6 novembre 2025 - Jacques Erard
Face aux dérives autoritaires, l’État de droit en rempart
Avec la participation de trois Prix Nobel de la paix, la Semaine des droits humains s’engage cette année sur la défense de l’État de droit. Tour d’horizon.

La démocratie ne peut subsister sans un cadre juridique solide, garantissant la séparation des pouvoirs, la prévisibilité des normes et la protection des droits fondamentaux. Placée sous le thème «Défendre l’État de droit», l’édition 2025 de la Semaine des droits humains cible l’actualité la plus brûlante. Elle s’inscrit aussi dans la continuité de l’édition précédente, qui avait mis l’accent sur la vulnérabilité des régimes démocratiques contemporains au travers des notions de crise de la représentation, de montée des populismes, de polarisation sociale, de désinformation liée au numérique et d’affaiblissement du débat public.
«Le choix de cette thématique vise à rappeler que l’action des citoyennes et citoyens, par l’utilisation des droits qu’elles/ils ont à disposition, consolide et enrichit la démocratie, souligne Frédéric Esposito, chargé de cours au Global Studies Institute (GSI) et président de la Semaine des droits humains. Dans des contextes de dérive autoritaire, identifier et condamner les mesures qui mettent en péril le socle juridique sur lequel repose le fonctionnement des sociétés démocratiques s’avère primordial.»
La défense de l’État de droit revêt une signification particulière dans l’est du continent européen, où le vent de liberté provoqué par l’effondrement de l’Union soviétique a été réfréné par les attaques contre l’indépendance du pouvoir judiciaire dans plusieurs pays. C’est dans ce contexte que le Prix Nobel de la paix a été attribué, en 2022, à Ales Bialiatski, fondateur de l’ONG biélorusse Viasna ainsi qu’à deux ONG: l’une, ukrainienne, le Center for Civil Liberties, l’autre, russe, Memorial Society. La conférence d’ouverture de la Semaine des droits humains donnera la parole à trois des lauréat-es, Natallia Satsounkevitch (Viasna Human Rights Centre), Alexandre Tcherkassov (Co-fondateur et président du conseil d’administration du Centre des Droits humains Memorial Society) et Oleksandra Matviïtchouk (Center for Civil Liberties).
Tensions dans l'espace public
La thématique retenue cette année sera également abordée par le biais d’un colloque scientifique international au cours duquel des chercheurs et chercheuses apporteront des éclairages sur les transitions militaires et l’État de droit en Guinée, l’évolution récente du système juridique européen, les régimes de sanctions internationales et la fonction judiciaire internationale face aux exigences de l’État de droit.
En clôture, une rencontre sera dédiée à la situation au Soudan qui est, selon l’ONU, l’une des pires crises humanitaires du XXIe siècle. Théâtre de tueries sans fin, dans la quasi-indifférence de la communauté internationale, le conflit aurait causé, selon les estimations, la mort de plus de 150 000 personnes et le déplacement de plus de 12 millions d’autres.
La question des violences policières sera également soulevée à l’occasion d’une table ronde, dans le contexte des débats récents sur le droit de manifester et des tensions dans l’espace public, telles qu’observées récemment à Genève et en Suisse.
Parallèlement à ce volet académique, la Semaine des droits humains proposera un riche programme culturel, avec notamment un spectacle de théâtre participatif auquel des élèves des établissements secondaires ont été associé-es. La danseuse et chorégraphe Leslie Mannès invitera, elle aussi, son public à participer aux dispositifs d’accueil qu’elle a imaginés pour faire jaillir de nouveaux imaginaires collectifs. Une exposition permettra en outre de découvrir le travail photographique d’André Gazut, ancien grand reporter à la Télévision suisse romande qui, dans les années d’après-guerre, a couvert les conflits en Algérie, au Vietnam ou en Palestine notamment.
Étudiant-es co-organisateurs/trices
La participation des étudiant-es du Global Studies Institute au comité d’organisation et à l’élaboration du programme est l‘un des éléments constitutifs de la Semaine des droits humains. Cette participation passe notamment par la formule des Geneva Human Rights Talks, un TEDx customisé, coorganisé par des associations d’étudiant-es. Cette année, des intervenant-es issu-es du monde académique, judiciaire, associatif et politique débattront avec des étudiant-es de la thématique «Autoritarisme, populisme, jeunesse: qui protège encore l’État de droit?»
«Défendre l’État de droit»
Semaine des droits humains
Du 10 au 14 novembre
Programme complet