Renforcer le système immunitaire pour lutter contre le diabète
Le diabète de type 1 est une maladie métabolique grave qui touche des millions de personnes dans le monde. Rien qu'en Suisse, des milliers de personnes en sont atteintes. La découverte de l'insuline il y a un siècle a transformé le diabète, jusqu'alors mortel, en une maladie maîtrisable et a sauvé d'innombrables vies. Cependant, l'insulinothérapie n'est pas un remède. De nombreux patients sont toujours confrontés à une augmentation des graisses et des cétones dans le sang, ce qui peut entraîner des complications à long terme telles que des maladies cardiaques et des lésions rénales.
Explorer de nouvelles stratégies au-delà de l'insuline
Les cellules immunitaires ne sont pas seulement des gardiennes contre les infections, elles aident également à réguler la façon dont notre corps utilise l'énergie. Dans une nouvelle étude publiée dans Endocrinology, des scientifiques du laboratoire du professeur Roberto Coppari ont découvert qu'une déficience en insuline modifie le « paysage immunitaire » du foie. Le nombre de lymphocytes T, un type de globules blancs, diminue fortement, tandis que d'autres cellules immunitaires, les cellules de Kupffer, augmentnt et modifient leur activité de manière néfaste. Ces changements contribuent à des problèmes tels que des concentrations élevées en graisses et en cétones dans le sang et ouvrent ainsi une nouvelle piste : le système immunitaire lui-même pourrait-il être utilisé pour lutter contre le diabète ?
S100A9, une molécule capable de reprogrammer les cellules immunitaires
S'appuyant sur leur précédente découverte du rôle de la protéine S100A9 dans le diabète de type 1, l'équipe de recherche a exploré son impact sur le système immunitaire à l'aide de modèles murins. Le traitement par S100A9 a permis de redonner aux cellules de Kupffer un état plus normal, d'améliorer le métabolisme des graisses dans le foie ainsi que de réduire l'augmentation dangereuse des graisses et des cétones dans le sang. Il a également stimulé l'absorption du sucre dans les muscles, contribuant à réduire le taux de glucose dans le sang. Tous ces effets reposent sur un récepteur appelé TLR4, offrant aux scientifiques une stratégie alternative indépendante de l'insuline.
Au lieu de compter uniquement sur l'insuline, nous pouvons désormais envisager des traitements qui reprogramment les cellules immunitaires de façon à améliorer à la fois la fonction hépatique et le métabolisme global.
Une nouvelle approche pour traiter le diabète
Ces résultats soulignent les liens étroits qui existent entre système immunitaire et métabolisme. Ils suggèrent qu'à l'avenir, le traitement du diabète de type 1 pourrait associer l'insuline à d'autres médicaments capables d'exploiter le système immunitaire de l'organisme pour maintenir l'équilibre métabolique. Une telle stratégie devrait contribuer à prévenir les complications graves et à améliorer la qualité de vie des patients. L'équipe de recherche a lancé une spin-off afin de faire progresser le développement clinique de cette thérapie prometteuse. Elle a désormais finalisé les études précliniques visant à évaluer la sécurité et la stabilité de la protéine S100A9 et espère passer prochainement à la phase clinique.