Expositions


L’exposition Exposé-es du Palais de Tokyo, inspirée du livre d’Elisabeth Lebovici, Ce que le sida m’a fait. Art et activisme à la fin du XXe siècle, aborde le sida « non pas comme un sujet, mais comme grille de lecture pour reconsidérer un grand nombre de pratiques artistiques exposées à l’épidémie. […] À l’opposé d’une commémoration, l’exposition brouille les temporalités, et porte un discours au présent, en demandant à des artistes d’interroger depuis aujourd’hui leur histoire et ce qui leur a été transmis du siècle passé. En passant outre la supposée frontière entre activisme et pratique artistique, et en privilégiant au contraire les effets de l’art (sensibles, cathartiques, thérapeutiques, informatifs…) […] autant de ressources pour imaginer de nouvelles articulations entre esthétique et émancipation. » (Source : site internet du Palais de Tokyo).

En partenariat avec le Palais de Tokyo à Paris, le Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités de l’Université de Genève (CMCSS) a accueilli l’artiste Théophylle Dcx (Saint-Étienne, France, *1996) pour une résidence au sein de ses collections. Le travail artistique de Théophylle Dcx, réalisé à partir des collections du Centre, a été restitué sous la forme d'une performance, le 3 mai 2023, lors de l’événement Les Pointes perché-es : « des transmissions » 2ème partie, dans le cadre de l’exposition Exposé-es au Palais de Tokyo.

À partir de revues gay abordant la question du VIH/SIDA dans leurs rubriques, telles que Gai Pied et Gai Pied Hebdo (1979-1992), Théophylle Dcx a questionné, par son travail artistique, la manière d’actualiser et de rendre vivantes des ressources documentaires concernant le VIH/SIDA.

De manière plus générale, son travail a permis de réfléchir aux questions suivantes : quelles sont les contributions de la relève artistique contemporaine concernant les sexualités et plus spécifiquement le VIH/SIDA ? Comment des savoirs situés et partagés se sont développés à partir de la recherche sur le VIH/SIDA ? Et comment la manière de faire de la recherche sur le VIH/SIDA a modifié l’approche des savoirs sur les sexualités ? Comment rendre vivantes les ressources documentaires et patrimoniales ? En quoi les sexualités ont-elles changé les arts et en quoi le VIH/SIDA a-t-il changé les arts ? En quoi les pratiques artistiques ayant traité du VIH/SIDA sont-elles sources de savoirs ? Comment est-ce que les histoires individuelles et les histoires collectives se rejoignent-elles dans un dispositif artistique autour du VIH/Sida ?

Au sein de la collection Michel Froidevaux, se trouvent également quelques titres de revues dites « gays » comme Gai Pied ou Têtu
Dès à présent disponible à la consultation, la revue Gai Pied fut l’une des revues gays françaises les plus importantes des années 80-90. À travers les numéros de cette revue, d’abord mensuelle puis hebdomadaire, nous pouvons retracer une partie de l’histoire des représentations, des combats et des prises de position des homosexuels français et européens. 

Théophylle Dcx (Saint-Étienne, France, *1996) vit et travaille à Marseille. Sa pratique artistique mélange écriture poétique, performance et vidéo. Au travers de ces médiums, il explore et met en scène ses différentes coordonnées sociales et politiques de jeune pédé, de personne séropositive, de travailleur du sexe, d’artiste et de fêtard passionné par la musique, la danse et le clubbing. L’affectivité, l’amour et le désir jouent un rôle important dans les narrations qu’il déploie - dans ses vidéos blogging comme dans ses performances publiques. L’empuissancement par la célébration collective, le lien aux autres, la force des mots, les possibilités et les limites du corps sont autant de sujets qui traversent les dispositifs, toujours situés, qu’il présente au public. Souvent collaboratifs, ses projets incluent des proches, artistes, activistes, ou auteur·ices avec lesquel·les il se sent en communauté. Son travail traite le corps comme une archive et un geste politique incarné, sur lequel apparaissent les reflux de l’histoire, les enjeux des luttes sociales et le besoin d’émancipation des régimes normatifs contemporains. (Bio écrite par Thomas Conchou, directeur du Centre d’Art Contemporain La ferme Dubuisson)