1er juin 2022 - Jacques Erard

 

Vie de l'UNIGE

Plus de la moitié des profs nommé-es en 2021 sont des femmes

Membre de la Délégation à l’égalité depuis 2011, la professeure Marie Besse partage ses réflexions sur l’équité dans les processus de nomination à l’Université.

 

 

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En 2021, pour la première fois, la proportion de femmes nommées professeur-es ordinaires à l’UNIGE a dépassé la barre des 50%, pour atteindre 55%. Sur l’ensemble du corps professoral actuellement en activité, les femmes représentent 31%, une proportion encore relativement basse, si l’on tient compte du fait qu’elles étaient 53% de doctorantes et 62% d’étudiantes en 2021. En trente ans, cependant, l’évolution est remarquable, puisque les femmes représentaient seulement 5% du corps professoral en 1991.

 

Ce résultat réjouissant doit beaucoup au travail du Service égalité et diversité à travers l’action de la Délégation à l’égalité. Créé en 2001, ce dispositif unique dans les universités en Suisse, permet de suivre systématiquement toutes les nominations professorales sur concours afin de veiller à l’égalité de traitement des dossiers. Depuis le 1er mars 2022, il a été renforcé par un ensemble de points de vigilance que doivent adopter les présidences des commissions de nomination. 

Le rôle de la délégation, actuellement présidée par le vice-recteur Jean-Marc Triscone, consiste avant tout à s’assurer que des biais liés au genre n’interviennent pas dans les processus de nomination. Pour la professeure Marie Besse, directrice du Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie (Section des sciences de la Terre et de l’environnement) et déléguée depuis 2011, «ces biais se manifestent le plus souvent de manière subtile, dans des moments d’hésitation, lorsque les critères liés à la valeur du dossier et des publications d’un-e candidat-e ont été épuisés, et que des aspects plus hypothétiques et subjectifs, comme son engagement ou son ambition, sont abordés. C’est dans ces moments que nous devons être attentifs/ives en tant que délégué-es.»

 

Un combat en faveur de l'équité sous toutes ses formes

Ce travail de monitoring, Marie Besse ne le considère pas comme un combat contre une tendance délibérée des hommes à sous-estimer la qualité scientifique des candidatures féminines. «Les biais sont la plupart du temps involontaires et les membres des commissions de nomination, aussi bien des hommes que des femmes, n’en sont très souvent pas conscient-es», souligne-t-elle. Il s’agit davantage à ses yeux de s’assurer que les choix sont effectués dans le respect de l’équité entre les personnes, de manière générale, indifféremment de leur genre, de leur couleur de peau et de leur apparence physique.

«Mon féminisme est indissociable d’une démarche en faveur des droits humains, résume l’archéologue. L’Université n’est pas une institution hors-sol. Le fait d’avoir quasiment atteint la parité au niveau des nominations s’inscrit dans un changement de société plus large, engagé dans les années 1960, qui aboutit aujourd’hui à ce qu’une majorité au sein de la classe politique et dans la population reconnaisse toutes les implications du principe d’équité. Mais cela prend du temps, même si ces dernières années des mouvements comme #MeToo ou la grève des femmes ont permis une certaine accélération. Par ailleurs, les nominations ne sont qu’un aspect qui ne doit pas faire oublier les autres outils mis en place pour encourager les carrières universitaires féminines, comme le Mentorat ou le Subside tremplin

Malgré cette évolution, les biais persistent. Afin de les contourner, le Fonds national de la recherche scientifique (FNS) a mis en place un mécanisme de tirage au sort pour l’attribution de certaines bourses. Après une première sélection effectuée sur la base de la qualité scientifique des dossiers, qui permet d’attribuer la plupart des subsides, ce procédé est parfois utilisé pour départager les quelques candidatures à propos desquelles les membres de la commission d’attribution ont des hésitations.

Une mesure du même type pourrait-elle voir le jour pour les nominations professorales? «Au début, le procédé m’a un peu perturbée, concède Marie Besse qui siège dans certaines de ces commissions du FNS. Mais, après réflexion, je pense qu’il s’agit effectivement de la façon de faire la plus équitable lorsqu’il n’est plus possible de départager les candidatures sur une base strictement scientifique.»

La délégation à l'égalité en bref

Depuis 2001, la Délégation à l’égalité des chances entre femmes et hommes suit l’ensemble des procédures de nomination sur concours des professeur-es ordinaires, associé-es et assistant-es avec ou sans pré-titularisation conditionnelle (PO/PAS/PAST).

Les cinq professeur-es issu-es de diverses facultés, membres de la Délégation à l’égalité, suivent l’ensemble des procédures de nominations professorales pour éviter les vices de forme et les problèmes de différence de traitement entre les candidatures féminines et masculines.

En 2021, la Délégation a suivi 49 procédures de nomination et rédigé 26 rapports.

 

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