30 septembre 2020 - Jacques Erard

 

Vie de l'UNIGE

Examens à distance: un premier bilan positif

En dépit de nombreuses appréhensions, les examens à distance de la session de mai-juin se sont dans l’ensemble bien déroulés. Les explications de Céline Carrère, directrice au Rectorat chargée de coordonner l’opération avec la vice-rectrice Micheline Louis-Courvoisier.

 

 

iStock-1146488500.jpg


Dans le climat d’incertitude généralisée qui a dominé les premières semaines de confinement, la décision prise par le Rectorat de l’UNIGE le 25 mars 2020 de maintenir la session d’examens de mai-juin a eu le mérite d’apporter de la clarté. Il s’agissait toutefois d’un pari audacieux, l’Université n’ayant jamais eu à organiser autant d’examens à distance. Les équipes de la DiSTIC chargées du dispositif informatique ainsi qu’une poignée d’enseignant-es pouvaient certes tabler sur l’expérience acquise ces dernières années dans ce domaine. Le saut d’échelle – passer de quelques dizaines d’examens à plusieurs centaines – représentait cependant un défi à multiples inconnues.

À l’heure du premier bilan, le soulagement prévaut. Sur le plan technique, l’infrastructure a tenu le choc des 34'192 passations individuelles enregistrées (hors examens oraux). Les quelques problèmes apparus ont été pour l’essentiel dus à des erreurs de manipulation et de navigation ou de formatage des examens sur la plateforme Moodle Examens, retenue pour cette session. Il est arrivé par ailleurs que des étudiant-es rencontrent des difficultés liées à leur équipement informatique, comme des coupures ou des ralentissements sur le réseau ou encore un ordinateur qui dysfonctionne.

 

La session n’a pas donné lieu à des écarts dramatiques

Le Rectorat a pu présenter des chiffres qui confirment qu’en dépit de la situation particulière, la session s’est déroulée relativement normalement et n’a pas donné lieu à des écarts dramatiques par rapport aux années précédentes. On observe ainsi une baisse de la participation, de l’ordre de -3% pour les bachelors et de -4% pour les masters, en comparaison avec la session de mai-juin 2019. Quant au taux de réussite, il a été légèrement plus élevé, de +5% pour les bachelor et de +2% pour les masters.

La baisse de participation s’explique certainement du fait de la situation personnelle difficile de certain-es étudiant-es. «Pour ce qui est de la légère hausse des taux de réussite, il est plus difficile de se prononcer, estime Céline Carrère, directrice au Rectorat, chargée de coordonner l'opération avec la vice-rectrice Micheline Louis-Courvoisier. On peut toutefois avancer quelques explications. Le changement des modalités des examens a certainement joué un rôle, certain-es étudiant-es ayant la possibilité de convertir leur examen écrit en oral ou en travaux à rendre, des formats qui leur conviennent peut-être mieux. Les enseignant-es avaient aussi pour consigne de faire preuve de bienveillance dans le calibrage des examens. Enfin, les étudiant-es inscrit-es étant moins nombreux-ses, ce sont peut-être les mieux préparés qui se sont présentés.»

La fraude peut-elle aussi expliquer cet écart dans la réussite? «Je pense sincèrement que cela n’a pas été un facteur prépondérant, avance Céline Carrère. La fraude existe aussi lors des examens sur table, même si la situation à distance a pu la faciliter.» Le Rectorat a néanmoins proposé des mesures pour prévenir les tentatives, notamment le fait de découper les examens en parties limitées à une durée d'une heure afin de gommer au maximum les possibilités de communication entre étudiant-es. Certain-es enseignant-es ont également adopté un système de randomisation des séquences de questions-réponses permettant d’apporter des variations d’un-e étudiant-e à l'autre.

 

céline-carrere.jpg

La professeure Céline Carrere est directrice au Rectorat
chargée notamment de l'interdisciplinarité.

Quant aux incidents plus ponctuels, Céline Carrère s’est rapidement rendu compte de la difficulté de fournir des données signifiantes: «Les chiffres auraient été biaisés du fait que de nombreux incidents ont été résolus sans être signalés et il est probable que certain-es étudiant-es n'aient pas contacté les services à leur disposition lorsqu'ils rencontraient un problème.» Les quelques données disponibles semblent néanmoins faire état, là encore, de pourcentages très marginaux. Les étudiant-es ont par ailleurs eu droit à un traitement compréhensif de la part des enseignants lorsqu’elles ou ils ont dû faire face à un problème pénalisant, et ont souvent pu bénéficier d'un temps supplémentaire ou d'autres aménagement. La directrice insiste toutefois: «Je ne veux surtout pas minimiser ce qu’ont vécu les quelques étudiant-es ou enseignant-es ayant été confronté à ces problèmes. Les examens sont toujours une source de stress. L’outil informatique en a rajouté et chaque situation de blocage a pu conduire à des moments très désagréables pour l’ensemble des acteurs et actrices concernées.»

 

Une infrastructure de choc

Si l’opération s’est globalement bien déroulée, c’est d’abord parce qu’un travail très conséquent a été réalisé pour installer une infrastructure informatique de choc. «Nous avons mis en place six instances de Moodle Examens, couvrant les besoins annoncés par chaque faculté et centre par rapport au nombre des passations prévues, explique Omar Benkacem chargé de coordonner le dispositif. Cela a permis de limiter les risques de saturation, chaque instance facultaire disposant des serveurs séparés. Il y avait environ 1000 connexions simultanées par faculté. Certains jours, jusqu’à 5000 connexions.»

Il s’est ensuite agi de former les enseignants à l’utilisation de la plateforme Moodle Examens. À cet effet, des référents ont été identifiés dans chaque faculté et centre interfacultaire. À la Faculté des sciences, une équipe de 14 personnes a endossé ce rôle, sous la direction du décanat et la coordination de Jonas Latt, professeur d’informatique. «Notre équipe, qui représente les divers départements et sections de la Faculté, a pris en charge la formation en amont et le monitoring durant les examens. Une grande partie des enseignant-es n’étaient pas familiarisé-es avec la plateforme et cela a exigé de leur part un important effort d’adaptation. On peut cependant considérer qu’il s’agit d’un investissement. Certain-es seront peut-être tenté-es à l’avenir d’intégrer Moodle comme un outil pédagogique supplémentaire dans leur enseignement.» Un phénomène similaire a été observé par Omar Benkacem chez les étudiant-es: «Par le biais de la crise sanitaire, je les ai vus développer des soft skills dans leur usage des outils informatiques.»

Enfin, la réussite de l’opération a reposé sur des mesures d’anticipation. Des examens à blanc ont été organisés dans certaines facultés et centres interfacultaires, en mettant au jour des vices de manipulation récurrents, comme l’ouverture et la fermeture des sessions sur Moodle, qui ont ainsi été prévenus lors de l’examen à proprement parler. Les questions de formatage sur la plateforme ont également fait l’objet de vérifications en amont. Sans oublier le facteur de proximité: les différents relais mis en place dans les facultés et centres interfacultaires ont permis de rassurer et d’adapter le dispositif à la culture et aux pratiques de chaque discipline.

 

Vie de l'UNIGE