Journal n°138

Chez les poissons-chats, les dents poussent sur le dos

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Certains poissons-chats ont le corps recouvert de plaques osseuses, elles-mêmes hérissées de dents fines. Ces dernières, qui tombent puis repoussent régulièrement, leur servent à se défendre et à séduire les femelles. Comme ils l’expliquent dans un article paru le 18 octobre dans les Proceedings of the Royal Society B, Juan Montoya-Burgos et Carlos Rivera-Rivera, respectivement chargé d’enseignement et chercheur au Département de génétique et évolution (Faculté des sciences) ont découvert que ces dents poussent toujours sur un os, quel que soit son type, même en l’absence de plaque osseuse. Ces résultats suggèrent un rôle de l’os dans l’induction du tissu dentaire et contribuent à élucider les mécanismes permettant la régénération des dents, y compris chez l’humain.

L’apparition des dents chez les premiers vertébrés à mâchoire a permis l’émergence de super-prédateurs capables de mordre, d’agripper et de déchiqueter leurs proies.

L’apparition des dents chez les premiers vertébrés à mâchoire a permis l’émergence de super-prédateurs capables de mordre, d’agripper et de déchiqueter leurs proies. Chez la plupart des vertébrés actuels, les dents ne se développent que dans la bouche. Il existe toutefois quelques animaux chez lesquels des dents poussent aussi sur le corps, comme chez certaines espèces fossiles. C’est également le cas des poissons-chats denticulés chez lesquels une dentition corporelle est apparue au cours de l’évolution.

Les poissons-chats denticulés n’ont pas d’écailles. Beaucoup d’espèces possèdent une armure de plaques osseuses revêtues de dents fines comprenant pulpe, émail et dentine. Ces dents extra-orales, appelées odontodes, sont capables de régénération et jouent un rôle dans la défense contre les prédateurs et dans les relations entre individus. Elles peuvent s’allonger chez les mâles pendant la période de parade amoureuse.

Ces dents extra-orales sont apparues il y a près de 120 millions d’années, bien avant l’émergence des plaques osseuses.

Les chercheurs ont reconstruit l’histoire évolutive des poissons-chats en comparant certains gènes des différentes familles possédant des odontodes à ceux d’autres familles  qui en sont dépourvues. Il en ressort que ces dents extra-orales sont apparues il y a près de 120 millions d’années, bien avant l’émergence des plaques osseuses.

En analysant les différentes localisations d’odontodes, les scientifiques ont découvert que chez les espèces dépourvues de plaques osseuses, ces dents se développent toujours sur une structure osseuse, comme un rayon de nageoire ossifié. L’os possède donc vraisemblablement un rôle clé dans l’induction du tissu dentaire.

Les chercheurs tentent désormais de déchiffrer les gènes et les mécanismes moléculaires impliqués, chez les poissons-chats, dans la formation de l’os et de la dent et qui permettent à cette dernière de se développer et de se régénérer.