Journal n°92

L’EPO protège le cerveau des grands prématurés

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L’administration d’érythropoïétine (EPO) permet de réduire de manière importante les lésions cérébrales chez les enfants nés avant la 32e semaine de grossesse

Chaque année, plus de 2,5 millions d’enfants viennent au monde avant la 32e semaine de grossesse. Ces bébés, définis par la médecine comme des «grands prématurés», ont aujourd’hui de bonnes chances de survie. Ils présentent néanmoins un risque plus élevé que la moyenne de développer des troubles neurologiques qui peuvent se traduire par un retard de croissance, des difficultés d’apprentissage, des problèmes de coordination, des difficultés de langage, un déficit de l’attention, voire de l’hyperactivité.

Une hormone connue

Or, selon une étude pilotée par Petra Susan Hüppi, professeure à la Faculté de médecine et cheffe du Service de développement et croissance du Département de pédiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève, l’administration, juste après leur naissance, de trois doses d’érythropoïétine (EPO) permet de réduire de manière importante les lésions cérébrales chez ces bébés.

L’érythropoïétine (EPO) de synthèse, dont l’effet dopant chez les sportifs est bien connu, est un traitement couramment utilisé pour prévenir l’anémie, en cas d’insuffisance rénale chez les adultes par exemple, mais aussi chez les prématurés, ce qui permet de diminuer le nombre de transfusions sanguines.

Plusieurs études ont par ailleurs démontré que cette hormone présentait un effet neuroprotecteur.

Afin d’en vérifier les effets sur les prématurés, l’équipe genevoise a examiné les IRM de 165 enfants dont la moitié avait reçu trois doses d’EPO dans les deux jours suivant leur naissance. «Nous avons constaté que les cerveaux des enfants traités présentaient beaucoup moins de lésions que ceux du groupe qui avait reçu un placebo», rapporte Russia Ha-Vinh Leuchter, coauteure de cette étude publiée dans le Journal of American Medical Association. Ce résultat atteste pour la première fois de l’effet bénéfique de cette hormone sur le cerveau des prématurés.»

Premier pas

Il ne s’agit cependant que d’un premier pas. L’étude genevoise s’insère en effet dans un programme national portant sur 495 enfants nés en Suisse entre 2005 et 2012 qui participeront à différents tests à l’âge de 2, puis de 5 ans. «Ces mesures devraient confirmer l’effet du traitement par EPO sur les troubles neuro-développementaux que présentent souvent les grands prématurés au cours de leur enfance», souligne Petra Hüppi. «Si c’est effectivement le cas, nous aurons fait un pas décisif dans la prévention des lésions cérébrales chez les bébés prématurés.»