Petrus de Ebulo

Les noms et les vertus des Bains de Pouzzoles et de Baïes est un guide illustré en vers consacré aux thermes des Champs Phlégréens, zone volcanique au nord-ouest de Naples, dont les eaux riches en minéraux étaient depuis longtemps utilisées à des fins thérapeutiques. Rédigé à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle par le moine-poète de la cour, Pierre d’Eboli, le poème présente une série d’épigrammes élégiaques illustrées qui décrivent les thermes sur la route reliant Agnano, près de Naples, à l’autre versant de la Baie de Pozzuoli (Pouzzoles). Beaucoup de ces établissements étaient une survivance des lieux de plaisirs de l’Antiquité classique; d’autres bains datant du Moyen Âge étaient surtout fréquentés à des fins médicales. Cet ouvrage est la principale source d’informations sur les thermes et leur valeur thérapeutique.

Pierre d’Eboli, informé sur les vertus thérapeutiques, transcrit un contenu scientifique en vers didactiques, y associant parfois des légendes ou citant des thérapies plus imaginaires que réelles. Poursuivant une tradition épigrammatique, il décrit les thermes sur la base d’inscriptions locales ou sous forme d’imitations littéraires; il a peut-être aussi été à l’origine des illustrations qui les accompagnent. Apparemment familier des lieux, il a pu offrir un guide pratique de première main à son impérial commanditaire.

Le poème a souvent été copié dans les cours impériales ou les cercles de la cour d’Aragon (c. 1442–1496) et connut son sommet de popularité auprès de la Maison d’Anjou (c. 1265–1442), en raison de l’intérêt marqué qu’on y portait aux thermes. Ainsi, des copies non illustrées furent intégrées à des traités scientifiques et à des recueils généraux, et un Index des cures (Tabula) compilé sous le nom du médecin Arnaud de Villeneuve (Arnaldus ou Raynaldus de Villanova) qui avait séjourné dans la région; la Tabula est reproduite dans le manuscrit conservé à la Fondation Martin Bodmer. Ces manuscrits sont également devenus des références pour les ouvrages scientifiques qui, dès la Renaissance, analysaient les vertus thérapeutiques des thermes et des sites semblables répertoriés dans le monde entier. Ce Codex Bodmer 135 a vraisemblablement été copié dans le scriptorium de la cour angevine.
 

D’après une notice de Jean d’Amato.
 

2 avr. 2025

Exposition Bodmer - Histoire(s) de la médecine