14 septembre 2023 - Rachel Richterich

 

Vie de l'UNIGE

La Faculté de médecine abolit la clause d’échec définitif

Les étudiant-es qui auront subi un échec définitif en fin de première année de bachelor pourront désormais reprendre leurs études de médecine, passé un délai de quelques années.

 

 

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Bibliothèque du Centre médical universitaire. Photo: Olivier Zimmermann


La mesure a son importance dans l’histoire de la Faculté de médecine. Jusqu’à présent, les étudiant-es en situation d’élimination à l’aube de leur deuxième année de bachelor étaient définitivement écarté-es des études médicales en Suisse, et donc forcé-es de changer de vocation. Cette clause d’élimination permanente est aujourd’hui supprimée.

 

«Les personnes ayant subi un échec dit définitif pourront désormais se réinscrire en médecine à l’UNIGE, passé un délai de sept ans depuis leur dernière inscription dans la filière d’études de médecine», précise Mathieu Nendaz, vice-doyen de la Faculté de médecine, responsable de la formation pré-graduée. Le règlement d’études en médecine humaine, médecine dentaire et sciences biomédicales a été modifié en ce sens.

Le délai retenu tient compte du fait que certain-es étudiant-es peuvent tenter plusieurs fois le concours. Il permet en outre de suivre une autre formation dans l’intervalle de type master. Et il est similaire à ce qui se pratique à l’Université de Lausanne (huit ans).

 

Pénurie de médecins

À l’instar de ses voisins européens, la Suisse connaît une pénurie de médecins qui ne cesse de s’aggraver, notamment en raison du vieillissement de la population. «Pour répondre à la demande, il faudrait former quelque 1300 nouveaux/elles médecins par an en Suisse, avertit le Dr Philippe Eggimann, vice-président de la FMH, l’organisation professionnelle des médecins. Or, actuellement, 1100 diplômé-es sortent chaque année des universités helvétiques, ce qui fait que nous sommes tributaires des médecins qui viennent de l’étranger.»

 

Places de formation en augmentation

L’UNIGE a progressivement augmenté la capacité d’accueil en 2e année, passant de moins de 100 places avant 2016 à 158 aujourd’hui (dont une dizaine est réservée à des étudiant-es au titre d’engagement de l’UNIGE auprès d’autres universités et programmes passerelles).

Les modalités d’accès aux études sont déterminées par les facultés concernées. En Suisse alémanique, à Fribourg et au Tessin, la sélection se fait au travers d’un test d’aptitude qui s’effectue avant d’entrer à l’Université. À Genève, à la suite d’une votation du Grand Conseil, un concours a été introduit en fin de première année d’études (dès l’année académique 2017-18). À Lausanne, le même type de concours vient d’être instauré à la rentrée 2022-23.

En d’autres termes, à Genève, tous/tes les étudiant-es sont admis-es en 1re année, mais, sur les quelque 380 qui se présentent à l’examen de fin d’année, seul-es les 158 qui y obtiennent les meilleurs résultats peuvent poursuivre leur cursus.

«Ce statut de ‘réussi non pris’ évite à l’étudiant-e le handicap d’un échec universitaire dans son historique personnel, et permet dans certains cas de faire valoir les crédits obtenus. Notamment dans des passerelles vers la biologie et les sciences biomédicales à l’UNIGE», relève Mathieu Nendaz.

Difficile de dire à ce stade l’effet qu’aura la suppression de la clause d’élimination définitive sur le nombre d’immatriculations. Pour Philippe Eggimann, «le risque est grand que les étudiant-es choisissent une autre voie, d’autant qu’il faut prévoir une dizaine d’années de formation avant de pouvoir travailler comme médecin, en comptant les études et le post-grade indispensable pour pouvoir exercer». Le responsable de la FMH redoute également que cela augmente notre dépendance à d’autres pays: à l’heure actuelle, 15’783 médecins (39,5%) en exercice en Suisse sont titulaires d’un diplôme d’origine étrangère, selon des données de la FMH pour 2022.

 

Valoriser les généralistes

Reste qu’augmenter le nombre de diplômé-es ne suffira pas à combler la pénurie actuelle. «Pour ce faire, il s’agira plutôt de les encourager par la suite, lors de la formation post-graduée, à choisir les spécialités dont la société a besoin et à la pratiquer dans des régions en déficit», observe Mathieu Nendaz.

Le domaine le plus touché par la pénurie actuelle de spécialistes est celui de la médecine de famille – généralistes et pédiatres. Avec 0,8 en équivalent temps plein, la densité de médecins de famille pour 1000 habitant-es est depuis des années inférieure à la valeur recommandée de 1, avertit la FMH dans une statistique publiée l’an passé.

Cela s’explique par des conditions de travail plus difficiles en termes d’horaires, mais aussi de rémunération (tributaire des tarifications étatiques). «Nous essayons de stimuler les futur-es médecins à s’intéresser à la médecine de premier recours par le biais de stages en cours d’études et diverses autres activités proposées durant tout le cursus par notre Institut de médecine de famille et de l’enfance», souligne Mathieu Nendaz. La hausse du nombre de places en formation ces dernières années risque toutefois de n’avoir que peu d’effets si des mesures supplémentaires ne sont pas prises pour améliorer l’attractivité de certaines spécialités.

 

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