Colloques et séminaires
16 octobre 2025 de 10h15 à 13h00, salle Colladon: F. Colin (Université de Strasbourg)
Du « vieux libyque » aux portraits d’oasiens proto-amazighs dans le Sahara égyptien. Une question à la croisée de l’archéologie, de la linguistique, de l’iconologie et de la théorie des graphes.
Les premiers témoignages de langues libyco-berbères se détectent dans des textes hiéroglyphiques et hiératiques depuis le XIVe siècle avant notre ère (sous la XVIIIe dynastie), via des ethnonymes, des anthroponymes et des titres de fonction. J’ai proposé voici trente ans de nommer « vieux libyque » cet ensemble linguistique connu seulement par des indices indirects, en référence à l’écriture et aux langues « libyques » mieux connues à des périodes plus récentes de l’Antiquité. Les tentatives d’identifier des traces du vieux libyque plus haut dans la chronologie de l’Égypte ancienne n’ont pour l’instant pas fourni de résultat réellement convaincant, non plus que les propositions comparatistes d’interprétation sémantique de termes isolés – qui pour convaincre demandent d’être déjà convaincu avant l’analyse de leur berbérité.
Depuis une trentaine d’années, une série de découvertes archéologiques et épigraphiques invite à situer dans le Sahara égyptien, du 7e au 5e siècle avant notre ère, un missing link permettant de relier les « Libyens » que les égyptologues identifient à partir du Nouvel Empire aux Λίβυες des auteurs grecs de l’Antiquité classique. Cette équation, couplée à la démographie linguistique actuelle et à l’interprétation d’un passage d’Hérodote, justifie également de ranger le vieux libyque dans la famille de langues tamazight (langues berbères) et de considérer les « Libyens » égyptologiques comme des proto-amazighs.
26 mars 2026 de 10h15 à 13h: Sylvie Donnat (Université de Lille)
La relation texte – image dans les papyrus-amulettes de l’époque ramessides et du début Troisième Période intermédiaire.
La pratique des papyrus-amulettes se développe particulièrement en Égypte à partir de l’époque ramesside. Ces amulettes (curatrices ou protectrices) se présentent sous la forme de feuillets quadrangulaires de papyrus inscrits d’un texte en hiératique (« les paroles divines ») et d’images (« ces dieux »), puis pliés de sorte à former un petit paquet de quelques centimètres à porter sur le corps. Ils mobilisent des répertoires textuels et iconographiques souvent présents dans les recueils formulaires, voire attestés aussi parfois sur d’autres supports sur le temps long. Un des éléments à prendre en compte pour l’interprétation générale du dispositif graphique, censé être efficace, est la question de la nature de la relation entre le contenu du texte et les images reproduites. À travers l’étude d’un choix de documents, dont le papyrus Louvre E 32311 qui comporte, entre autres, un dessin de crocodile hiéracocéphale et une description textuelle de celui-ci dans son invocation écrite, on tentera d’identifier les différents types de relation texte – image attestés dans le corpus, et aussi de comprendre, sur un plan plus général, le rôle respectif de chacun de ces composants dans la construction de l’efficacité culturellement attendue de ces artefacts. Dans certains cas, du fait de la nature du système hiéroglyphique, la question du statut de certains motifs (figuration imagée ou nomination écrite) se pose.