Soutien aux programmes

Approche-programme

L’approche‑programme en quelques mots

Qu’est‑ce que l’approche‑programme?

Pourquoi et comment mettre en place cette approche?

Qu’est‑ce que cette approche implique pour mes enseignements?

L’approche‑programme, c’est une nouvelle façon de concevoir et d’organiser la formation universitaire. Il s’agit d’une voie prometteuse pour bonifier la qualité des programmes d’études (Prégent, Bernard, & Kozanitis, 2009).

Cette approche est de plus en plus adoptée dans les institutions d’enseignement supérieur et elle est encouragée à l’UNIGE.

Qu’est‑ce que l’approche‑programme?

L’approche‑programme, c’est un modèle d’organisation de l’enseignement dans les programmes d’études qui repose sur deux piliers (Prégent, Bernard, & Kozanitis, 2009):

  • un projet de formation discuté et partagé par l’équipe enseignante. Ce projet est basé sur le profil de sortie des étudiant‑es au terme de leur formation. Il constitue un but commun à atteindre pour l’équipe.
  • un état d’esprit collégial parmi les personnes qui contribuent au programme. Elles communiquent entre elles, se concertent et collaborent pour atteindre leur but commun.

Pour Prégent et al. (2009), ce modèle s’oppose à celui de l’approche‑cours, soit le modèle plus traditionnel d’organisation des programmes de formation universitaire. Dans une approche‑cours, chaque enseignant‑e conçoit ses cours de façon individuelle. Chaque personne n’a pas forcément une vision des finalités du programme, ni une vue d’ensemble des éléments qui le composent. Les programmes conçus selon cette approche consistent bien souvent en une juxtaposition d’enseignements cloisonnés.

L’approche‑cours est au patchwork ce que l’approche‑programme est au tapis persan.

(Sylvestre & Berthiaume, 2013, p. 105)

Cette métaphore est utile pour percevoir la différence entre les deux approches.

Dans une approche‑cours, chaque enseignement est conçu isolément et indépendamment des autres. La formation des étudiant‑es peut donc prendre l’aspect d’un patchwork, sans fil conducteur. Il arrive que des enseignant‑es se consultent et se coordonnent, mais il s’agit d’initiatives personnelles et non d’un mode de fonctionnement établi.

Appliquons maintenant à l’approche‑programme la métaphore du tapis persan, telle que proposée par Sylvestre et Berthiaume (2013).

Dans un premier temps l’équipe enseignante imagine collectivement le «motif» à produire: il s’agit du profil de sortie des étudiant‑es.

Puis, elle décide de façon collégiale de la manière de «tisser ce motif»: elle se concerte pour décider, par exemple, de la structure du programme et des actions à privilégier pour atteindre le profil de sortie visé.

Enfin, l’équipe travaille en synergie pour permettre à chacun d’apporter les «fils de couleur» nécessaires – autrement dit les contributions des différents enseignements du programme.

Bref, dans une logique programme, «le tout est supérieur à la somme des parties» (Roegiers, 2012, p.98).

Pourquoi mettre en place une approche‑programme?

 Plusieurs avantages de l’approche‑programme sont recensés dans la littérature.

Voici une synthèse des bénéfices identifiés par l’IPM de l’Université Catholique de Louvain (2011), Prégent, Bernard et Kozanitis (2009), Roegiers (2012) et Sylvestre et Berthiaume (2013):

Avantages pour l’équipe enseignante

  • Chaque personne connaît les finalités du programme et sait mieux comment y contribuer
  • Grâce à la communication au sein de l’équipe, une cohésion s’installe
  • Des collaborations peuvent naître plus facilement
  • Les nouvelles personnes s’intègrent plus rapidement à l’équipe car elles ont des repères concrets

Avantages pour les étudiant‑es

  • Les étudiant‑es ont une idée précise des compétences apportées par la formation
  • Il leur est plus facile de percevoir l’utilité des enseignements et des activités proposées
  • Faire des liens entre leurs différents apprentissages devient plus aisé
  • Elles et ils bénéficient d’une pédagogie adaptée aux objectifs de la formation

Avantages pour la gestion et la qualité de la formation

  • Les lacunes et les redondances non productives sont vite repérées et corrigées
  • Le programme possède une forte cohérence interne
  • La gestion du programme n’incombe pas à une seule personne, puisque c’est l’affaire de tous et toutes
  • Les décisions sont prises plus facilement, en référence au projet commun

Vous voulez visionner des témoignages de personnes et d’équipes qui se sont lancées dans une approche‑programme?

