Couvrant les principaux aspects de la vie étudiante, ce travail apporte un éclairage nuancé sur la manière dont a été vécu le semestre de printemps 2021, an 2 de la pandémie. Micheline Louis-Courvoisier, vice-rectrice responsable de l’enseignement et de la vie étudiante, souligne l’importance de cette enquête: «Ce travail, effectué par des étudiant-es pour des étudiant-es, donne une perspective extrêmement utile sur des thématiques qui sont au centre des préoccupations du Rectorat et des services centraux depuis le début de la pandémie.»
Si le constat est négatif sur le plan social, de la santé et de la qualité globale de l’apprentissage, les aménagements apportés dans les modalités d’enseignement et d’examen ont révélé des aspects que les étudiant-es considèrent positivement. L’enquête est basée sur un échantillon de quelque 600 répondant-es, contacté-es par e-mail et via les réseaux sociaux des associations d’étudiant-es. La répartition facultaire est par conséquent assez inégale, les membres de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation formant plus d’un tiers des répondant-es, suivis par les étudiant-es en droit et en sciences. En revanche, la distribution de genre et par niveau d’études est proche du chiffre global.
Les modalités d’enseignement mises en place durant le semestre de printemps 2021 ont été dans l’ensemble appréciées. Les deux tiers des répondant-es ont suivi des cours en direct sur Zoom (65%) ou en différé sur Mediaserver (23%). La moitié se déclare satisfait-e ou très satisfait-e de ces aménagements, contre un quart d’insatisfait-es ou très insatisfait-es, le dernier quart n’ayant pas d’opinion prononcée. Durant cette période de confinement, la disponibilité des enseignant-es a également été appréciée par 62% des répondant-es, 14% la jugeant insatisfaisante et 24% ni bonne ni mauvaise.
Gain de temps et de liberté
Parmi les aspects positifs liés à l’enseignement à distance, le gain de temps dû à l’absence de déplacements est salué par plus de 67% des répondant-es, suivi par la liberté dans l’organisation du travail (57%) et les avantages des plateformes de diffusion des cours (41%). L’enquête révèle aussi quelques motifs d’inquiétude quant à la durée prolongée de certains cours, au non-respect des horaires ou à des problèmes techniques de matériel et de connexion.
Sur les modalités d’examens de la session de mai et juin derniers, les avis sont plus mitigés. Le fait d’avoir accès aux notes de cours a été prisé, de même que le fonctionnement des plateformes numériques, principalement Zoom et Moodle. Une très large majorité a cependant rencontré des problèmes de temps et, dans une moindre mesure, des difficultés liées à l’adaptation des examens au format numérique.
Les auteur-es de l’enquête ont également voulu savoir quels seraient les aménagements souhaités par les étudiant-es pour l’année académique en cours. Parmi les répondant-es, 60% se disent favorables à un enseignement entièrement ou majoritairement en présentiel, 27% à un mélange présentiel/distance, tandis que 13% préfèrent l’enseignement à distance. Sur le format de l’évaluation, les avis sont plus divergents, plus de la moitié des sondés se déclarant favorables aux examens en format numérique.
Un impact préoccupant sur la santé
Quant à la santé mentale des étudiant-es, une précédente enquête de l’Adepsy, menée en février 2021, avait mis en avant l’impact négatif ou très négatif de la pandémie sur 80% des étudiant-es en psychologie. Neuf mois plus tard, 55% des répondant-es situent leur état de santé mentale entre 4 et 7 sur une échelle allant de 1 à 10, soit un tableau plutôt préoccupant, sans être entièrement dramatique. L’isolement, une vie sociale réduite, le sentiment d’impuissance et la restriction des loisirs pèsent certes lourdement sur le quotidien des étudiant-es, avec pour corollaire beaucoup d’inquiétudes, des difficultés à trouver une motivation, des troubles du sommeil et une alimentation déséquilibrée. Ces symptômes n’ont toutefois pas attendu la pandémie pour se manifester. Une quasi-unanimité se dégage d’ailleurs pour réclamer une meilleure prise en compte de la santé mentale dans le cadre universitaire.
Pour les auteurs/trices de l’enquête, les réponses à apporter relèvent autant de l’amélioration des conditions d’enseignement et d’encadrement que d’efforts à fournir pour la prévention et la promotion de la santé mentale. Directrice de la Division de la formation et des étudiant-es (DIFE), Jasmine Champenois relève à ce sujet l’offre mise à la disposition des étudiant-es par le Pôle santé de l’UNIGE: «L'offre de services en faveur de la santé estudiantine s'est développée durant la pandémie, elle comprend du coaching individuel, des ateliers sport-santé, des outils de gestion personnelle, ainsi qu’une écoute psychologique confidentielle. Nous travaillons à améliorer la visibilité de cette offre pour qu’elle puisse bénéficier au plus grand nombre.»