26 novembre 2020 - UNIGE

 

Événements

Exil: les paradoxes de l’identité

Le Global Studies Institute et la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation invitent le professeur François Ansermet pour un webinaire portant sur l’impact du processus migratoire sur l’identité.

 

 

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Deux participantes de l’un des repas organisés par l’association «Gemeinsam Znacht» (“Dîner ensemble”)  qui vise à favoriser les rencontres entre locaux et réfugiés. Zurich (2017). © Keystone

 

Au sein de nos sociétés, les questions d’identité religieuse, de fanatisme ou de xénophobie font débat. Pour comprendre les fondements de ces problématiques, François Ansermet, ancien directeur du Département de psychiatrie de la Faculté de médecine et ancien chef du Service de psychiatrie d’enfants et d’adolescent-es des HUG, propose ce jeudi une réflexion autour des mécanismes psychiques de la construction identitaire. 

«Lorsqu’une personne vit dans son pays, elle est homogène par rapport à la population qui l’entoure, puis lorsqu’elle migre, elle devient extraordinairement visible: la question de son identité se pose de façon intense», explique le professeur. L'exil est ainsi une rupture radicale qui, selon François Ansermet, révèle à chacun-e sa perplexité face à son origine. Cette fracture place celle ou celui qui s’exile dans la nécessité de réinventer son identité. Mais ce processus n’est ni linéaire ni exempt de contradictions: sentiments fluctuants de proximité et de différence dans la rencontre avec l’autre, ambiguïté des composants identitaires qui peuvent intervenir alternativement comme des facteurs d’assimilation ou de différence, passage d’un référentiel à un autre. Ce sont ces paradoxes de l’identité qui constitueront le cœur de l’intervention du psychanalyste.

 

Pour ce dernier, l’impact de l’exil ne touche pas seulement la personne qui migre mais également celle qui accueille et cette réflexivité est essentielle dans le processus de production d’une identité. «Pour ceux – assistants sociaux, juristes ou personnel médical – interagissant avec les migrants, il s’agit également d’une rencontre avec une part inconnue de soi, d’entrer en résonance avec une personne traversant l’expérience extrême de la migration forcée. Le familier et l’étranger s’entremêlent et le réfugié peut devenir extraordinairement semblable», poursuit François Ansermet.  

Mais cette proximité mobilise parfois, selon le psychanalyste, des résistances, chez le migrant comme chez celui qui le reçoit: «Chacun doit traverser cette expérience inédite, qu’est une rencontre avec soi-même au potentiel déstabilisateur. Ainsi, il arrive malheureusement qu'un individu ou un groupe dans la détresse tente de se sauver en constituant des appartenances destructrices.» Au contraire, le changement de cadre de référence au contact d’une population qui évolue dans une autre culture peut, selon le spécialiste, amener chacun-e, migrant-e et intervenant-e, à faire le tri entre ce qu’elle ou il souhaite conserver et à tracer pour lui-même une nouvelle trajectoire. «Plutôt que de cantonner le migrant à son identité d’exilé et à son origine, il est essentiel de prendre en compte ce qu’il souhaite devenir. À travers la perte et la souffrance, c’est le rapport au passé qui se trouve ébranlé, mais c’est aussi un rapport à un avenir à inventer qui est en jeu», explique François Ansermet. 

 

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François Ansermet                       

Ce webinaire public, qui s’inscrit dans le cours «Regard interdisciplinaire sur la migration forcée» lancé conjointement par le Global Studies Institute et la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, a pour objectif d’offrir un regard sur l’ensemble des domaines touchés par le phénomène migratoire: des soins médicaux aux aspects juridiques, en passant par les enjeux d’apprentissage. La démarche porte en elle également le souci de proposer des interactions entre participant-es et spécialistes. Le webinaire s’ouvrira ainsi sur une contribution de François Ansermet, qui sera suivie d’une discussion autour de témoignages de personnes issues de la migration et d’étudiant-es. Selon les termes du psychiatre, «un récit de vie peut avoir une portée énorme sur la personne qui le reçoit mais aussi sur celle qui le produit».

LES PARADOXES DE LA MIGRATION

Webinaire et conférence publiques de François Ansermet dans le cadre du cours "Regard interdisciplinaire sur la migration forcée"

Jeudi 26 novembre | 18h30 | 
Inscription au webinaire