Pustaha (Livre de divination)
Les pustaha détiennent les trois catégories du savoir sacré batak, le badatuan (en partie savoir médical): l’art de préserver la vie, sous forme de médecines, amulettes et sculptures leurre, celui de la détruire, grâce aux fétiches pangulubalang, et la prédiction de l’avenir.
L’ouvrage se présente comme une bande sous forme de leporello. La matière qui le compose est tirée de la sous-écorce, ou liber. Les illustrations — animaux, signes astrologiques et diagrammes magiques — sont de couleur rouge et noire. Des représentations animales ou des motifs géométriques y étaient gravés ou sculptés, parfois en haut-relief. L’ouvrage, replié et protégé, était maintenu par une lanière végétale ou de cuir. Les pustaha sont l’œuvre et la possession des datu, sorciers devins et guérisseurs, les personnages médecins les plus importants dans la société batak après les rajas ou chefs de village. Le rôle des datu est de veiller au respect des règles dans les domaines spirituels et religieux; ils ont également le pouvoir de rétablir un lien avec les ancêtres et le monde de l’Au-delà. Ce sont eux qui détiennent la connaissance des jours propices, de l’astrologie, de la divination et de l’art de guérir.
Dans les pustaha, les folios consacrés à la médecine et à la pharmacopée contiennent des recettes pour la confection de médicaments permettant, de soigner l’infertilité, la dysenterie, les douleurs d’allaitement, l’essoufflement, les empoisonnements, la fièvre et les rhumatismes. Mentionnons aussi les pagars, objets magiques protecteurs suspendus près du lit ou devant la maison. Mémoire culturelle de l’ethnie Batak, les pustaha conservent les rites, les symboles et les formules magiques.
D’après une notice de Gaspard de Marval.