«Il s’agit de la messe la plus festive du compositeur suisse le plus important du XVIII^e siècle, s’enthousiasme le professeur Christoph Riedo. Notre projet donne la possibilité aux touristes qui visitent les hauts lieux monastiques de Suisse – notamment les abbayes de Beromünster, d’Einsiedeln, de Saint-Gall ou de Saint-Urbain – d’accéder à la vie musicale de l’époque.» Pour rendre l’opération possible, il a d’abord fallu effectuer une transcription numérique de la messe à partir des sources manuscrites exploitables, au nombre de deux: la partition globale qui regroupe toutes les voix et les parties séparées, disponibles pour chaque instrument.

 

Réécriture moderne

Les musicologues de l’UNIGE, Raphael Eccel, Grégory Rauber et Luc Vallat, ont comparé ces sources pour détecter d’éventuelles différences. «Les manières de noter la musique ont changé depuis le XVIIIᵉ siècle et l’essentiel de notre travail a consisté à homogénéiser les partitions, explique Luc Vallat. Généralement, il s’agit de détails qui diffèrent, comme des indications superflues à éliminer ou, à l’inverse, des indications manquantes devenues plus utiles, comme des altérations de précaution. Lorsque les mesures sont vraiment différentes, il faut opérer des choix.» Les musicologues ont par ailleurs dû transcrire certaines parties (une bataille musicale et une pièce de victoire), sciemment éliminées lors du premier travail car ne figurant pas dans les cahiers séparés.

Le tout sera publié d’ici à la fin de l’année dans la série d’éditions Musique des monastères suisses de la Société suisse de musicologie, accompagné d’une introduction détaillée et d’un apparat critique reprenant l’ensemble des différences relevées, à la disposition des chercheurs et chercheuses à des fins d’étude. Quant au matériel requis par les musicien-nes pour les besoins de l’exécution, il sera disponible en ligne en libre accès. De son côté, le Répertoire international des sources musicales (RISM) fournira les sources manuscrites.

 

Messe somptueuse

Pour permettre à un large public de découvrir cette messe – considérée comme la plus somptueuse du répertoire helvétique du XVIII^e siècle en raison notamment de la répartition des musicien-nes en trois chœurs et de ses 24 mouvements –, l’un des concerts sera enregistré et diffusé en ligne. «Le style particulier de Meyer von Schauensee témoigne de l’impact, au-delà des Alpes, de l’école milanaise du début du XVIIIᵉ siècle, une période peu connue du grand public, commente Raphael Eccel. Les codes de ce langage, très importants dans l'histoire de la musique, ont été complètement intégrés dans cette messe, notamment des courtes symphonies avant chaque entrée de chœur ainsi que d’autres spécificités propres à cette époque.»

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