22 septembre 2022 - Anton Vos

 

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Une brèche s’ouvre dans la résistance de certains mélanomes

Une découverte permet de réduire la capacité des cellules du mélanome à résister aux traitements anticancéreux.

 

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Photo: DR

 

Depuis une dizaine d’années, les thérapies ciblées dites par petites molécules sont en mesure de faire régresser les métastases de certains types de mélanome, ou cancer de la peau. Le succès, toutefois, n’est souvent que temporaire. Malgré des réponses initiales spectaculaires, la majorité des patient-es finit en effet par rechuter. La cause en est la persistance de cellules «dormantes», insensibles aux traitements, et qui demeurent indétectables jusqu’à ce qu’elles se remettent à proliférer. Dans un article paru le 20 octobre dans Biochemical and Biophysical Research Communications, Fanny Noulet et Rastine Merat, collaboratrice scientifique et chercheur au Département de pathologie et immunologie (Faculté de médecine), ont décrypté un mécanisme biomoléculaire contribuant à cette résistance et ont montré qu’en le bloquant à l’aide d’un inhibiteur, il est possible de diminuer la résistance aux traitements.

 

Le mélanome est l’une des formes les plus graves de cancer de la peau. Potentiellement très agressif, il se développe à partir des mélanocytes, les cellules responsables de la pigmentation cutanée. S’il peut être superficiel, avec dans ce cas un bon pronostic, il peut aussi être plus profond et devenir métastatique, c’est-à-dire migrer vers d’autres organes.

Les thérapies ciblées par petites molécules parviennent à combattre efficacement la moitié des mélanomes métastatiques, parfois jusqu’à leur éradication. Cependant, environ 80% des personnes traitées subissent une récidive sur les mêmes sites, et ce, alors que les métastases semblent avoir complètement disparu.

Les scientifiques se sont aperçu-es que cette résistance provient de petits résidus de cellules malignes, dites dormantes, qui échappent à la thérapie ciblée et persistent tout en demeurant indétectables par les outils de radiologie classiques. Ces cellules se distinguent par le fait qu’elles prolifèrent lentement, particularité associée à une faible activité d’une protéine appelée «HuR» qui est impliquée notamment dans l’expression de nombreux gènes contrôlant la division cellulaire. Dans une étude publiée en 2019, Rastine Merat et son équipe ont établi le lien entre l’expression insuffisante de cette protéine et la résistance du mélanome à une thérapie ciblée.

Dans la recherche publiée aujourd’hui, les deux auteur-es ont découvert pourquoi. Dans les cellules résistantes, l’ARN messager produisant la protéine HuR est piégé par d’autres protéines et ne peut plus accomplir sa tâche. En utilisant un composé chimique permettant d’inhiber deux enzymes impliquées dans ce mécanisme de piégeage, l'équipe est parvenue à empêcher la sous-expression de HuR et à rendre ainsi les cellules moins capables de résister au traitement.

 

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