Découvrez‑en quelques‑uns sur le Portail du soutien à la pédagogie du réseau de l’Université du Québec.

Comment mettre en place une approche‑programme?

Lorsqu’on souhaite apporter un changement à un programme, il est recommandé de suivre une démarche structurée. Nous vous en proposons une sur notre page «Comment transformer un programme?».

En particulier, pour passer d’une approche‑cours à une approche‑programme, deux étapes sont importantes selon Prégent, Bernard et Kozanitis (2009). Voici des questions‑clés inspirées de leur ouvrage et des pistes d’action pour faciliter ces deux étapes à l’UNIGE.

1. Élaborer une vision commune du programme

Il s’agit de définir les intentions pédagogiques du programme. Il est important que les aspects suivants fassent l’objet d’un consensus au sein de l’équipe (Prégent et al., 2009):

  • la vision des diplômé‑es que l’on souhaite former
  • les valeurs et les attitudes qu’on aimerait que les personnes acquièrent pendant la formation
  • les compétences qu’elles devront développer
  • les contenus et les dispositifs pédagogiques nécessaires pour concrétiser les 3 éléments précédents, qui constituent le profil de sortie des étudiant‑es.

Quelques questions à se poser

  • Comment imaginons‑nous les personnes diplômées de notre programme? Quelles seront leurs spécificités?
  • A quelles valeurs adhèreront‑elles?
  • Quels gestes et tâches complexes seront‑elles capables de réaliser?
  • Quelles occasions leur fournirons‑nous de développer ces valeurs, compétences et connaissances? Quelles méthodes d’enseignement privilégier?
  • Comment vérifierons‑nous que ces valeurs, compétences et connaissances ont bel et bien été développées? Quelles méthodes d’évaluation mettre en place?
  • Quels sont les contenus à couvrir? La quantité de contenus est‑elle réaliste vis‑à‑vis de la qualité d’apprentissage visée?

Nos conseils

Formulez les learning outcomes du programme.

Impliquez le plus de personnes possible dans ces réflexions. Sollicitez par exemple des membres des corps enseignant et estudiantin, des représentant‑es des alumni et des métiers ou secteurs professionnels, des responsables de programmes consécutifs au vôtre et des conseillers ou conseillères pédagogiques.

Appuyez‑vous sur les enquêtes de l’Observatoire de la vie étudiante ou des sondages menés auprès de vos étudiant‑es et diplômé‑es.

Pensez à inclure des compétences transversales (soft skills) dans le profil de sortie: réflexivité, inventivité, travail en équipe, gestion de l’information, communication, etc. Elles sont importantes au même titre que les compétences disciplinaires et professionnelles.

Communiquez votre vision: utilisez votre site web, vos brochures, flyers et affiches pour informer votre public‑cible, vos étudiant‑es, la communauté universitaire, les milieux professionnels, etc.

2. Créer des espaces de concertation, de collaboration, de partage

L’esprit collégial est central dans l’approche-programme (Pégent et al., 2009). Il convient donc d’engager la participation de chaque personne et de faciliter la communication au sein de l’équipe.

Quelques questions à se poser

  • Comment inciter l’équipe à se mobiliser?
  • De quelle façon va‑t‑on s’organiser, répartir les responsabilités, vérifier et évaluer le travail accompli?
  • Où et quand se rencontrer et échanger à propos du programme?
  • Le climat est‑il propice au partage de points de vue (même différents)?
  • Comment faire circuler l’information facilement au sein de l’équipe?

Nos conseils

Utilisez les technologies pour faciliter les échanges. Des outils de partage et de travail collaboratif sont à votre disposition à l’UNIGE, tels que OneDrive, Padlet, Plone et SWITCHdrive. Les versions gratuites d’outils de gestion de projets en équipe comme Basecamp, Slack ou Trello peuvent également être intéressantes.

