Le 4 novembre 1975, la première université du 3ᵉ âge de Suisse voyait le jour à Genève, lors d’une séance inaugurale dans l’auditoire Piaget d’Uni Dufour. Cinquante ans plus tard, jour pour jour, comptant quelque 2000 adhérent-es supplémentaires (440 à la création, 2450 en 2024), Uni3 fête son demi-siècle dans ce même bâtiment, cette fois dans l’auditoire Rouiller. L’institution a été fondée sous l’impulsion d’André Chavanne, alors chef du Département de l’instruction publique, sur le modèle imaginé quelques années plus tôt à Toulouse par le professeur Pierre Vellas. Pour réaliser ses objectifs – «retarder le vieillissement, favoriser un art de vivre au 3ᵉ âge et stimuler la créativité» –, Uni3 propose un programme de conférences, cours et séminaires, ateliers, visites culturelles et billetterie de concerts et spectacles, dont la formule est presque identique depuis cinquante ans. «Le format n’a presque pas changé, confirme Gyl Vigneron, directeur d’Uni3. La pierre angulaire reste les conférences, qui demeurent d’ailleurs ce que les gens attendent en priorité. C’est ce qui distingue Uni3: une orientation résolument scientifico-académique, centrée – à quelques exceptions près – sur l’apprentissage plutôt que sur les loisirs.»

Stimuler l’esprit

Pour concocter un programme riche qui fidélise ses adhérent-es, Uni3 compte sur son comité scientifique – composé d’une trentaine de membres issus des différentes facultés de l’Université de Genève, ainsi que d’institutions partenaires –, lequel sélectionne les thèmes et les intervenant-es. Ce comité est soutenu par le conseil de fondation, l’équipe salariée ainsi qu’une cinquantaine de bénévoles qui animent et accompagnent les ateliers, les visites culturelles et les conférences. Ces activités ont pour but principal de maintenir une stimulation intellectuelle, même si elles favorisent aussi les rencontres et les échanges.

«J’ai noué des amitiés qui se prolongent bien au-delà des cours, témoigne Maïlah Le Guennec, adhérente à Uni3. Ces activités m’ont permis de créer des liens précieux tout en continuant à me cultiver au quotidien.» «Uni3 m’a permis d’améliorer mes connaissances, ce qui est important, surtout quand on n’a pas eu la chance d’étudier, même dans sa jeunesse. L’âge de la retraite permet de combler ces lacunes», indique, quant à lui, Michel Sangsue, également adhérent à Uni3.

Savoir et partage

Si 55% environ des adhérent-es ont déjà un parcours universitaire, Uni3 ouvre aussi la porte à celles et ceux qui souhaitent découvrir de nouveaux savoirs et se lancer dans une deuxième vie d’apprentissage. De nombreux adhérents et adhérentes sont par ailleurs auditeurs/trices libres à l’UNIGE – l’accès étant gratuit une fois membre d’Uni3.

En 2024, ses 2450 membres comptent près de 72% de femmes, avec une moyenne d’âge de 73,5 ans. «C’est un public attentif et réactif, dont l’expérience de vie enrichit et dynamise les cours», constate Roland Maurer, maître d’enseignement et de recherche à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation. La pandémie de Covid-19 a toutefois mis ce lien social à mal, lors du basculement de nombreuses activités en ligne: des 3200 adhérent-es alors présent-es, près de 800 n’ont pas retrouvé le chemin d’Uni3.

À l’heure de célébrer ses 50 ans, Uni3 se projette en souhaitant renforcer sa visibilité, attirer de nouveaux membres – notamment de jeunes retraité-es – et s’ouvrir davantage encore à la cité. Cela passe par des collaborations avec d’autres institutions culturelles et avec le réseau U3, qui fédère les universités suisses pour seniors, ainsi que par des actions de préparation à la retraite et de sensibilisation au vieillissement actif. «Uni3 repose sur une formule éprouvée, mais reste un organisme vivant, conclut Gyl Vigneron. On apprend, on échange, on crée du lien et on accueille toujours de nouvelles adhérentes et adhérents. Ceux qui se désinscrivent le font surtout pour des raisons de santé, de mobilité ou de manque de temps, ce qui montre que le programme plaît.»

Le coup d’envoi des festivités aura lieu le mardi 4 novembre avec une conférence sur l’art et la science, suivie de discours officiels et d’une célébration conviviale pour marquer ce demi-siècle.

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