Un gène macho chez la mouche
Des chercheurs saisissent le rôle d’un gène architecte dans l’optimisation des chances de reproduction des mouches mâles. Cette recherche a fait l’objet d’un article publié le 28 mars dernier dans la revue «PLoS Genetics»
Si l’homme et la drosophile (mouche du vinaigre) produisent tous deux dans leur liquide séminal des protéines essentielles pour assurer le succès de leur reproduction, une étude vient de montrer que les insectes mâles optimisent leurs atouts en s’assurant de la fidélité de leur partenaire durant une dizaine de jours. Cela grâce au gène architecte Abd-B, ainsi qu’à celui codant pour un «sex peptide». Présent dans le sperme, ce dernier est alors stocké dans les spermathèques et les glandes séminales de la femelle drosophile, afin que les nombreux ovocytes qu’elle libère durant cette dizaine de jours soient fécondés de manière autonome et exclusive. En collaboration avec l’Université de Cornell, l’équipe de François Karch, professeur au Département de génétique et évolution (Faculté des sciences) et membre du Pôle de recherche national Frontiers in Genetics, a découvert que les deux gènes sont exprimés dans les glandes accessoires de l’appareil reproductif mâle.
Des femelles rendues infidèles
Par ailleurs, les scientifiques ont identifié une mutation qui élimine l’expression du gène Abd-B de façon spécifique. Les femelles fécondées ainsi par les mâles mutants ne repoussent plus les nouveaux courtisans après un accouplement. Le «sex peptide», quant à lui, continue d’être transmis aux femelles, mais sa durée de vie diminue fortement. Les chercheurs en concluent que le liquide séminal doit être activé lors de l’éjaculation, pour que le «sex petide» soit stabilisé une fois transféré à la femelle. Abd-B joue donc un rôle clé dans ce processus.
Ces observations éclairent aussi certains points liés à l’évolution: chez la drosophile, le gène Abd-B est actif dans les parties de l’embryon qui seront les structures génitales externes. Chez les mammifères, les homologues de ce gène sont aussi exprimés dans le bouton génital, la prostate et la glande séminale. La position de ces gènes expliquerait pourquoi les organes génitaux se développent toujours à l’extrémité postérieure des organismes à symétrie bilatérale.