Ambroise Paré

Douze ans après La maniere de traicter les playes, en 1551, Ambroise Paré publie un nouveau traité de chirurgie qu’il intitule Dix livres de chirurgie avec le magasin des instrumens necessaires à icelle. Abondamment illustré, le livre témoigne des connaissances et du savoir-faire de celui qui est devenu premier chirurgien du roi Charles IX.  Sur plus de cinq cents pages, c’est toute la carrière de Paré qui se déroule en filigrane. 

Arrivé à Paris en 1532, probablement comme apprenti-barbier, il a d’abord exercé à l’Hôtel-Dieu puis, reçu barbier en 1540, est entré au service de M. de Rohan. Il le suivit dans ses campagnes, à Boulogne où il soigna le duc de Guise, à Metz, et à Damvillers où il pratiqua la première ligature d’artères après amputation. Grâce à l’appui du roi et de son ami Étienne de la Rivière, il est reçu en 1554 au Collège des chirurgiens. Le roi Henri II l’envoya sur différents lieux de combat, à Metz, et à Hesdin où il fut fait prisonnier; chirurgien de François II puis de Charles IX, il devint premier chirurgien du roi Henri III en 1574. À nouveau, il suivit l’armée royale (à Poitiers, Tours, Bourges, Blois, Rouen, Le Havre).

Ce traité des Dix livres de la chirurgie, publié en 1564, atteste de l’engagement et de l’humanisme d’Ambroise Paré: trente ans de fréquentation de pauvres malades qu’il a soignés ou vu mourir à l’Hôtel-Dieu, parfois gangrénés à cause du froid; trente ans de soins au quotidien (dentisterie, opérations de la pierre, fumigations, purges, luxations et fractures), sur les champs de bataille (amputations, extractions de traits, trépanations, prothèses) et aux lits des femmes en couches en difficulté. Ce traité est surtout un extraordinaire catalogue d’instruments inventés par l’auteur, ou copiés sur ses prédécesseurs: trépans, clystères, seringues, pinces, tenailles, limes, crochets se succèdent au fil des pages, révélateurs d’une activité diversifiée. C’est l’ouvrage d’un chirurgien, fier de sa profession et de son art, qui écrit pour les jeunes chirurgiens des préceptes fondés sur «la raison et l’expérience», afin de «ne donner occasion aux ignorantz de mesdire de nostre art».
 

D’après une notice de Jacqueline Vons. 
 

2 avr. 2025

Exposition Bodmer - Histoire(s) de la médecine