L'expédition DeepWater se termine avec succès
Après avoir parcouru près de 8000 kilomètres le long du Gulf Stream, avec, à son bord des scientifiques de l’UNIGE, PlanetSolar a achevé son périple à Londres
En mai 2012, le MS Tûranor PlanetSolar, le plus grand bateau solaire jamais conçu, achevait le premier tour du monde à l’énergie photovoltaïque. Après cette prouesse technologique, le catamaran était en quête d’une mission riche de sens, une seconde vie en quelque sorte. C’est alors que l’équipe du MS Tûranor a fait la connaissance de Martin Beniston, climatologue et professeur à la Faculté des sciences de l’UNIGE. De cette rencontre naîtra le projet de mener une expédition scientifique le long du courant océanique Gulf Stream, l’un des plus importants régulateurs du climat européen et nord-américain.
L’objectif de l’expédition «DeepWater» est de comprendre les interactions complexes entre physique, biologie et climat afin d’affiner la simulation climatique, notamment liée aux échanges d’énergie entre l’océan et l’atmosphère. Les scientifiques s’efforcent de déterminer avec précision l’évolution du climat, mais peinent encore à dégager un consensus quant à l’ampleur du réchauffement global à venir. La difficulté provient notamment du fait que ce phénomène fait intervenir un grand nombre de paramètres naturels et humains.
VORTEX OCEANIQUES
De mai à septembre 2013, le groupe dirigé par le professeur Beniston a vogué le long du Gulf Stream, parcourant plus de 8000 kilomètres de Miami à Londres, en passant par New York, Boston, Halifax, St-John’s et Osteende. Une série de mesures physiques et biologiques a été prise dans l’eau et dans l’air pour étudier des paramètres clés de la régulation du climat, notamment le phytoplancton et les aérosols atmosphériques, de minuscules poussières et microgouttelettes en suspension dans l’air. Les chercheurs se sont principalement intéressés aux vortex océaniques, des tourbillons qui véhiculent de grandes quantités d’énergie.
TECHNOLOGIE DE POINTE
Equipé d’instruments de pointe, le navire s’est transformé en plateforme scientifique au service d’une équipe de chercheurs de l’UNIGE composée de climatologues, de physiciens et de biologistes, mus par une volonté commune de plonger au cœur de la complexité du système climatique.
L’un des instruments installés à bord, la Biobox, développée par le Groupe de physique appliquée de l’UNIGE, est actuellement le seul appareil permettant une analyse poussée des aérosols à l’aide d’une technologie laser. Elle a été testée pour la première fois à bord du MS Tûranor PlanetSolar dans des conditions réelles.
PLETHORE D'EVENEMENTS
Mener ce type d’expédition à bord d’un catamaran solaire présente plusieurs avantages. Propulsé par l’énergie solaire, le navire n’émet en effet aucune substance polluante susceptible de biaiser les données récoltées. Il s’est par ailleurs révélé être une formidable plateforme de communication servant ainsi l’une des missions de l’UNIGE qui consiste à sensibiliser le grand public aux enjeux climatiques, à travers le développement d’activités et de ressources pédagogiques. A chaque escale, pléthore d’événements, destinés notamment aux enfants et aux adolescents, ont été organisés, afin de transmettre les connaissances actuelles au public et de replacer le changement climatique au centre des préoccupations sociétales.
L’expédition a permis de tester des instruments scientifiques, dont certains sont des prototypes développés par l’UNIGE, dans des conditions réelles. De nombreuses données à la fois physiques, chimiques et biologiques sont désormais entre les mains de l’UNIGE et vont faire l’objet d’une analyse poussée.
«Bien que l’étude des informations récoltées n’ait pas encore débuté, des tendances intéressantes se dessinent à propos, notamment, de la production d’aérosols par les embruns marins», annonce le professeur Beniston. L’étude complète des données prendra quelques mois.
COLLABORATION FUTURE
«DeepWater» s’est conclue par un succès, tant au niveau de la science que de la communication. Forts de cette réussite, les deux partenaires préparent déjà la suite. Une expédition dans la région de l’Amazonie pourrait être envisagée courant 2014.
| Pour en savoir plus |
L'expédition scientifique menée par l'Université de Genève à bord du bateau "Planet Solar" touche à sa fin - Sujet RTS (19:30 le journal du 10 septembre 2013)