Journal n°169 - du 13 au 27 février 2020

Comment le Léman Express modifie-t-il les frontières?

image-5.jpgJean-François CLOUZET - Département de science politique et relations internationales
Sujet de thèse: «La coopération sécuritaire transfrontalière franco-valdo-genevoise: quels facteurs sous-tendent l’émergence d’un espace fonctionnel de la sécurité.»


Quel est l’objectif de votre thèse?
Mon projet de thèse propose de mener une étude sur la politique de sécurisation appliquée à l’agglomération transfrontalière franco-valdo-genevoise, à savoir le Grand Genève. Je m’intéresse spécifiquement au développement du Léman Express, le plus grand réseau ferroviaire régional transfrontalier d’Europe, centré sur Genève et dont la mise en service intégrale a eu lieu le 15 décembre dernier.

Qu’est-ce qui vous a motivé dans le choix de votre sujet de thèse?
Mon parcours professionnel m’a d’abord amené à rejoindre la régie des CFF où j’ai pris la tête du projet de coopération transfrontalière franco-suisse relatif à la sécurisation de la liaison ferroviaire Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse (CEVA) et, de manière plus générale, du Léman Express. À la suite de ce projet, je me suis intéressé à la question de savoir comment émerge et s’organise une réponse de sécurité appliquée à une agglomération transfrontalière telle que celle du Grand Genève.

Quelle méthode avez-vous employée?
Ma thèse s’appuie sur l’analyse de réseau. Cette méthode sociologique consiste à mettre l’acteur au centre de la réflexion et à définir une controverse, c’est-à-dire, une situation de conflit dans laquelle plusieurs types d’usagers s’opposent sur des questions concernant divers enjeux. Grâce à ce processus, il est possible de cerner ce qui a provoqué cette controverse, d’établir une chronologie des événements et de visualiser les liens entre les acteurs.

Avez-vous déjà obtenu des résultats?
Oui. Mes recherches révèlent l’existence de trois grandes périodes qui marquent le développement de l’espace transfrontalier. Dans un premier temps, entre 1980 et 2004, l’objectif était d’assurer des relations de bon voisinage entre la Suisse et la France. De 2004 à 2014, de profonds changements interviennent suite à l’adhésion de la Suisse à l’espace Schengen, ce qui a eu pour effet de transformer la frontière franco-suisse en frontière intérieure de l’Union européenne. Ceci a profondément modifié la coopération en redéfinissant l’espace, les acteurs et les relations de pouvoir. Enfin, depuis 2014, la modernisation de la ligne ferroviaire entre Genève et Annemasse et l’exploitation des trains transfrontaliers ont ouvert un espace de coopération investi par de nouveaux acteurs opérationnels et politiques autour de la gestion sécuritaire de la mobilité.