Afin d’asseoir leur légitimité et d’assurer leur pérennité, les gouvernements de la Renaissance s’inspirent de modèles antérieurs. La République romaine et la Grèce antique servent de vecteurs à cette quête de légitimité. Ce mouvement s’inscrit toutefois dans un système qui, au lieu de restaurer les formes et les significations initiales des objets existants, les transforme. Les espaces sont réorganisés et les œuvres d’art investies de nouvelles interprétations.

Édité par Henri de Riedmatten, professeur boursier FNS à l’Unité d’histoire de l’art, et ses deux doctorant-es, Fabio Gaffo et Mathilde Jaccard, Restoration as Fabrication of Origins vise à clarifier les relations entre la restauration matérielle et la politique dans l’art de la Renaissance italienne. Cet ouvrage collectif, qui fait suite à un colloque organisé en mars 2021 en collaboration avec le Musée d’art et d’histoire de Genève, se concentre sur la question de l’origine en tant que point d’ancrage de l’identité politique, patrimoniale et culturelle. La restauration est-elle une invention d’un nouvel état de l’œuvre, une fabrication imaginaire de son état d’origine? Quels sont les recodages symboliques à l’œuvre dans les modifications matérielles des artefacts du passé? Dans leur analyse, les auteur-es s’intéressent aussi aux récits d’origine visant à fonder le présent plutôt qu’à témoigner d’un temps passé.