15 mai 2025 - UNIGE

 

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La paracinguline, une protéine du rein, joue un rôle clé dans l’hypertension

La découverte d’un mécanisme impliqué dans la régulation de la pression artérielle ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques.

 

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Localisation de la paracinguline (vert) et du cotransporteur d’ions sodium et chlorures (rouge) par immunofluorescence sur une coupe de rein de souris. Les noyaux de cellules sont en bleu. Image: Sandra Citi

 

La paracinguline (CGNL1) joue un rôle essentiel dans l’apparition de l’hypertension. On savait que l’absence de cette protéine (impliquée dans la jonction entre les cellules de différents organes, dont les reins et le foie) atténuait le développement de cette affection qui touche près d’un adulte sur trois dans le monde et représente l’un des principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Dans un article de l’American Journal of Physiology, Renal Physiology, une équipe dirigée par Sandra Citi, professeure associée au Département de biologie moléculaire et cellulaire (Faculté des sciences), confirme ce fait et fournit une analyse approfondie du mécanisme qui sous-tend son action.

 

 

La pression artérielle correspond à la force exercée par le sang pendant sa circulation. Plusieurs éléments la régulent, dont les reins. En filtrant le sang, ils contrôlent la quantité de sel (NaCl, chlorure de sodium) et d’eau éliminée dans les urines, ce qui influence directement le volume sanguin et donc la pression. À cela s’ajoutent des hormones, telles que l’angiotensine II ou l’aldostérone, qui incitent le corps à retenir le sodium et à resserrer les vaisseaux. Ce système de régulation permet de maintenir la pression artérielle dans une zone optimale, mais il peut se dérégler et entraîner une hypertension, facteur de risque majeur pour la santé cardiovasculaire.
Il existe un modèle animal, le rat Dahl (du nom du chercheur américain Lewis Kitchener Dahl qui l’a mis au point), utilisé depuis plusieurs décennies pour étudier l’hypertension artérielle. Cette lignée de rongeurs développe spontanément une tension élevée lorsque les animaux sont nourris avec un régime riche en sel. Il a toutefois été observé qu’en l’absence d’une protéine des jonctions cellulaires, la paracinguline, ces rats soumis à un régime hypersalé ne développaient pas d’hypertension.
Les jonctions intercellulaires sont des verrous protéiques qui relient les cellules voisines entre elles afin d’assurer l’intégrité des tissus et de contrôler le passage des ions ou nutriments à travers les compartiments cellulaires. En collaboration avec Éric Feraille, professeur au Département de physiologie cellulaire et métabolisme (Faculté de médecine), l’équipe de Sandra Citi a d’abord créé des souris génétiquement modifiées chez lesquelles le gène de la paracinguline a été enlevé. Les scientifiques leur ont ensuite administré une perfusion d’angiotensine II, ce qui induit, normalement, une hypertension et provoque l’activation des transporteurs de sodium au niveau du rein. Les rongeurs dépourvus de paracinguline n’ont toutefois développé aucune hypertension ni déclenché aucune activation de ces transporteurs de sodium.
Ces résultats suggèrent donc que la protection contre l’hypertension est liée au fonctionnement des reins et non à la contraction des vaisseaux sanguins. En l’absence de CGNL1, l’angiotensine II ne parvient plus à activer certains transporteurs de sodium dans les tubules rénaux, ce qui empêche l’organisme de retenir l’eau et le sel, et donc d’augmenter la pression.
Cette étude pourrait, à terme, permettre de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant la paracinguline, en complément des traitements actuels souvent basés sur les inhibiteurs du système rénine-angiotensine.

 

 

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