jugées plus raisonnables.