9 décembre 2020 - UNIGE

 

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COVID-19: les symptômes persistent dans un tiers des cas

Des médecins genevois montrent que certains symptômes du covid peuvent durer plus de six semaines, même en l’absence de facteurs de risques sous-jacents.

 

 

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Six semaines après avoir été testées positivement au SARS-CoV-2, un tiers des personnes souffrent encore de fatigue, de perte d’odorat et de goût, d’essoufflement ou de toux. C’est ce qui ressort d’une étude parue le 8 décembre dans la revue Annals of Internal Medicine pour laquelle Idris Guessous, professeur associé au Département de santé et médecine communautaires (Faculté de médecine), Mayssam Nehme, cheffe de clinique au Service de médecine de premier recours des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), et leurs collègues ont suivi près de 700 patientes et patients atteint-es du Covid-19 mais ne nécessitant pas d’hospitalisation. Même si, en quelques mois, les connaissances médicales et scientifiques autour du SARS-CoV-2 ont été considérablement renforcées, l’évolution et les conséquences à long terme de ce nouveau virus – phénomène appelé «covid-long» – restent mystérieuses.

 

Dispositif de suivi
«Dès l’arrivée de la pandémie dans notre pays, nous avons été confrontés à de nombreuses questions, explique le professeur Idris Guessous, qui a dirigé ces travaux. Nous avons mis sur pied dès le mois de mars le dispositif Covicare qui offre un suivi à distance aux malades pouvant être pris en charge de manière ambulatoire en l’absence de leur médecin traitant. Nous avons ainsi pu mieux comprendre l’évolution de la maladie chez des personnes ne souffrant, pour la majorité d’entre elles, ni de facteurs de risques particuliers ni d’une forme grave de la maladie.»
L’étude a suivi 669 personnes dont l’âge moyen est de 43 ans. Parmi celles-ci, 60% sont des femmes, 25% des professionnelles et professionnels de la santé et 69% ne présentent aucun facteur de risques liés à des complications du Covid-19. Six semaines après le diagnostic, près d’un tiers des participantes et des participants présentaient encore un ou plusieurs symptômes liés à la maladie, principalement la fatigue (14%), l’essoufflement (9%) et la perte de goût ou d’odorat (12%). Une toux persistante a été rapportée dans 6% des cas et des maux de tête dans 3%.
«Outre la pénibilité physique de leurs symptômes, beaucoup de patientes et de patients étaient très inquiets de ne pas savoir combien de temps allaient durer leurs symptômes, souligne Mayssam Nehme, première auteure de l’étude. Pour certaines séquelles, il n’y a d’ailleurs toujours pas de réponse médicale claire. Dans l’état actuel des connaissances, il est important d’accompagner les personnes concernées et de les écouter.» Dans cette optique, les HUG ont créé une consultation spécifique pour les cas de covid-long afin d’améliorer leur prise en charge et de les guider à travers le système de santé.

Optimiser la prise en charge
Selon les auteur-es, la persistance des symptômes doit être reconnue pour, d’une part, légitimer les préoccupations des patientes et des patients face à une maladie nouvelle et inconnue et, d’autre part, optimiser leur prise en charge. «Cela passe par une campagne d’information auprès de la population et du personnel soignant mais aussi, plus largement, auprès des employeurs, des assurances et de la société en général, écrivent-ils. Il est essentiel que toutes et tous se rendent compte que même des personnes a priori en bonne santé peuvent se retrouver épuisées par la Covid-19, encore plusieurs semaines ou mois après l’infection.» L’étude genevoise se poursuit d’ailleurs afin de suivre l’évolution de ces malades jusqu’à douze mois après l’infection.

 

 

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