Organisez des rassemblements sur une base régulière. Par exemple, conviez l’équipe à un «apéro‑programme» ou à une journée thématique au cours de laquelle vous aborderez des sujets liés à la formation. Cela peut contribuer à (re)motiver les personnes à s’impliquer dans l’amélioration continue du programme.

Sensibilisez votre équipe aux enjeux de la dynamique de groupe. Cela peut aider à prévenir les conflits au sein de l’équipe et à préserver un climat propice à la collaboration.

Faites appel au pôle SEA pour animer des rencontres, modérer des discussions ou présenter les principes du travail en équipe.

J’enseigne dans une approche‑programme. Qu’est‑ce que cela implique pour moi?

Enseigner dans une approche‑programme, c’est contribuer à atteindre le but commun de l’équipe, c’est‑à‑dire développer le profil de sortie des étudiant‑es.

Cela a deux implications: 1) que chaque personne ajuste ses actions en fonction de la vision commune du programme et 2) qu’elle coordonne ses actions de façon étroite avec les autres membres de l’équipe enseignante (Roegiers, 2012).

1. Ajuster mon enseignement

Voici quelques pistes pour scénariser vos enseignements de façon à ce qu’ils s’intègrent bien dans le programme, inspirées de la démarche proposée par Sylvestre et Berthiaume (2013):

Clarifiez les objectifs d’apprentissage visés par vos enseignements (parfois appelés learning outcomes). Cela implique de vous demander en premier lieu: «À la fin du cours, qu’est‑ce que j’attends de mes étudiant‑es? Que doit‑on être capable de faire pour réussir mon cours?» plutôt que «Quels contenus vais‑je leur transmettre?». Communiquez vos objectifs à votre groupe. Vous pouvez aussi les décliner au niveau de chaque séance de cours. En savoir plus sur les learning outcomes.

Vérifiez que vos objectifs sont cohérents avec ceux du programme et qu’ils sont réalistes vis‑à‑vis de la charge de travail qu’ils demanderont à vos étudiant‑es. Pensez aussi à la façon dont votre cours est lié aux autres: quels sont les cours préalables, complémentaires, ultérieurs?

Explicitez les liens entre les apprentissages que les étudiant‑es réalisent dans vos enseignements et ceux réalisés dans d’autres cours.

Ajustez vos méthodes d’enseignement et d’évaluation en fonction de vos objectifs. C’est ce qui garantit la cohérence interne de votre enseignement. Vous pouvez vous demander: «Quelles activités permettront aux étudiant‑es de s’entraîner à atteindre ces objectifs?» et «Quelles activités me permettront d’évaluer si chaque personne a atteint ces objectifs?».

 

2. Me coordonner avec mes collègues

Voici quelques questions à se poser en équipe dans une logique d’approche‑programme (inspirées de Prégent, Bernard, & Kozanitis, 2009; Roegiers, 2012):

  • Qui va assurer quelle partie du programme?
  • A quel moment devrait intervenir telle ou telle partie?
  • Quels enseignements vont couvrir tels contenus, développer telle compétence?
  • Comment vont s’organiser les différents enseignements ? Quelles méthodes pédagogiques privilégier?
  • Certaines parties du programme doivent‑elles être élaborées à plusieurs?
  • Comment allons‑nous nous coordonner pour éviter les doublons ou lacunes?

Nous vous proposons ci‑dessous quelques pistes pour collaborer au mieux au sein de l’équipe. Il s’agit de stratégies déployées par des équipes enseignantes à l’UNIGE.

Échangez régulièrement avec vos collègues à propos de vos pratiques pédagogiques. Cela permettra que vos enseignements soient le plus complémentaires possible. Par exemple, tenir un journal de bord virtuel collectif est un moyen de partager rapidement vos constats, impressions ou informations importantes à la suite d’une séance de cours.

Exploitez l’interdisciplinarité en travaillant en synergie avec d’autres collègues. Par exemple, développez à plusieurs des modules d’enseignement ou d’évaluation, des projets intégrateurs. Pourquoi ne pas traiter un même sujet, cas, exemple ou problème depuis plusieurs perspectives? Vous pouvez aussi inviter d’autres enseignant‑es à intervenir dans vos cours et réciproquement.

