Journal n°169 - du 13 au 27 février 2020

Un sucre modifié se révèle mortel pour les virus

image-4.jpgDes chercheuses et des chercheurs de l’Université de Genève, de l'EPFL et de l’Université de Manchester ont modifié des molécules de sucre de telle sorte qu’elles sont capables d’attirer les virus et de les détruire. Comme l’expliquent Caroline Tapparel Vu, professeure au Département de microbiologie et médecine moléculaire (Faculté de médecine), et ses collègues dans la revue Science Advances, cette nouvelle arme antivirale s’est révélée efficace, lors d’expériences sur des cultures de cellules et des souris, contre de nombreux virus, notamment ceux responsables d’infections herpétiques et d’infections respiratoires. Au vu des résultats, il est probable qu’elle soit également létale pour le coronavirus qui sévit actuellement en Chine, même si aucun test en ce sens n’a été effectué à ce jour.

Il existe déjà de nombreuses substances «virucides» mais elles sont en général très toxiques pour l’être humain (comme l’eau de Javel). Et les médicaments antiviraux actuels agissent pour la plupart en inhibant la croissance des virus, sans parvenir à les détruire. Le risque de développer des résistances à ces traitements est grand.

Cherchant à remédier à cette lacune béante dans l’arsenal thérapeutique, Caroline Tapparel Vu et ses collègues ont réussi à transformer un des dérivés naturels du glucose, la cyclodextrine, de manière à ce qu’elle perturbe l’enveloppe externe d’un virus et le détruise par simple contact.

Un brevet a été déposé sur la découverte et un spin-off a été créé afin d’étudier un éventuel développement pharmaceutique. Les cyclodextrines ont l’avantage d’être biocompatibles et faciles d’utilisation. Elles ne déclenchent pas de mécanisme de résistance et ne sont pas toxiques. Les cyclodextrines sont déjà couramment employées, notamment dans l’industrie agroalimentaire, ce qui faciliterait la mise sur le marché d’éventuels traitements pharmaceutiques les utilisant. Très stables, les cyclodextrines pour- raient enfin être conditionnées en crème, en gel ou en vaporisateur nasal. —