Journal n°138

Quand l’Université ouvre ses portes aux réfugiés

image-1.jpgFace au défi que représente la crise migratoire actuelle, marquée par des records historiquement élevés de déplacements de population, de nombreuses initiatives, publiques ou privées, ont vu le jour afin de soutenir les réfugiés et d’améliorer leur accueil. Ce fut le cas à Lampedusa lors du magistère de Giusi Nicolini (lire page 7). Partie prenante de la cité, l’Université de Genève s’est elle aussi engagée à assumer une part de cette responsabilité.
Depuis la rentrée 2016-2017, l’institution ouvre ainsi ses portes aux réfugiés grâce au programme «Horizon académique». Sorte de tremplin vers les études, ce dernier facilite l’intégration universitaire, en même temps que sociale, des personnes relevant du domaine de l’asile (permis N, F, B-réfugié et C-réfugié). Des individus qui ont dû interrompre leurs études dans leur pays d’origine et/ou ont déjà achevé un ou plusieurs cycles de formation (lire portraits ci-contre).
Lancé en partenariat avec le Bureau d’intégration des étrangers du canton de Genève (BIE) et la faîtière des associations d’étudiants de l’Université (CUAE), le programme se veut complémentaire aux mesures de formation tertiaire proposées par l’aide sociale dans le canton de Genève.

Eviter la déqualification
La mesure répond à un besoin: environ 10% des réfugiés en âge de travailler se trouvant à Genève sont des universitaires. Selon une estimation du BIE, cela représente chaque année une cinquantaine de personnes, parmi les 500 qui étaient en âge de travailler et en capacité de s’intégrer professionnellement. Dans ce contexte, il est apparu de la responsabilité de l’Université de faciliter l’accès à la formation à cette catégorie de la population.
Le programme «Horizon académique» a été initié en visant trois objectifs principaux: valoriser et renforcer les compétences des réfugiés, permettre la continuité ou le démarrage d’une formation à l’UNIGE et renforcer l’employabilité des réfugiés, tout en réduisant le risque de déqualification professionnelle.
Le programme intègre trois dimensions. D’abord, un enseignement du français adapté à un profil universitaire et dispensé par la Maison des langues de l’UNIGE. Ensuite, l’accès à l’enseignement universitaire en tant qu’auditeur avec la possibilité de passer des examens et, en cas de réussite, de faire valoir ces résultats lors d’une éventuelle immatriculation. Enfin, la mise en place d’un mentorat étudiant visant à faciliter l’intégration à l’Université et les démarches administratives.

Suivi administratif facilité
À l’issue de deux semestres du programme, les auditeurs sont encouragés à s’immatriculer. Ils font alors face à deux obstacles majeurs que sont les ressources financières et la difficulté à faire évaluer leur parcours académique, notamment quant à la reconnaissance des diplômes (universités non reconnues, perte de titres...). Consciente de ces difficultés, l’UNIGE a mis en place un suivi administratif particulier pour faciliter l’immatriculation. Elle accorde par ailleurs des dérogations en valorisant des résultats positifs obtenus dans le cadre du programme «Horizon académique». En complémentarité avec l’aide sociale, l’UNIGE recherche également des solutions financières pour les étudiants, avec les bourses du canton, de l’Université et de fondations privées, à l’instar de la Fondation Hubert Tuor, très impliquée dans Horizon académique.
La première volée concernée par ce programme, en 2016-2017, a compté 35 participants, dont une vingtaine s’est immatriculée pour poursuivre le cursus entamé. Reconduit cette année, «Horizon académique» a reçu plus de 80 inscriptions. Parmi celles-ci, 46 remplissent les critères d’admission. Les autres bénéficient du maillage instauré petit à petit entre les différents acteurs du canton. Elles sont adressées à l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) qui se charge de les diriger vers la structure adéquate. —