Analysez ensemble la cohérence pédagogique du programme à l’aide d’un tableau à double entrée. Il s’agit de croiser les composantes du programme avec les compétences à développer. Cette méthode permet de vérifier si tous les éléments du profil de sortie font l’objet d’un enseignement et d’une évaluation pertinents. Cela permet aussi de visualiser rapidement les liens à établir entre les enseignements et les sous‑groupes de travail à former.

POUR ALLER PLUS LOIN

Références consultées pour élaborer ce dossier thématique

lnstitut de pédagogie universitaire et des multimédias (IPM) de l’Université Catholique de Louvain (2011). Les Mémos de l’IPM Enseigner en approche-programme n° 20, 21, 22. Consultés à l’adresse https://uclouvain.be/fr/etudier/lll/memos-du-louvain-learning-lab.html

Prégent, R., Bernard, H., & Kozanitis, A. (2009). Enseigner à l’université dans une approche‐programme. Montréal: Presses Internationales Polytechnique.

Roegiers, X. (2012). Quelles réformes pédagogiques pour l’enseignement supérieur? Placer l’efficacité au service de l’humanisme. Bruxelles: De Boeck.

Sylvestre, E., & Berthiaume, D. (2013). Comment organiser un cours dans le cadre d’une approche-programme? In D. Berthiaume & N. Rege Colet (Eds.), La pédagogie de l'enseignement supérieur : repères théoriques et applications pratiques, Vol. 1, 103-118. Berne: Peter Lang.

Ressources pour en savoir plus

Bédard, D., & Béchard, J.-P. (Éd.). (2009). Innover dans l’enseignement supérieur. Paris: Presses universitaires de France.

Biggs, J., & Tang, C. (2011). Teaching for Quality Learning at University (4e éd.). Berkshire: Open University Press.

Delizée, A., & Dahuron, N. (2014). Vers une approche-programme à la Faculté de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Mons. Actes du 28ème Congrès de l’AIPU, 18-22 mai 2014, Mons, Belgique. Consulté à l’adresse: http://hosting.umons.ac.be/php/aipu2014/C9TEST/select_depot2.php?q=283

Evain, M., & Flandrin, C. (2016). Kitmap: kit méthodologique approche-programme. Faculté des Sciences et des Techniques, Université de Nantes. Consulté à l’adresse: http://www.univ-nantes.fr/kitmap

Lemenu, D., & Heinen, E. (Éd.). (2015). Comment passer des compétences à l’évaluation des acquis des étudiants ? Guide méthodologique pour une approche programme dans l’enseignement supérieur. Louvain-la-Neuve: De Boeck.

Loisy, C., &Sanchez, E. (2016). Mettre en œuvre l’approche-programme en s’appuyant sur une application numérique: ALOES, Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur, 32(1). Consulté à l’adresse: http://ripes.revues.org/1045

Warnier,P., Warnier,L., Parmentier,P., Leloup, G., & Petrolito,S. (2010). Et si on commençait par les résultats? Élaboration d'une démarche de définition des acquis d'apprentissage d'un programme de formation universitaire, Communication présentée au 26ième congrès international de l'AIPU,17-21 mai 2010, Rabat, Maroc. Consulté à l'adresse https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/fr/object/boreal%3A166153

Les ouvrages sont disponibles au pôle SEA, visitez notre bibliothèque pour les consulter ou les emprunter.

L'approche‑programme en vidéos

Le module Autour de l’approche‑programme (Loisy & Carosin, 2017) propose des capsules sur les éléments‑clés de l’approche‑programmme.

Le projet ADCES « Accompagner le Développement des Compétences dans l’Enseignement Supérieur », propose des ressources sous forme de capsules vidéos, fiches outils, etc. utiles pour formaliser la compétence, accompagner la mise en œuvre d’une approche par compétences et soutenir les équipes dans cette démarche. Ce projet est porté par l’Institut de Développement et d’Innovation Pédagogiques (Idip) de l’Université de Strasbourg,

Visionnez aussi la conférence de Nicole Rege Colet (Université de Strasbourg) sur l’approche‑programme et l’interview de Anastassis Kozanitis (Polytechnique Montréal) sur comment enseigner dans une approche‑programme.

Photo description
Catherine Huneault

Conseillère pédagogique