La linguistique moderne souffle sa 100e bougie
Cent ans après la publication de son œuvre posthume, le «Cours de linguistique générale», l’Université de Genève rend hommage à son auteur, Ferdinand de Saussure
L’année 2016 marque le centenaire de la publication de l’ouvrage fondateur de la linguistique moderne, le Cours de linguistique générale, paru trois ans après la disparition de Ferdinand de Saussure. L’occasion de rendre hommage au célèbre linguiste suisse par une série d’événements qui jalonneront l’année. A l’UNIGE, c’est l’inauguration, le 21 janvier dernier, de la salle Ferdinand de Saussure à Uni Bastions qui a marqué le coup d’envoi. Suivra notamment un grand colloque organisé entre Paris et Genève: les deux villes qui ont compté dans la carrière du linguiste.
Un arbre généalogique riche
Issu d’une famille genevoise ayant compté de nombreux illustres savants – il est à la fois l’arrière- petit-fils du géologue et alpiniste Horace-Bénédict de Saussure, le petit-neveu du botaniste codécouvreur de la photosynthèse Nicolas-Théodore de Saussure et le fils de l’entomologiste Henri de Saussure – Ferdinand de Saussure n’a pas failli à la tradition familiale, marquant l’histoire de l’étude des langues de son génie. Outre ses travaux encore pertinents aujourd’hui en grammaire comparée et en philologie, sa principale contribution a été de poser les bases de la linguistique moderne, de faire de l’étude de la langue un système de pensée cohérent, qui obéit à des règles et que l’on peut soumettre à l’étude scientifique.
Parution posthume
L’acte fondateur de cette discipline est la publication de l’ouvrage connu sous le nom de Cours de linguistique générale, paru en 1916. L’ouvrage, considéré comme la référence intellectuelle de la linguistique moderne à travers le monde, n’est curieusement pas de la main du chercheur genevois. Il s’agit en fait d’une compilation de notes d’élèves ayant suivi les cours que le maître a donnés à Genève en 1907, 1909 et 1911. C’est que, si Ferdinand de Saussure était de son temps l’un des meilleurs connaisseurs des langues et de leur étude, il entretenait une phobie de l’écrit, avouant «une horreur maladive de la plume».
Les conditions particulières de l’élaboration du Cours de linguistique générale n’ont pas empêché l’ouvrage de rencontrer un succès éditorial considérable. Il a contribué à diffuser la pensée saussurienne dans le monde entier, et des savants comme Claude Lévy-Strauss, Jacques Lacan et Roland Barthes y ont puisé les fondements du structuralisme.