12 septembre 2023 - UNIGE

 

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8 milliards d'humains. Trop peuplée, la planète?

Faut-il craindre la surpopulation? Ou, au contraire, le vieillissement de la population? Démographe, professeure à la Faculté des sciences de la société, Clémentine Rossier apportera des éléments de réponses à ces questions, lors de sa conférence, en ouverture du semestre d'automne, le mardi 19 septembre.

 

 


Le Journal : la population mondiale va-t-elle continuer d’augmenter?
Clémentine Rossier
: On a tendance à dire ou à penser qu'aujourd'hui on serait en train de se stabiliser. Mais en fait, ce n'est pas vrai du tout. La population, elle, continue de croître. Donc on a atteint les 8 milliards à la fin de l'année passée et la croissance, elle va continuer encore pendant quelques décennies. la stabilisation va ne devrait intervenir que vers la fin du siècle. Donc on est aux prémices de cette de cette évolution, de cette stabilisation. Et c'est vrai qu’aujourd'hui déjà on voit que les taux de fécondité au niveau mondial restent assez bas. Mais il y a ce phénomène du momentum démographie qui fait qu'on va continuer à croître, très vite en fait, et à ajouter encore 2 milliards, c'est énorme, c'est un quart de notre population actuelle au cours des décennies qui viennent. Et ces 2 milliards, ils vont s'ajouter dans les pays les plus pauvres du monde. C'est un défi au moment où il faut développer ces pays, et c'est aussi des pays qui sont souvent cités comme les plus fragiles par rapport aux menaces du changement environnemental.

 

Faut-il craindre un vieillissement de la population dans les pays riches?
Les taux de fécondité sont bas, voire très bas dans les pays riches depuis un bon moment déjà. Et c'est là qu'on observe ces phénomènes de vieillissement. C'est grâce à la migration que notre population reste stable. Cela pose un certaines questions. Arriverons nous à intégrer ces populations étrangères pour rester justement stables et maintenir notre économie? Ce sont des questions aussi qui vont être clés dans les décennies suivantes dans les pays riches.

On parle d’éco-anxiété. Cela se reflète-t-il dans les taux de fécondité?
Il y a effectivement des minorités qui sont très conscientes et qui n'ont qui n'ont plus envie de s'engager dans un projet d'enfant. Mais qu'on creuse et qu'on mène des études avec eux, on se rend compte qu'il y a beaucoup d'autres raisons qui font que c'est en fait peut être le groupe qui, de toute manière, ne voulait pas avoir d'enfants, qui ajoute une raison de plus. Et ce qu'on observe aussi, c’est qu'aujourd'hui les jeunes couples parlent de ce futur environnemental. Ça fait partie des discussions entre monsieur et madame quand ils se posent la question de l'enfant.

Les programmes de contrôle des naissances font-ils encore sens aujourd’hui?
ça reste très important de continuer à promouvoir les programmes de santé sexuelle et reproductive dans les pays les plus pauvres, parce qu’on a pu repositionner ces programmes dans les années 90 comme un droit humain, un droit des femmes. Et c'est clair que de pouvoir espacer ses naissances, éviter une grossesse quand on va à l'école. En fait, ce sont des éléments clés pour la promotion du droit des femmes dans ces pays. Alors aujourd'hui, justement, les contrastes Nord-Sud sont extrêmement intéressant et en fait paradoxaux. Ici, au Nord, lorsqu'on pense à la contraception, on se pose la question de l'imposition de la contraception sur le corps des femmes, de la médicalisation de cette pratique. Et les hommes, que font ils? On voit pratiquement la contraception médicale comme un facteur d'inégalité de genre. Un de plus. Quelle contraception exactement? Ça, c'est un peu des réflexions de pays riches. Mais dans les pays du Sud où peut-être les hommes ne sont pas très chauds pour avoir moins d'enfants et laisser leurs femmes finir leurs études ou repartir sur le marché du travail, les femmes ont intérêt à s’approprier cette pratique. Dans les pays les plus pauvres,  de pouvoir espacer ces naissances pour éviter une grossesse, quand on est à l'école,en fait, ce sont des éléments clés pour la promotion du droit des femmes dans ces pays.

8 milliards d'humains. Trop peuplée la planète?
Conférence de Clémentine Rossier

Mardi 19 septembre 2023 | 18h30
Uni Dufour, Rue du Général Dufour 24, 1204 Genève

Entrée libre, sans inscription

Page web de l'événement


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