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Conférence de la rentrée: 22 septembre 2021

Bio-objets et civilisation in vitro:
Pour une sociologie des biotechnologies

À l’heure où l’on s’inquiète de l’avenir de la biodiversité, de nouvelles formes de vie éclosent chaque jour dans les laboratoires du monde globalisé. À mi-chemin entre le biologique et l’artificiel, les bio-objets (gamètes, embryons, cellules souches) sont les descendants directs des technologies in vitro qui ont permis de cultiver des cellules et des tissus vivants. Or ces entités biologiques sont, malgré leur omniprésence, des objets insaisissables dont la vitalité brouille de manière concrète le découpage culturel entre sujet et objet, entre nature et artifice, entre humain et non-humain. Dotés d’une très grande plasticité, ils peuvent être congelés, modifiés, transplantés, transportés et échangés. En quoi leur production croissante transforme notre rapport au vivant et à l’identité corporelle ? Quelles implications matérielles, économiques, sociales et culturelles sous-tendent leur prolifération?

À partir d’exemples tirés de la médecine reproductive, du génie génétique et d’une enquête menée auprès de chercheurs en bio-impression,  cette conférence insistera sur le fait que les produits de la culture in vitro ne sont justement pas des objets comme les autres, du seul fait de leur vitalité biologique.  Plus globalement, cette présentation soulignera les défis et les questionnements épistémologiques que les bio-objets posent à la sociologie.


 

Céline Lafontaine est professeure de sociologie à l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur les enjeux épistémologiques, politiques, économiques et culturels des technosciences. Elle a notamment publié au Seuil : L’Empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine (2004), La Société postmortelle. L’individu, la mort et le lien social à l’ère des technosciences (2008), Le Corps-Marché. La marchandisation de la vie humaine à l’ère de la bioéconomie (2014).