Unité d'arménien

Écrire dans une langue "rescapée" - cours public - semestre de printemps 2024

Écrire dans une langue “rescapée”

Pages d’exil dans la littérature arménienne contemporaine

Après le génocide de 1915, une grande partie des Arméniens de Turquie prend la voie de l’exil vers l’Ouest – en Europe ou aux Etats-Unis –, ou encore vers le Moyen-Orient et la Russie. Une question hante alors les écrivains et les journalistes arméniens : comment peut-on rester Arméniens en diaspora? Quelles sont les armes (spirituelles, intellectuelles et idéologiques) léguées aux jeunes rescapés du génocide par leurs « pères » ? Comment écrire dans une langue « rescapée » ? Quel est le rôle de la littérature pour faire face au risque de la perte d’une identité arménienne en exil ?

À travers quelques exemples tirés de la prose et de la poésie arméniennes, nous nous intéresserons à la quête difficile d’un équilibre entre l’Autre et le Même qui a caractérisé les Arméniens de la première et de la deuxième génération d’écrivains en diaspora. Dans leurs pages, l’Occident devient tour à tour un lieu pour nourrir les nostalgies du passé, un espace fertile à conquérir pour la construction d’une nouvelle identité, ou encore un espace dévorateur et assimilateur. Cette quête n’a pas été dépourvue d’un regard, souvent fortement autocritique, vers les dernières décennies de l’histoire des Arméniens de l’Empire ottoman et vers ce qu’on pourrait appeler un « regard européen intériorisé » des Arméniens, soucieux d'insister sur le bagage culturel occidental du peuple arménien. Entre autres aspects, nous nous intéressons également à la représentation de la femme, française et arménienne, dans les romans arméniens publiés en France.